Les tractations entre les syndicats et les repreneurs disposés à reprendre la compagnie italienne Alitalia étaient toujours suspendues vendredi soir, les deux parties faisant état d'une impasse insurmontable dans les négociations mais refusant d'officialiser leur échec. Vendredi matin, au terme d'une difficile nuit de négociations, l'alliance de repreneurs disposés à reprendre la compagnie aérienne avait brusquement annoncé qu'elle se retirait de la table des discussions, estimant que "les conditions n'existent plus pour (les) poursuivre". L'alliance du gotha du patronat italien, baptisée Compagnie aérienne italienne (Cai) et dirigée par le PDG de Piaggio, Roberto Colannino, "prend acte qu'après sept jours de rencontres, les conditions n'existent plus pour poursuivre les négociations", a déclaré son porte-parole dans la matinée. "Visiblement, ils ne se rendent pas compte de la situation dramatique d'Alitalia et de la nécessité d'un profond changement par rapport au passé qu'exige le plan de sauvetage", qui prévoit au moins 3.250 suppressions d'emploi, a-t-il ajouté, rejetant la faute sur les représentants du personnel. Mauvais signe, la Cai a stoppé l'examen des comptes d'Alitalia, a annoncé la compagnie. Mais, elle n'aurait pas pour le moment retiré son offre, selon les agences italiennes. Ces investisseurs n'avaient cependant pas annoncé le retrait définitif de leur offre de reprise vendredi soir. Aucune nouvelle rencontre avec les syndicats n'était annoncée pour les heures à venir. En début de soirée, au terme d'une réunion intersyndicale, les neuf organisations d'Alitalia ont cependant demandé dans un communiqué commun à être reçues "d'urgence" par le commissaire extraordinaire nommé par le gouvernement pour gérer l'avenir de la compagnie, Augusto Fantozzi. Les syndicats, qui refusent les diminutions de salaires et de congés ainsi que le contrat de travail unique proposés par les repreneurs, leur ont renvoyé la balle, les accusant de rigidité et d'obstination, voire de vouloir entraîner la compagnie à la faillite avant de la reprendre. Entamées le 4 septembre, les négociations avaient déjà été suspendues lundi avant de reprendre jeudi.. Alitalia se trouve désormais plus que jamais au bord de la faillite. Détenue à 49,9% par l'Etat, la compagnie qui perd 3 millions d'euros par jour, s'est déclarée insolvable et a été placée le 29 août sous administration extraordinaire. Une faillite d'Alitalia serait un revers pour le gouvernement de Silvio Berlusconi, qui avait promis durant la dernière campagne électorale qu'il trouverait des repreneurs italiens, après l'échec de la tentative d'Air France-KLM qui s'était heurté à l'hostilité des syndicats. Le gouvernement tentait donc de sauver la mise. Les ministres du Travail, Maurizio Sacconi, et des Transports Altero Matteoli, ont rencontré les représentants du personnel en début d'après-midi, appelant de leurs voeux une position intersyndicale commune afin de sortir de l'impasse. Le plan de la dernière chance prévoit la reprise des activités de transport de passagers par la Cai, qui est prête à mettre un milliard d'euros sur la table, et une fusion avec Air One, la deuxième compagnie de la péninsule. Alitalia devrait ensuite s'allier avec une compagnie étrangère comme Air France-KLM, qui s'est dite prête à prendre une participation minoritaire, British Airways ou Lufthansa qui seraient aussi sur les rangs. En revanche, la dette de près de 1,2 milliard d'euros sera reprise dans une seconde société, qui sera liquidée et les activités de maintenance et de fret, pour lesquelles Alitalia a reçu des marques d'intérêt, seront cédées. A l'aéroport romain de Fiumicino, où le trafic était redevenu normal après les nombreuses annulations de vol de jeudi, quelque 200 salariés, partagés entre lassitude et inquiétude, ont manifesté pour protester contre les conditions du plan de reprise.