Selon la croyance communément admise, il s'agit de la nuit du 27e jour de Ramadhan, mais en réalité, d'après les spécialistes en la matière, elle se situe dans l'un des jours de la dernière dizaine du mois de Ramadhan. Dans le parler populaire, on traduit par dernière dizaine les dix derniers jours du mois sacré. Ce qui explique pourquoi on récite le Coran durant les nuits de cette troisième décade du Ramadhan. Les mosquées rassemblent tous les pratiquants pour «Qiyyam ellil», consistant en de longues prières comparables au «Taraouih» qui suit «el Icha». «Qiyyam ellil» se fait bien avant la prière du fedjr. Chacun y va pour écouter l'imam réciter le Coran, dans le cadre d'une prière solennelle et pour joindre l'utile à l'agréable : faire des vœux à Dieu. On a de fortes chances d'être exaucé au cours d'une de ces dix nuits, si le ciel s'ouvre pour laisser descendre les anges en grand nombre à travers une lumière éblouissante. Ce que dit le Coran sur Leïlat El-Qadr Il y a deux sourates remarquablement consacrées à la nuit du décret. Il s'agit de paroles de Dieu énoncées brièvement et à chacun d'en tirer le maximum d'enseignements par un effort de compréhension, de réflexion, moyennant une forte concentration. Dans le Coran, un mot peut faire l'objet d'un long commentaire. Jugez en par cette sourate courte mais d'un grand poids sémantique et qui s'intitule «Sourate el Qadr» expliquant bien la portée exacte de cette nuit, pas comme les autres : «Oui, nous l'avons fait descendre durant la nuit du décret/Comment pourrais-tu savoir ce qu'est la Nuit du Décret ?/La Nuit du décret est meilleure que mille mois ! Les anges et l'Esprit descendent durant cette nuit, avec la permission de leur Seigneur, pour régler toute chose. Elle est paix et salut jusqu'au lever de l'aurore ! (sourate : XCVII). La sourate Doukhane («La Fumée») est plus longue pour mériter une longue méditation puisqu'elle porte essentiellement sur cette nuit du destin. L'effort de réflexion «idjtihad», qui est le principal fondement de la philosophie d'Ibn Rochd, est plus que jamais nécessaire pour mieux saisir le texte dans sa totalité. Dieu rétribue comme il le mérite chacun de ceux qui font l'effort de comprendre Sa parole avec la volonté de se rapprocher de Lui. Le titre «Doukhane» (sourate XLIV, verset 1 à 6) à très fortes connotations devrait être décrypté pour mieux en apprécier la valeur et la beauté, mieux comprendre le contenu de la sourate. Voici la traduction des versets 1 à 6 : «Ha Mim par le livre clair ! Nous l'avons fait descendre durant une nuit bénie/Nous sommes, en vérité, Celui qui avertit./Tout ordre sage est décrété en cette nuit, comme un ordre émanant de Nous/Oui, c'est Nous qui envoyons les messagers et comme une miséricorde de la part de ton Seigneur». Mais, la fumée qui est le produit d'un feu, est porteuse de signification qui ne doit échapper à personne. Dans la tradition populaire On dit, et les vrais imams n'ont jamais cessé d'insister là-dessus que les Croyants doivent être méritants pour avoir la chance de voir s'ouvrir le ciel. Il faut être pour cela d'une grande propreté morale, avoir de fortes convictions religieuses, faire le bien car on considère la vie ici bas comme une propriété qu'il faut savoir travailler, mettre en valeur pour le bien des autres et pour mériter une bonne place dans l'au-delà. Que d'efforts, il faut donc consentir pour répondre aux impératifs d'une religion qui ne cherche que le bien de tous. Toutes les interdictions vont dans le sens de l'intérêt du croyant. On a toujours répété que les anges ne pénètrent jamais dans les lieux malsains et ne s'approchent jamais des maisons appartenant aux incroyants. Depuis l'avènement de l'Islam, les croyants en Dieu et en Son Prophète (QSSSL), savent ce qu'est la nuit du Décret ou Leïlat el Qadr, ce qu'elle représente par rapport aux autres jours du Ramadhan et de l'année. Tout le monde a acquis la conviction en tant que croyants, qu'au cours de cette nuit (ou nous a enseigné que c'est la nuit du 26 au 27 du mois de Ramadhan), tous les vœux sont exaucés par Dieu, à condition d'avoir la chance de voir le ciel s'ouvrir. Tout ce qui est demandé est accordé. Mais cette ouverture se fait en réalité, comme nous l'avons déjà dit, durant l'un des 10 jours du «Qiyyam elil», la dernière décade du mois de Ramadhan. Il est arrivé, par le passé, que des gens ont vu le ciel s'ouvrir et sont restés bouche bée, parce que n'ayant pas été prévenus pour cette vision miraculeuse. Ce que quelqu'un, que nous connaissons comme étant de bonne foi, a vécu. L'émerveillement a été tel qu'il est resté sidéré. «La nuit, dit-il, à l'heure du shour, je suis sorti de chez moi pour porter à manger à notre berger qui dormait dans une grange. Pendant qu'il prenait son shour, je suis sorti respirer l'air vivifiant de la nuit. Le ciel était d'une beauté incomparable. Je contemplais les milliards d'étoiles qui scintillaient lorsque tout à coup une grande ouverture se fit dans le ciel, laissant apparaître une lumière éblouissante, que je ne pouvais fixer des yeux. Cela a duré quelques secondes, trois ou quatre et je ne peux donner de précision là-dessus, mais il y avait suffisamment de temps pour formuler des vœux. Mais, hélas ! J'étais si ému que je n'ai pu articuler un mot. Je n'avais rien compris à ce phénomène, personne ne m'en avait parlé et j'étais trop jeune pour pouvoir comprendre. Je n'ai pas cessé depuis qu'on m'a tout expliqué, d'observer le ciel, mais jamais il n'y a eu d'autres ouvertures.» Enfants, novices en matière de religion n'ont appris que le 27e jour n'est pas comme les autres. C'est pourquoi, le repas du 26e ftour est particulier pour des raisons que seules les mères et les grands-mères connaissent. C'est un repas partagé. On charge les enfants de porter des plats de couscous garni devant les mosquées, et sur les places publiques pour donner à manger aux plus pauvres. L'essentiel a donc toujours été occulté.