Les marchés d'Asie ont encore été secoués mardi, sur fond de krach et de dépréciation galopante du dollar face au yen, et les places européennes ont ouvert de façon mitigée, alors que les pays de l'UE tentent de réagir pour protéger l'épargne des particuliers et le système financier. Evènement Se voulant rassurant, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a estimé mardi qu'il n'y avait aucune raison de penser que les Bourses mondiales allaient continuer de «s'écrouler». Les pays de la zone euro sont déterminés à faire en sorte qu'aucun grand groupe financier ne dépose le bilan, avait déjà annoncé lundi soir le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker. Tous les dirigeants de l'Union européenne s'engagent à prendre «toutes les mesures nécessaires pour assurer la stabilité du système financier, que ce soit par l'injection de liquidités en provenance des Banques centrales, par des mesures ciblées sur certaines banques ou par des dispositifs renforcés de protection des dépôts», avait de son côté assuré le président français Sarkozy, qui préside l'UE. Signe de cet interventionnisme accru: la Banque centrale européenne a encore injecté 50 milliards de dollars mardi, dans le cadre d'une devenue quasi quotidienne. Lundi soir, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, avait promis qu'elle continuerait à injecter «aussi longtemps que nécessaire» des liquidités dans le système bancaire Apparemment rassurées, les Bourses européennes avaient d'abord ouvert en hausse mardi, renversant la tendance de la veille où elles avaient fortement plongé. Mais elles sont ensuite repassées dans le rouge: vers 8h25 GMT, le Dax cédait 1,48% à Francfort, le Footsie 0,64% à Londres et le CAC 40 abandonnait 0,20% à Paris. A la même heure, la Bourse suisse cédait 0,11% et Milan 1,10%. A Moscou, les cotations ont été suspendues sur les deux Bourses, le RTS et le Micex, et ce avant même l'ouverture de la séance. Au lendemain d'une dégringolade généralisée des Bourses mondiales, les places financières d'Asie avaient, elles, démarré la journée sur un vent de panique, même si la modération est peu à peu revenue dans les salles de marché. L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a ainsi brièvement plongé sous la barre des 10.000 points pour la première fois en plus de cinq ans après une chute de 5,32% en matinée, avant de réduire les pertes à -3,03% en clôture. De son côté, la Bourse de Shanghai a clôturé en baisse de 0,73%. «Le marché continue à paniquer», a commenté Satoru Ogasawara, stratège au Crédit Suisse. «A Tokyo, les cours chutent mais le volume des transactions est lourd. Cela veut dire que beaucoup de gens sont tout simplement en train de brader leurs actions à la hâte», a-t-il expliqué. Selon les opérateurs, c'est principalement la chute du dollar face au yen qui inquiète les investisseurs, car ce phénomène pénalise fortement les exportateurs japonais déjà affectés par le recul de la demande aux Etats-Unis. La séance s'est avérée plus chaotique ailleurs. Sydney, qui avait démarré largement dans le rouge, a rebondi subitement et a fermé en hausse de 1,68%, la banque centrale australienne ayant entretemps annoncé l'abaissement d'un point de son taux d'intérêt directeur à 6%. Les déboires économiques aux Etats-Unis et en Europe ayant fait de la monnaie japonaise une valeur refuge, le billet vert se rapproche ces derniers jours de la barre psychologique des 100 yens. La propagation de la crise financière en Europe amplifie en outre la chute de l'euro, qui a touché lundi un nouveau plus bas face au billet vert depuis plus de quatorze mois, à 1,3441 dollar. Lundi, toutes les Bourses mondiales avaient connu une journée cauchemardesque. Après avoir perdu plus de 7% en séance, le Dow Jones a reculé de 3,58% à New York en clôture, tombant à son plus bas niveau depuis quatre ans. Paris a dévissé de 9,04%, le plus fort recul en une séance depuis la création de l'indice CAC-40 en 1988. Londres a cédé 7,85%, Francfort 7,07%, Milan 8,24% et Amsterdam 9,14%. Moscou a dégringolé de 19,1%, une chute record. Les ministres européens ont confirmé mardi qu'une action commune de l'UE était à l'étude face à la gravité de la crise financière pour relever la garantie bancaire minimum des particuliers, en cas de faillite, de 20 000 euros à 100 000 euros. «C'est une question qui est discutée», a déclaré le ministre irlandais des Finances, Brian Lenihan. Actuellement, la législation européenne oblige les pays de l'UE à garantir les dépôts pour un minimum de 20.000 euros par client. Mais de nombreux pays offrent déjà des montants plus importants, comme la France qui garantit jusqu'à concurrence de 70000 euros. Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, s'est voulu rassurant mardi, affirmant qu'aucune banque française ne risquait la faillite et que l'épargne serait «totalement préservée». Plusieurs gouvernements européens, notamment l'Irlande, l'Allemagne, le Portugal, l'Espagne et l'Islande, ont par ailleurs annoncé des initiatives unilatérales ces derniers jours. La mesure la plus spectaculaire est venue d'Allemagne, où la chancelière Angela Merkel a annoncé dimanche la couverture par l'Etat de toute l'épargne des ménages, soit plus de 1 600 milliards d'euros. Au Royaume-Uni, trois des quatre plus grosses banques britanniques, la Barclays, la Lloyds et la RBS ont demandé lundi soir au ministre des Finances, Alistair Darling, de hâter sa décision sur un éventuel plan de soutien, qui devrait passer selon elles par des injections de capital de 15 milliards de livres (19,4 mds d'euros) chacune, rapporte mardi la BBC. Quant aux autorités suisses, elles se sont déclaré prêtes mardi à «tout mettre en oeuvre» pour assurer la sécurité des dépôts des épargnants.