La Bourse de New York, soulagée d'avoir cessé sa dégringolade, espère, malgré sa peur de la récession, rebondir pour de bon la semaine prochaine ou, au moins, retrouver un peu de stabilité face à une salve impressionnante de résultats d'entreprises. Après avoir traversé la pire semaine de son histoire (-18%), et une chute de 25% en trois semaines, l'indice Dow Jones, sur la semaine écoulée, a rebondi de 4,74%, à 8 852,22 points. Le Nasdaq, à forte composante technologique, a pris 3,74%, à 1 711,29 points, et l'indice Standard and Poor's 500 4,60%, à 940,55 points. Lancé sur des «montagnes russes», «le marché a poursuivi son cheminement maniaco-dépressif», a estimé Frederic Dickson, de DA Davidson. L'indice vedette de Wall Street a, de nouveau, été agité par une volatilité exceptionelle. Lundi, portée par les interventions spectaculaires des gouvernements européens et américain au secours des banques, il s'envolait de 11,08%, du jamais vu depuis les années 30. Mercredi, il finissait sur une chute de 7,87%, la pire depuis plus de 20 ans, alors que les craintes de récession ressurgisseaient. Et si les chiffres de clôtures des autres séances paraissent moins spectaculaires, ils masquent des évolutions dans une fourchette considérable d'environ 800 points. Dans le vert, à l'issue de cette semaine mouvementée, la place new-yorkaise «aborde la semaine prochaine sur un note plus optimiste», soupire Lindsey Piegza, de FTN Financial. «C'est un marché qui cherche un plancher. Pour l'instant, il semble qu'on ait trouvé un équilibre», renchérit Gregori Volokhine, de Meeschaert New York, pour qui le rebond «durera si on commence à voir les effets des interventions des autorités sur le marché du crédit et les échanges interbancaires». Signe du timide retour des investisseurs vers les actions, le marché obligataire a baissé. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a avancé à 3,938%, contre 3,861% vendredi dernier, celui à 30 ans à 4,312%, contre 4,137%. Autre indice que le pire est peut être passé, le milliardaire américain Warren Buffett a claironné, vendredi, qu'il «achète américain». «Une règle simple dicte mes achats: être craintif quand les autres sont cupides et cupide quand les autres sont craintifs. Et ce qui est sûr, c'est que la peur est répandue en ce moment et paralyse, même, les investisseurs aguerris», a-t-il expliqué. «On commence à sortir de cette crise financière, peu importe ce que ça coûtera», veut croire Mme Piegza. Et dans un agenda macro-économique presque vierge, «le marché va pouvoir souffler un bon coup», ajoute-elle. Seul indicateur attendu la semaine prochaine: les ventes de logements anciens pour septembre, vendredi. En revanche, les entreprises vont dévoiler une salve de résultats trimestriels, très abondants dans tous les secteurs. Quelques exemples: le constructeur aéronautique Boeing, la firme automobile Ford, la chaîne de fast-food McDonald's, le groupe informatique Apple et internet Yahoo !, le laboratoire Pfizer. Pour l'instant, les résultats annoncés «sont satisfaisants pour une économie qui ralentit», note M. Volokhine qui souligne, cependant, que les chiffres publiés portent sur des activités ayant précédé l'aggravation de la crise financière. «La bonne nouvelle, c'est qu'on ne voit pas d'entreprise arriver avec un discours extrêmement inquiétant sur le prochain trimestre», ajoute l'analyste de Meeschaert. «Mais c'est, surtout, parce qu'elles n'ont pas de visibilité et qu'elles sont très prudentes : le marché est très fragile et il s'agit de ne pas le casser», nuance-t-il.