La centriste Tzipi Livni et le chef de la droite Benjamin Netanyahu ont chacun revendiqué le droit de diriger le prochain gouvernement d'Israël à l'issue d'élections législatives qui n'ont pas désigné de vainqueur clair, mardi soir. Selon les mêmes projections, le Likoud de Netanyahu serait crédité de 28 élus, mais il compte sur le vote des soldats, traditionnellement en sa faveur, qui n'était pas pris en compte dans ces évaluations chiffrées. L'incertitude étant de mise après une campagne qui a été largement éclipsée par l'intervention militaire dans la bande de Ghaza en janvier, chaque camp a tenté de revendiquer la victoire par anticipation. Netanyahu, donné favori avant le début du scrutin, a affirmé que son parti allait prendre la tête de la prochaine coalition gouvernementale. S'exprimant devant ses partisans mardi soir, l'ancien chef du gouvernement a déclaré qu'il sera le prochain Premier ministre d'Israël avec «l'aide de Dieu». «Avec l'aide de Dieu, je dirigerai le prochain gouvernement», a dit l'ancien chef du gouvernement, estimant que le Likoud dispose d'assez de sièges à la Knesset pour former une majorité gouvernementale. «Je me tournerai vers nos partenaires naturels dans le camp nationaliste (pour former un gouvernement)», a dit Netanyahu. «Demain matin, quand le vote des militaires sera comptabilisé, nous serons en tête, largement en tête», a affirmé un député du Likoud, Yuval Steinitz. «Le camp nationaliste a remporté une grande victoire.» Tempérant cette ardeur, Livni est intervenue pour tendre la main à son adversaire de droite et l'appeler à rejoindre un gouvernement d'union qu'elle dirigerait en tant que chef de file des centristes. Dans une conférence de presse, Livni a demandé à Netanyahu de respecter le choix des Israéliens qui, selon elle, ont souhaité que le parti Kadima dirige le futur gouvernement. La télévision israélienne effectuait, elle aussi, des projections et donnait 64 sièges à l'ensemble des formations de droite tandis que le centre et la gauche réuniraient 56 élus. Cette répartition pourrait inciter le président Shimon Peres à rompre avec la tradition et à désigner Netanyahu comme chef du gouvernement. «Cela ne sera pas facile, mais le peuple israélien s'est exprimé, et c'est Livni», a estimé un responsable centriste, rappelant qu'il incombait au chef du parti arrivé en tête de diriger le gouvernement. Brouillant les cartes d'un jeu déjà compliqué, le leader du parti d'extrême-droite Yisraël Beitenu, Avigdor Lieberman, s'est déclaré ouvert à une alliance gouvernementale avec le parti Kadima comme avec le bloc de droite. Le parti de Lieberman est arrivé troisième mardi : les projections lui accordaient 16 sièges, reléguant en quatrième position le Parti travailliste du ministre de la Défense Ehud Barak. «Nous n'excluons personne», a assuré Lieberman à ses partisans. Toutefois, a-t-il souligné, son «souhait fondamental» est un gouvernement «nationaliste». Le grand perdant de ces élections est Ehud Barak dont la formation n'obtiendrait que 12 sièges. Indépendamment du résultat final, ces tendances suggèrent un succès spectaculaire de Livni, qui ambitionne de devenir la première femme chef du gouvernement en Israël depuis Golda Meir dans les années 1970, et une désillusion pour le Likoud de Netanyahou, donné en tête depuis des semaines dans les sondages. Lors de l'annonce des premières tendances, les partisans de Livni dansaient et se congratulaient au siège de Kadima. Selon Mark Heller, politologue à l'Université de Tel-Aviv, la victoire de Livni «montre que beaucoup de gens ont été refroidis à la dernière minute par l'idée de voir Netanyahu devenir Premier ministre».