La chef du parti au pouvoir en Israël, Tzipi Livni, s'apprêtait hier à se prononcer en faveur d'élections anticipées au début de 2009 après avoir échoué à constituer une coalition gouvernementale. «Je ne suis pas prête à céder à des chantages politiques et budgétaires. C'est pourquoi nous nous dirigeons vers des élections. Je n'en ai pas peur», a déclaré la ministre des Affaires étrangères et dirigeante du Kadima (centre) dans une brève interview au quotidien Haaretz. Mme Livni devait rencontrer en fin d'après-midi, à Jérusalem, le président Shimon Peres afin de lui faire part officiellement de sa décision, après un report de plusieurs heures à la demande de la présidente de la Knesset Dalia Yitzhik, membre de son parti, dans une ultime tentative de former un gouvernement, selon les médias. Elle a ainsi tiré la conclusion de plus d'un mois de tractations vaines avec plusieurs partis pour sortir de la crise politique. Son sort a été scellé par la défection ces derniers jours des ultra-orthodoxes du Shass (12 députés sur les 120 de la Knesset) et de la Liste Unifiée de la Torah (6 députés). Ces deux formations, dont l'appui était indispensable pour dégager une majorité au Parlement, avaient exigé de Mme Livni qu'elle s'engage par écrit à ne mener aucune négociation avec les Palestiniens sur la question ultra-sensible de Jérusalem-est annexé par Israël. Elles avaient réclamé par ailleurs une forte augmentation des allocations familiales, qui avaient été réduites ces dernières années, notamment par des gouvernements de droite. Le député du Kadima Tzahi Hanegbi, chargé de mener les tractations politiques, a justifié l'attitude de la dirigeante de son parti. «Elle a décidé qu'elle n'était pas prête à payer n'importe quel prix sur le compte de l'Etat pour constituer une coalition de gens qui se livrent à des chantages», a expliqué à la radio le président de la commission de la Défense et des Affaires étrangères. «Si elle avait accepté de céder sur Jérusalem, toute possibilité de négociations avec les Palestiniens et la Syrie aurait été bloquée. Il aurait été irresponsable de laisser des rabbins ayant des positions extrémistes décider pour Israël», a ajouté Tzahi Hanegbi. Certains commentateurs, dans les médias, ont estimé que le refus de Tzipi Livni de céder aux exigences des partis pourrait lui permettre de renforcer sa popularité et son image de «Madame propre» de la politique israélienne. D'autres ont souligné que Livni, qui d'ores et déjà est accusée par ses adversaires de manquer d'expérience politique, pourrait pâtir de son échec à constituer un gouvernment. Selon les sondages publiés ces derniers mois, le dirigeant de l'opposition de droite, l'ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu, était le mieux placé pour succéder au Premier ministre Ehud Olmert. Mais son avance a eu tendance à se réduire face au Kadima depuis que Mme Livni en a pris la direction, le mois dernier, après le retrait de M. Olmert englué dans des affaires de corruption. Aux termes de la procédure électorale, le président Peres doit mener trois jours de consultations. S'il lui apparaît impossible de former un gouvernement, il doit l'annoncer à la présidente de la Knesset, Dalia Yitzhik. C'est à ce moment que commence un décompte de 90 jours pour la tenue d'élections législatives. Selon les médias, le scrutin devrait se tenir se tenir fin janvier ou courant février. Sur le papier, Mme Livni pourrait constituer une équipe minoritaire, se basant notamment sur le soutien des députés de la minorité arabe, mais elle a écarté cette option dans le passé.