Les tractations sur le plan de la dernière chance pour Alitalia semblaient avoir capoté vendredi entre les syndicats et les entrepreneurs italiens prêts à relancer la compagnie aérienne en déconfiture, après l'annonce du retrait de ces derniers des négociations. L'alliance de ces entrepreneurs, baptisée Compagnie aérienne italienne (Cai), «prend acte qu'après sept jours de rencontres, les conditions n'existent plus pour poursuivre les négociations», a déclaré son porte-parole, cité par l'agence Ansa. «Visiblement, ils ne se rendent pas compte de la situation dramatique d'Alitalia et de la nécessité d'un profond changement par rapport au passé qu'exige le plan de sauvetage», a-t-il ajouté, rejetant la faute sur les représentants du personnel, qui n'ont pas encore réagi à cette annonce. Après une nuit de négociations durant laquelle a expiré l'ultimatum fixé par le commissaire extraordinaire nommé par le gouvernement pour gérer Alitalia, aucun accord n'a pu être trouvé, ce qui faisait «craindre le pire» vendredi matin au ministre du Travail Maurizio Sacconi. Selon M. Sacconi, les discussions ont été «très proches de la rupture» durant la nuit. Les négociations devaient normalement reprendre à 13h00. Les difficultés restent «insurmontables, mais nous avons décidé d'arrêter les pendules et de reprendre les négociations dans les prochaines heures», avaient indiqué de leur côté un peu plus tôt les principaux leaders syndicaux. Entamées le 4 septembre, les tractations avaient été suspendues une première fois lundi après le rejet par les organisations syndicales des propositions des repreneurs d'instaurer un contrat de travail unique et de diminuer salaires et jours de congés. Les négociations avaient repris jeudi dans la matinée. La dernière tentative de reprise d'Alitalia par Air France-KLM avait capoté en avril après le retrait de l'offre de la compagnie franco-néerlandaise face à l'opposition des syndicats et aux critiques de Silvio Berlusconi. Augusto Fantozzi, le commissaire extraordinaire, a prévenu que si un accord n'était pas trouvé avant vendredi, la compagnie serait rapidement mise en faillite et il entamerait les procédures de licenciement. Détenue à 49,9% par l'Etat, Alitalia, qui a perdu 3 millions d'euros par jour au premier semestre, s'est déclarée insolvable et a été placée le 29 août sous administration extraordinaire. Le plan de sauvetage prévoit la reprise des activités de transport de passagers par la Cai, dont fait partie le gotha des patrons italiens qui sont prêts à mettre ensemble un milliard d'euros sur la table, et la fusion de cette nouvelle société avec Air One, la deuxième compagnie de la péninsule. Alitalia devrait ensuite nouer une alliance avec une compagnie étrangère comme Air France-KLM, qui s'est dite prête à prendre une participation minoritaire. British Airways et Lufthansa seraient aussi sur les rangs. En revanche, la dette de près de 1,2 milliard d'euros sera reprise dans une seconde société, qui sera liquidée. Alitalia a indiqué par ailleurs avoir reçu des marques d'intérêt pour les activités de maintenance et de fret qui doivent être cédées. Les salariés, qui ont manifesté jeudi devant le ministère pour protester notamment contre les suppressions d'emploi prévues par le plan, qui devraient être d'au moins 3.250, ont commencé à montrer des signes d'impatience et une certaine défiance vis-à-vis de leurs représentants. A l'aéroport romain de Fiumicino, le trafic a été fortement perturbé jeudi par une assemblée générale de salariés de la compagnie et de nombreux vols ont été annulés. Vendredi matin, tout était rentré dans l'ordre, selon Ansa.