Dans les familles pauvres en Côte d'Ivoire, elles jeûnent, travaillent et et doivent veiller au bon déroulement de Ramadhan Les musulmans de Côte d'Ivoire jeûnent depuis deux semaines. Comme ceux de tous les pays du monde, ils doivent se priver d'eau et de nourriture pendant 30 jours du lever au coucher du soleil. Le mois de Ramadhan est un temps de pénitence et de bénédictions auquel les musulmans s'adonnent avec foi et détermination. Cependant, il est plus dur pour les femmes ivoiriennes issues des milieux modestes. En Côte d'Ivoire dans les familles pauvres, ce sont souvent les femmes qui assurent les charges de la maisonnée. Avec un mari au chômage ou souvent trop vieux pour s'occuper des nombreux enfants, ce sont les femmes, qui jouent le rôle de mère, d'épouse et de père de famille. Popote, scolarisation des enfants, argent de poche pour les hommes : elles s'occupent de tout, comme un homme s'occuperait de sa famille. Le mois de Ramadhan est encore plus pénible pour elles. En plus de chercher de quoi assurer la pitance du jour au travers du commerce de fruits, de légumes ou autres produits, elles doivent s'occuper de leur petite maisonnée et, notamment de la préparation des repas pour le début et la fin d'une journée de jeûne. Premières levées, dernières couchées Les femmes se lèvent dès 3 h du matin pour préparer, dans les cuisines de fortune, le repas de 4 h du matin, avant le sobh, la première prière du matin marquant le début du jeûne. «Les hommes préfèrent les repas bien chauds», explique Amara Mohamed, jeune musulman, responsable des ressources humaines dans une entreprise abidjanaise. Les femmes qui se tuent à la tâche pour satisfaire leurs hommes ? «C'est tout à fait normal. Et l'Islam inculque soumission et respect de l'homme, chef de la famille», insite-t-il. Pour elles, pas question de se sentir fatiguée ou malade. «On vit pour s'occuper de nos hommes», lance Aïcha, une commerçante de laitues dans le marché Cocovico de Angré, un quartier de la capitale Abidjan. Elle habite Abobo et rallie à pied, chaque jour, la commune de Cocody pour vendre sa marchandise. Il est 18 heures, elle est visiblement pressée de regagner son domicile pour nourrir son époux et sa famille. A 18h30, avant la maghrib, la prière du soir, la quatrième de la journée, les femmes interrompent totalement leurs activités pour se consacrer au rituel de la rupture du jeûne. Il faut servir des repas bien chauds aux hommes, du bissap, du gnanmankoudji (boissons respectivement à base de feuilles d'oseille et de gingembre), du baca (bouillie de riz ou de mil) et du wonmi (galette de mil). Aussi pieuses que leurs époux En plus de s'occuper des hommes, les femmes ont leur propre foi à vivre. Tout cet investissement physique et matériel dans la préparation du mois de Ramadhan, au profit de leurs hommes et enfants, n'entame en rien leur engagement spirituel. Elles ne ménagent pas leurs efforts pour profiter des grâces de ce mois du Ramadhan en se pliant au jeûne avec ferveur. Responsable du bien-être de tous, le sort d'une femme pauvre et musulmane n'est pas toujours des plus enviables pendant le Ramadhan. D'autant que chez le musulmans nantis, les habitudes de la maîtresse de maison ne changent pas. C'est le travail, le magnifique bazin riche (le meilleur de tous) et les bijoux. La préparation du repas est à la charge d'une domestique. Une autre femme qui s'occupera de l'homme.