En prenant la décision, en violation des usages diplomatiques, de mettre en examen et de placer en détention provisoire, vendredi 11 avril, un des agents consulaires algériens en exercice sur le territoire français, le pouvoir français ignorait-il l'impact de son acte sur les relations entre les deux pays déjà passablement détériorées mais qui amorçaient alors un « réchauffement » à leur bénéfice commun ? L'Algérie n'a pas tardé à exprimer sa vive protestation contre cette décision des autorités judiciaires françaises. Le Secrétaire Général du ministère des Affaires étrangères, Lounès Magramane, l'a dit à l'ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, qu'il a reçu samedi, au siège du ministère. Un communiqué du ministère a fait savoir que l'Algérie qui a appelé à la libération immédiate de l'agent consulaire placé en détention provisoire, n'avait pas l'intention de laisser cette situation sans conséquences. Joignant le geste à la parole, l'Algérie a décidé souverainement de déclarer persona non grata 12 agents exerçant auprès de l'Ambassade et des Consulats de France en Algérie, relevant de la tutelle du ministère de l'Intérieur de ce pays, avec obligation de quitter le territoire national sous 48 heures. C'est un communiqué du ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l'étranger et des Affaires africaines, qui l'a annoncé ce lundi. Cette décision «fait suite à l'arrestation spectaculaire et ostentatoire, sur la voie publique, par les services sous tutelle du ministère de l'Intérieur français d'un agent consulaire d'un Etat souverain accrédité en France, en date du 8 avril 2025. Ce procédé indigne par lequel le ministre de l'Intérieur voulait rabaisser l'Algérie, s'est fait sans aucune considération du statut consulaire de cet agent, en faisant fi de tous les usages et pratiques diplomatiques et en flagrante violation des Conventions et Traités pertinents en la matière», précise la même source. L'Algérie «tient à rappeler que cet acte indigne est la conséquence de l'attitude négative, affligeante et constante du ministre de l'Intérieur français vis-à-vis de l'Algérie». Ce ministre, qui excelle dans les barbouzeries à des fins purement personnelles, est en manque flagrant de discernement politique. En procédant à une vulgaire arrestation d'un agent consulaire protégé par les immunités et privilèges rattachés à son statut et en le traitant de façon honteuse et indigne tel un voleur, il porte la responsabilité entière de la tournure que prennent les relations entre l'Algérie et la France au moment où celles-ci venaient d'entamer une phase de décrispation à la faveur de l'entretien téléphonique entre les Chefs d'Etat des deux pays, lequel a été suivi par la visite en Algérie du ministre français des Affaires étrangères», note le communiqué. Et ce n'est pas fini : l'Algérie réaffirme que «toute autre nouvelle action attentatoire du ministre de l'Intérieur français recevra, sur la base de la réciprocité, une réponse ferme et adéquate», conclut la même source. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, est averti, lui qui a promis une réponse d'une «grande fermeté». Dans tous les cas, l'Algérie veillera à assumer pleinement et résolument la protection de son agent consulaire qui a été mis en examen et placé en détention provisoire, «dans le cadre de l'ouverture d'une information judiciaire sur un supposé enlèvement du voyou Amir Boukhors, dit AmirDZ, en 2024». L'Algérie a rejeté fermement, tant sur la forme que sur le fond, les motifs invoqués par le Parquet antiterroriste français, à l'appui de sa décision de mettre en détention provisoire son agent consulaire. «Sur le plan de la forme, l'Algérie rappelle que l'agent consulaire a été arrêté en pleine voie publique puis placé en garde à vue sans notification par le canal diplomatique et en flagrante contravention aux immunités et privilèges rattachés à ses fonctions près le Consulat d'Algérie à Créteil ainsi qu'à la pratique prévalent en la matière entre l'Algérie et la France», selon le communiqué du ministère. «Sur le plan du fond, l'Algérie retient surtout la fragilité et l'inconsistance de l'argumentaire vermoulu et farfelu invoqué par les services de sécurité du ministère de l'Intérieur français durant les auditions, laquelle appuie cette cabale judiciaire inadmissible sur le seul fait que le téléphone mobile de l'agent consulaire inculpé aurait borné autour de l'adresse du domicile de l'énergumène Amir Boukhors», a ajouté le communiqué.