Après son excès de faiblesse lundi, le pétrole rebondissait hier, le marché espérant que la baisse attendue des taux d'intérêt aux Etats-Unis fera baisser le dollar et favorisera la demande d'or noir. Vers 11h00 GMT, le contrat avril sur le brut léger américain gagnait 1,67 dollar, soit 1,58%, à 107,35 dollars le baril et le Brent prenait 1,87 dollar (+1,84%) à 103,62 dollars. En effet, les investisseurs attendaient hier (18h15) la décision de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine, qui pourrait ramener son principal taux d'intérêt à 2% pour soutenir la croissance et tenter d'apaiser les craintes suscitées par la crise du crédit. "La réunion de la Fed sera le point central des investisseurs dans de nombreuses classes d'actifs aujourd'hui", explique Mike Wittner, analyste à la Société générale. "Si la décision de la Fed se traduit par une nouvelle baisse du dollar, ce sera très favorable au pétrole à court terme". "Ce que fait la Fed a des répercussions sur le dollar, et puisque le dollar s'affaiblit, l'intérêt pour les actifs lourds tels que le pétrole, ou les valeurs sûres telles que l'or va redoubler", estimait Jim Ritterbusch, président de Ritterbush & Associates. Lundi, une sévère dégringolade des Bourses, provoquée par le rachat à un prix dérisoire de la banque Bearn Stearns, avait valu au marché pétrolier de clôturer en baisse de quatre dollars, "ce qui représente l'une des plus fortes baisses en dollars depuis le début des années 1990", selon le cabinet John Hall. Ce repli avait mis un coup d'arrêt à une flambée pétrolière de dix jours, ayant culminé sur un double record lundi : les prix avaient touché 111,80 dollars à New York et 107,97 dollars à Londres. Lundi soir, à New York, les cours du baril de pétrole ont même chuté de plus de quatre dollars, en raison de craintes d'une baisse de la consommation énergétique, dans un contexte de ralentissement économique mondial. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en avril a fini à 105,68 dollars, en baisse de 4,53 dollars par rapport à sa clôture vendredi. Pour David Moore, analyste à la Commonwealth Bank of Australia, "les inquiétudes qui pèsent sur le système financier international et les risques de récession aux Etats-Unis qui y sont liés, pèsent sur le marché". L'écroulement du dollar avait entraîné, jusqu'à l'ouverture du marché new-yorkais lundi, une ruée des investisseurs possédant d'autres devises vers les marchés des matières premières, considérées alors comme un havre de paix face à l'instabilité des Bourses. Cependant, les craintes d'une entrée en récession de l'économie américaine sont en train de "couper l'appétit" des investisseurs pour les matières premières, selon Bart Melek de BMO Capital. "Le pétrole descend de son nuage et renoue avec la réalité", a commenté Phil Flynn, analyste au cabinet Alaron Trading. Par ailleurs, certains analystes jugent que certains facteurs peuvent alimenter une poursuite de la baisse du pétrole. "Avec la chasse aux liquidités en cours et la surévaluation de certaines matières premières, il faut s'attendre à ce que les prises de profit continuent", estimait ainsi Olivier Jakob, analyste spécialisé de Petromatrix. Autre facteur défavorable au brut, le net recul des prix des produits raffinés au cours des dernières séances, qui ampute les marges des raffineurs. Les stocks d'essence aux Etats-Unis se situent à leur plus haut niveau depuis 15 ans et le marché n'anticipe qu'une baisse de 300 000 barils de ces réserves sur la semaine écoulée. Les statistiques hebdomadaires seront publiées aujourd'hui à 14h30 GMT.