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La crise financi?re mondiale et ses impacts sur l??conomie alg?rienne Interview du docteur Abderrahmane Mebtoul accord?e ? la cha?ne internationale arabe El Jazeera
Le Dr Abderrahmane Mebtoul vient d'accorder le 12 octobre octobre 2008 une interview à la chaîne arabe internationale El Djazeera.relative à la crise financière mondiale et ses impacts sur l'économie algérienne. Plusieurs aspects ont été abordés : 1.- Premièrement : si la crise devait persister, elle aurait un impact évident à terme sur l'économiealgérienne totalement extériorisée. Le taux de croissance affichée récemment par le FMI pour l'Algérie( sur la base d'un cours du baril de pétrole de 120 dollars, les rapports du FMI se basant sur le rapport du gouvernement algérien avec une légère correction en termes de test de cohérence), de 4,5% moyenne 2008/2009 outre qu'il est trop global (prévisions et non clôturé) devrait être revu à la baisse, selon d'autres organismes internationaux tel l'OCDE et la CNUCED car environ 50% du produit intérieur brut, 80% des autres 50% étant tirés par les dépenses publiques via les hydrocarbures, et 98% des exportations provenant des hydrocarbures payés en dollars et 50% d'importations payés en euros). Or, il n'existe pas de corrélation entre la baisse ou l'appréciation du dollar et la hausse ou la baisse du cours du baril de pétrole. Pour preuve, durant ces trois derniers mois l'appréciation a varié entre 10 et 15% par rapport à l'euro et le cours du pétrole a chuté entre 60 et 70%. Par ailleurs, comme nos importations se font à 50% en euros, l'appréciation de l'euro entraîne une élévation de la facture d'importation du fait que les opérateurs algériens importent peu dans la zone dollar où il faudrait ajouter le coût du transport, ce qui fait qu' en termes globaux il y a compensation et il faut être attentif seulement au cours nominal du brent. Dans les années à venir, avec cette injection massive du dollar sans contreparties productives, il faudrait s'attendre à une relative dépréciation. Par railleurs, pour les produits essentiels alimentaires sachant que l'agro-business est contrôlé par les grandes firmes au niveau mondial, et pour compenser la sous-utilisation des capacités, du fait du ralentissement de l'offre, mais d'une demande incompressible. Il ne faut pas s'attendre à une baisse sensible des prix des biens alimentaires comme le souligne récemment le rapport 2008 de la FAO . Cette baisse par contre pourrait toucher d'autres segments non essentiels pour les populations. 2- L'autre axe abordé est que contrairement à certaines supputations, ignorant la pratique du monde des affaires, et au vu des expériences historiques des crises systémiques,(le protectionnisme risque de freiner la croissance de l'économie mondiale) avec l'assèchement du crédit interbancaire en espérant que les mesures du 12 octobre 2008 prises par les pays développés de garantir les crédits et recapitaliser les banques lèvent cette contrainte, il ne faut pas s'attendre à un flux important d'investissement direct étranger à court terme dans notre pays, entendu des investissements porteurs de valeur ajoutée et de création d'emplois durables, mais des hommes d'affaires à la recherche d'opportunités pour vendre, donc privilégiant des segments à court terme ou le commerce, du fait que l'Algérie a un matelas de devises ce qui risquerait alors d'amoindrir nos réserves de change sans contrepartie pour l'économie réelle. Le FMI vient de revoir à la baisse le 8 octobre 2008 le taux de croissance de l'économie mondiale pour 2009, les pays émergents comme le Brésil, Inde, Chine ne devant pas dépasser les 6%. Les Etats-Unis n'afficheraient qu'une faible croissance de 0,1% et ne «retrouveront leur potentiel de croissance qu'en 2010». La zone euro ne fera guère mieux avec un PIB en hausse de tout juste 0,2%. Les pays asiatiques comme la Chine qui tirent la croissance de l'économie mondiale risquent de subir brutalement cette récession. La récession de l'économie mondiale prolongée entraînerait inéluctablement une baisse de la demande mondiale des hydrocarbures (les économies asiatiques étant fortement connectés à l'économie mondiale), certains analystes prévoyant une contraction de la demande mondiale de pétrole en 2009 entre 30 et 50%. Car, cet amoindrissement risque de s'accélérer en cas de persistance de la crise, car avec la baisse d'un dollar en moyenne annuelle et tenant compte de la production actuelle du pétrole et du gaz (le prix du gaz étant indexé sur le prix du baril mais pour une même capacité énergétique valant 50% de moins en valeur monétaire) entraînerait un manque à gagner variant entre 500 et 700 millions de dollars, par exemple pour une chute de 50 dollars un manque à gagner variant entre 25 et 35 milliards de dollars en précisant qu'il ne faille pas confondre les recettes affichées par Sonatrach et le surplus net qu'elle verse à l'Etat du fait des investissements et des frais d'exploitation engagés devant donc les soustraire aux recettes globales. 