Le projet Desertec est évalué à 400 milliards d'euros pour une vingtaine de centrales solaires de 5 GW chacune. L'électricité serait transportée par des câbles sous-marins pour fournir 15 % des besoins de l'Europe en énergie. L'idée d'exporter de l'électricité solaire d'Adrar à Aachen (Aix La Chapelle en Allemagne), via un câble de 3 000 km de long, avait été annoncée en novembre 2007 par le directeur général de New Energy Algeria (NEAL) et par l'agence spatiale allemande. La «portée stratégique» du projet, avait-on dit, est liée à la volonté de diversification des ressources d'énergie importées par l'Union européenne (UE) et la sécurisation des sources d'approvisionnement en énergie électrique. A l'époque, les responsables politiques des deux parties ne s'étaient pas prononcés. En octobre 2008, à l'occasion du premier Salon algéro-allemand de l'environnement, il est apparu que l'écueil qui empêchait le lancement du projet était d'ordre financier. En juin 2009, un communiqué de l'Ecole supérieure spécialisée d'Aix-la-Chapelle révélait que l'Institut solaire de Jülich (SIJ) allait commencer, sur la demande du gouvernement algérien, notamment, une étude de faisabilité pour la construction d'une tour solaire thermique en Algérie. Un mois après, en juillet 2009, à Munich, en Allemagne, une douzaine de groupe industriels, des acteurs européens du solaire thermique, ont procédé à la signature d'un contrat pour la création du cabinet d'études Desertec Industrial Initiative (DII) dont la tâche est de démontrer la viabilité économique du projet, trouver les lieux d'implantation selon des critères de viabilité et chercher le financement du projet. Les géants nationaux de l'énergie que sont Sonatrach et Sonelgaz et le principal instrument de l'Etat en matière d'innovation énergétique, l'APRUE (Agence pour la promotion et la rationalisation de l'utilisation de l'énergie) n'étaient pas à Munich. La tentative de faire passer ce projet pour partenariat impliquant les pays africains n'a pas réussi. Certains experts ont affirmé que l'Union africaine ne veut pas de ce projet dans cette forme. Dans ce projet, seul le désert qui reçoit les rayons du soleil est africain. L'idée est allemande comme les besoins en électricité, la technologie aussi et le financement pourrait être européen. Le ministre de l'Energie et des Mines a révélé qu'un forcing était fait par l'Allemagne, l'Espagne, la Banque mondiale, des organisations régionales, pour amener l'Algérie à «harmoniser» ses lois et sa réglementation afin de faciliter l'entrée de leurs équipements solaires dans notre pays. Cette démarche découle de la volonté des pays industrialisés touchés par la crise de se réorienter vers l'économie verte. La promotion d'une nouvelle base économique, verte, leur permettrait d'exporter le matériel, l'équipement et le savoir faire liés aux énergies renouvelables. Dans ce sens, a expliqué Chakib Khelil, ils font tout pour développer ce marché. Ainsi, au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Egypte, ils cherchent à développer les infrastructures solaires. A ceux qui veulent promouvoir la production d'électricité solaire dans le désert algérien, l'Algérie demande un véritable transfert de technologie et l'assurance que l'électricité produite trouvera preneur. Le ministre fait remarquer que l'Algérie a du mal à exporter son gaz, qu'est-ce que ce sera avec l'électricité solaire.