Des dizaines d'écoles, se trouvant pour la plupart dans les régions de l'intérieur du pays, sont toujours sous la menace de l'amiante, à l'origine de maladies pulmonaires graves. Matériau cancérigène, l'amiante a été, abondamment, utilisée dans la construction de bâtiments scolaires avant les années 1980, et est encore loin d'avoir disparu dans certains établissements primaires et secondaires de l'Education nationale. En dépit de la volonté des pouvoirs publics de retirer définitivement cette matière dangereuse, que l'on retrouve dans des plafonds, l'isolation de pièces de tuyauterie et dans des revêtements de murs de plusieurs écoles, certains élèves des régions éloignés restent exposés aux effets néfastes des émission de fibres d'amiante notamment après la dégradation avancée des murs de leurs établissements scolaires. La substance constitue un danger réel pour les élèves. Le ministre de l'Education nationale, lors d'une conférence nationale avec les Directeurs de l'Education des 48 wilayas, avait explicitement avoué la subsistance d'un grand nombre d'écoles amiantées et a regretté que les correspondances adressées aux responsables locaux n'aient pas eu un écho favorable. «Nous avons certes transféré les élèves scolarisés dans certains établissements concernés par ce danger vers d'autres écoles, mais il en reste beaucoup. Les autres départements doivent jouer leur rôle car cela y va de la santé de nos enfants», avait-il déclaré, même s'il a tenu à rassurer que tous les établissements scolaires construits à base de la fibre d'amiante ont été éradiqués. Le ministre citera la wilaya de Djelfa, région jugée prioritaire et dit avoir adressé des correspondances en début d'année scolaire aux walis concernés, dont celui de Djelfa, en vue de procéder au transfert des élèves des établissements amiantés vers d'autres structures, jusqu'à la finalisation des travaux de réalisation de nouveaux établissements. Le programme sectoriel 2010 de la wilaya de Djelfa a prévu 4 nouveaux lycées, 4 CEM et 20 écoles primaires ainsi que l'extension de 40 salles de cours. Le ministre a rappelé également que le gouvernement avait lancé un plan visant l'élimination totale des constructions en préfabriqué que compte la wilaya de Chlef et d'une partie de celles situées dans la wilaya de Aïn Defla, installées après le séisme de 1980. Il faut reconnaître qu'il ne s'agit pas d'une mince affaire car l'amiante a été utilisée dans de nombreux matériaux et produits en raison de ses propriétés d'isolation acoustique, thermique, et de résistance à la chaleur. Lorsqu'il est devenu évident que l'exposition périodique à l'amiante en milieu de travail causait un préjudice à la santé, la population s'est davantage préoccupée de l'exposition à l'amiante utilisée dans les bureaux et les écoles, et, par la suite, de tous les produits de l'amiante. L'amiante ne porte préjudice à la santé que lorsque des fibres sont présentes dans l'air que l'on respire. L'amiante est interdite dans des pays comme l'Italie depuis près d'un siècle, car il s'agit aussi de trouver une solution pour se débarrasser de milliers de tonnes de déchets stockés à travers le pays. Le désamiantage –ou déflocage– des nombreux bâtiments hérités de la colonisation et de centaines d'autres construits entre les années 1970 et 1980, s'il a permis d'éviter une catastrophe de grande ampleur, n'a pas été sans poser aux collectivités une question quasi insoluble: où mettre les gravats toxiques? En fait, la bataille de l'amiante ne fait que commencer.