Construit au début des années 80 par la société suédoise Skanska, le lycée dit «Skanska» de Tébessa devait initialement servir d'établissement scolaire provisoire, avec une durée de vie estimée à 25 ans. Aujourd'hui, plus de quarante ans plus tard, ce bâtiment est toujours en activité, malgré l'alerte des experts et les risques sanitaires avérés liés à ses matériaux de construction, notamment l'amiante-ciment, reconnu mondialement comme cancérigène.Occupant une superficie de 10 hectares, cet établissement devait être démoli ou réhabilité dès la mise en service d'un nouveau lycée construit à proximité, à une centaine de mètres à peine. Pourtant, l'ex-lycée Skanska continue d'abriter des élèves, des enseignants et du personnel administratif, exposés quotidiennement à un danger invisible mais bien réel. Les témoignages du personnel sont alarmants : irritations cutanées, complications respiratoires, inflammations chroniques, voire dans certains cas l'apparition de tumeurs suspectes. Des symptômes qui coïncident avec l'exposition prolongée à des fibres d'amiante libérées par l'usure des matériaux vétustes du bâtiment. « Nous lançons des appels depuis des années pour la fermeture définitive de cette structure, mais les autorités locales restent sourdes à nos préoccupations. Le taux d'atteintes sanitaires liées à cette exposition devient intenable », déclare un enseignant sous couvert d'anonymat. Malgré la gravité de la situation, aucune mesure concrète n'a été prise pour protéger les élèves, les enseignants ou les agents administratifs. L'ex-lycée Skanska reste ouvert, comme si le risque n'existait pas. Pourtant, les données scientifiques sont claires : l'amiante provoque des pathologies graves, parfois mortelles, même des années après l'exposition. Les associations locales de santé publique et les syndicats éducatifs tirent régulièrement la sonnette d'alarme, en vain. « Nous ne pouvons plus continuer à exposer nos enfants et notre personnel à un tel risque. Le principe de précaution doit primer sur toute autre considération », martèle un représentant du personnel. Face à ce danger permanent, la population s'interroge : faudra-t-il attendre une catastrophe sanitaire avérée pour que les autorités réagissent ? La démolition contrôlée et la dépollution du site deviennent une urgence absolue. En attendant, l'ex-lycée Skanska continue d'accueillir chaque jour des centaines d'élèves et d'enseignants, sous un toit devenu synonyme de menace silencieuse.