3.- Le troisième point abordé est que du fait des dépenses importantes, le programme de soutien à la relance économique 2004/2009 dépassant les 200 milliards de dollars avec un surcoût estimé de 20% du fait de la mauvaise gestion (soit 40 milliards de dollars), les importations 38 milliards de dollars 2008, prévision de 40 milliards de dollars 2009, en plus qu'il faille ajouter que les impacts financiers des dernières dispositions gouvernementales que pour tout investissement l'Etat serait majoritaire, le besoin en financement tournerait autour de 60 milliards de dollars annuellement. Ces dépenses publiques sans analyser souvent les impacts explique ces centaines de milliers d'emplois fictifs pouvant être assimilés à de l'assistanat créés au nom de la solidarité nationale qui permettent face à la stagflation (inflation, chômage, récession de la croissance en termes réels) une paix sociale fictive. Or, les réserves de change clôturé à fin juillet 2008 s'élèvent à 136 milliards de dollars mais dont 43 milliards de dollars déposés en bons de Trésor américain à un taux de 2% , également d'autres dépôts auprès des Banques centrales européennes à un taux d'intérêt inférieur à 4% (alors que pour ces deux zones le taux d'inflation est supérieur à 3% sans compter la dépréciation du dollar par rapport à l'euro de plus de 45% entre 200/82008) et approchant zéro pour la partie yen (taux directeur des Banques centrales depuis le 8 octobre 2008 1,75% pour la FED, 3,75% pour la BCE, 4,5% pour la banque d'Angleterre, 0,5% pour la banque du Japon), sans préjuger d'autres dépôts auprès de banques internationales privées mais à des taux largement supérieurs mais risqués, ne pouvant retirer à court terme ces dépôts risque à la fois de perdre les intérêts et d'avoir une décote sur le marché obligataire avec l'actuelle crise pouvant varier de 20 à 30% sin-on plus. Que reste-t-il donc disponible immédiatement pour faire face à ces dépenses, sinon de puiser encore plus de pétrole et de gaz ou retirer les dépôts avec des pertes considérables. 4.- Quatrièmement : il a été rappelé dans cette interview qu'il faille éviter de mentionner des évidences telles que la spécialisation des banques algériennes dans la banque de détail et non dans des segments spéculatifs qui touchent actuellement bon nombre de banques internationales, le dinar n'étant pas convertible, les dépôts des particuliers au niveau des banques primaires ne risquant presque rien bien entendu en termes nominaux, et non en termes réels en cas d'inflation qui amenuiserait leur valeur. Comme il n'existe pas de Bourses mais fait unique dans les annales de l'économie mondiale une Bourse étatique en léthargie où des entreprises publiques déficitaires achètent des entreprises publiques déficitaires grâce à l'injection monétaire du Trésor algérien du fait que ces entreprises pour leur assainissement ont déjà coûté au Trésor algérien plus de 44 milliards de dollars entre 1991 et 2008. D'ailleurs, c'est plutôt une tare, car n'existant pas de banques de détail au sens international mais des guichets administratifs, la réforme bancaire accusant un retard considérable où nous sommes classés dans le rapport de World Economic Forum 2008 le dernier pays de la planète en termes de sécurité financière (134e position sur 134 pays). Comme c'est une évidence de rappeler que le remboursement de la dette extérieure dont le principal est d'environ 4,9 milliards de dollars permet éviter des prêts hasardeux à des taux d'intérêts élevés en raison de la restriction des crédits au niveau mondial. Comme c'est une évidence de dire qu'actuellement aux cours du baril de pétrole et du dollar, l'Algérie ne risque pas de souffrir de famine à court terme alors que le problème central est le développement. 5.- Enfin, le dernier point abordé a été l'objectif central pour l'Algérie qui est d'améliorer la gouvernance et la valorisation du savoir, condition sine qua non pour la mise en œuvre d'affaires saines profitables pour le pays, avoir un doublement du produit intérieur brut PIB en termes réels 2008 de 260 milliards de dollars horizon 2012/2015 en favorisant les segments hors hydrocarbures pour se soustraire progressivement, il faut être réaliste, de la dépendance d'une ressource éphémère qui sont les hydrocarbures.Il s'agit de tirer les leçons du classement du 11 octobre 2008 du World Economic Forum sur la compétitivité mondiale 2008-2009 où l'Algérie est classée à la 99e place sur 131 reculant de 18 places alors que dans le rapport de 2007/2008 elle était à la 81e position. L'accès au financement, la bureaucratie gouvernementale mal organisée et la corruption étant les facteurs les plus problématiques pour faire des affaires en Algérie. Le document cite aussi la fiscalité, les taxes de régulation, une main-d'œuvre non qualifiée et peu adaptée, un système financier sclérosé et surtout le manque de visibilité et de cohérence dans la politique socio-économique caractérisent le frein à la réforme globale.