Il y a près d'un an, en novembre 2007, la presse annonçait un projet d'exportation d'électricité solaire, d'Algérie à destination de l'Allemagne, via un câble de 3 000 km de long. L'information avait été révélée à l'occasion d'une conférence algéro-allemande sur le thème «Sécurité énergétique et changement climatique, un défi pour l'Allemagne et l'Algérie», organisée à l'hôtel Sheraton, en présence du président de la République fédérale d'Allemagne, M. Horst Kohler, alors en visite à Alger, et du chef du gouvernement algérien, à l'époque, Abdelaziz Belkhadem. Les journalistes qui ont couvert l'événement avaient rapporté tous les menus détails du projet concernant l'installation des centrales solaires dans le Sud algérien, d'une capacité de production d'électricité pouvant atteindre 6 000 mégawatts (MW), avec un budget oscillant entre 12 et 18 milliards d'euros et concernant, également, la liaison par câble de 3 000 km qui relierait la ville d'Adrar à Aachen (Aix-la-Chapelle), en traversant la Sardaigne, l'Italie du Nord et la Suisse, et dont le coût était estimé à 2 milliards d'euros. Les journalistes donnaient les sources de l'information : le directeur général de New Energy Algeria (NEAL) et (sans précision) l'agence spatiale allemande. Selon les comptes rendus, ce projet revêt une portée stratégique, puisqu'il doit assurer la diversification des ressources d'énergie importées par l'Union européenne et la sécurisation des sources d'approvisionnement en énergie électrique. Seule réserve, de taille cependant, émise par les journalistes : le projet était dans l'attente de l'accord des responsables politiques des deux parties, ainsi que du consortium d'investisseurs appelé à acheter cette électricité solaire. Un an après, le 19 octobre 2008, dans le même hôtel Sheraton, aussi bien du côté algérien (le ministre chargé de l'Environnement) que du côté allemand (l'ambassadeur à Alger), on avoue ne pas connaître grand-chose sur l'évolution de ce projet. Interrogé à ce sujet, à l'occasion du premier salon algéro-allemand de l'environnement, l'ambassadeur d'Allemagne, Johannes Westerhoff, a précisé qu'il n'y a pas de technologie pour transporter de l'énergie sur une aussi longue distance, il faut, a-t-il ajouté, une recherche énorme, qui demande beaucoup d'investissements. Le projet est réaliste mais il est difficile de définir l'horizon dans lequel il sera concrétisé, a conclu l'ambassadeur d'Allemagne. La liaison Afrique-Europe, à travers un réseau d'électricité solaire qui passe par la Méditerranée, reste du domaine du rêve. «Clean power from desert», un projet mort-né ? Cela n'empêche pas l'Algérie de poursuivre son objectif, qui est de produire 5 % de son électricité à partir de l'énergie solaire, d'ici à 2015. Dans cette perspective, une centrale hybride combinant l'énergie solaire et le gaz naturel, la première à l'échelle mondiale, sera mise en service à Hassi R'mel, en 2010, selon les prévisions du ministère de l'Energie et des Mines. Elle produira 180 MW. Le coût de la réalisation, confiée à une société mixte algéro-espagnole, constituée entre NEAL et Abenar, est estimé à 350 millions de dollars. L'Algérie compte sur l'Allemagne pour atteindre son objectif en matière d'énergie solaire. En janvier dernier, à Bruxelles, un accord de coopération a été signé entre le Centre Helmholtz de recherche aérospatiale (DLR) et NEAL, pour la recherche dans le domaine de l'énergie solaire thermodynamique. Par ailleurs, l'Unité de développement de la technologie du silicium (UDTS) algérienne et la société allemande, Sonnergy GmbH, ont décidé de créer une société commune pour développer l'énergie solaire en Algérie. Les Allemands sont intéressés par le marché algérien des énergies renouvelables, qu'ils qualifient de très dynamique. Preuve de cet intérêt : la Chambre algéro-allemande de commerce et d'industrie (AHK Algérie) organisera de nouveau, du 30 novembre au 3 décembre 2008, en collaboration avec l'Agence allemande de l'énergie (Dena), un séminaire sur le thème des énergies renouvelables et, plus particulièrement, celui de l'énergie solaire, avec la participation d'une délégation d'hommes d'affaires allemands.