3 - Elie Hobeika et Samir Geagea, les deux lieutenants de Bachir, des prédateurs insatiables. En sa qualité de responsable du service de renseignement de la formation paramilitaire libanaise Elie Hobeika, un des deux lieutenants de Bachir Gemayel, est considéré comme l'un des principaux responsables des massacres de Sabra-Chatila, au même titre que Samir Geagea, responsable opérationnel des «Forces Libanaises», qu'une impitoyable guerre de succession va épuiser au point de marginaliser la principale formation paramilitaire du camp chrétien du temps de la guerre. Le premier qui va dégainer et déclencher les hostilités sera Elie Hobeika : Par dévotion à l'égard de Bachir il fomentera, 24 mois après son assassinat, un coup de force contre le président Amine Gemayel, pour s'emparer du parti et de son trésor de guerre. Allié d'Israël il tournera casaque, en 1985, pour rallier la Syrie, avant d'être évincé à son tour par Samir Geagea. Piètre performance pour un homme en charge du renseignement. Exilé du Liban, il reviendra par la grande porte à la fin de la guerre interfactionnelle et l'instauration d'une «pax syriana». Suprême consécration, il siègera, même, au sein des gouvernements libanais successifs, y compris, en 1992, celui de Rafic Hariri, le milliardaire libano-saoudien et principal bailleur de fonds des milices libanaises, assassiné en 2005. Peu avant sa mort violente, il s'était retourné contre Israël et se proposait de témoigner contre Ariel Sharon dans le procès intenté contre lui en Belgique pour «crime contre l'humanité». Il aurait voulu mettre en cause des unités commando de l'armée israélienne (les Sayeret Matkal), qui auraient œuvré sans uniforme dans le déroulement du massacre. Comme auparavant Bachir, et ultérieurement le neveu du chef phalangiste, Pierre Amine Gemayel, Elie Hobeika est mort par suite d'un attentat à la voiture piégée, devant son domicile, le 24 janvier 2002, à l'âge de 46 ans. Son élimination n'a suscité aucune demande d'enquête de la communauté internationale. Les préparatifs de l'invasion américaine de l'Irak, il est vrai, allaient bon train, de même que la mise à l'index de la Syrie, via la «Syria Accountability Act», adoptée en 2003. Il importait de ne pas se laisser dévier de cet objectif majeur de la stratégie israélo-américaine par la mort d'une personne, dont l'élimination arrangeait beaucoup de monde : le premier ministre israélien, Ariel Sharon, directement visé par son possible témoignage à Bruxelles, Samir Geagea, son rival permanent, Amine Gemayel, son ancien chef, à qui il a ravi le parti phalangiste, des époux contrariés et irascibles, à en juger par les conquêtes féminines qui lui sont attribuées, enfin, pour être complet, la Syrie, tant l'implication de ce pays dans toutes les affaires du Moyen orient est un exercice de style obligé pour tous les chroniqueurs occidentaux. (Suivra)