Le candidat démocrate à la Maison Blanche Barack Obama est crédité de 11 points d'avance sur son adversaire républicain John McCain, dans un sondage Gallup à paraître lundi dans USA Today. Le candidat démocrate est crédité de 55% d'intentions de vote contre 44% pour M. McCain ou de 53% contre 42%, selon la méthodologie utilisée pour réaliser ce sondage diffusé à la veille de l'élection présidentielle. 73% des électeurs démocrates se disent enthousiasmés par la campagne de leur candidat contre 59% des électeurs républicains. Il s'agit du dernier sondage publié par Gallup avant l'élection. L'institut estime «improbable» un retournement de tendance à ce stade. S'il fallait se fier aux sondages, l'issue de l'élection présidentielle américaine ne ferait aucun doute. Les quelque 200 sondages publiés au cours des six dernières semaines donnent tous le démocrate Barack Obama vainqueur. Pourtant, à 24 heures du scrutin, personne ne se hasarde, y compris dans le camp démocrate, à dire que les jeux sont faits. Les sondages publiés dimanche confirmaient ceux des jours précédents. M. Obama, premier candidat noir aux portes de la Maison Blanche, était crédité d'une avance de 5 à 9 points selon les différents instituts. Le site spécialisé indépendant RealClearPolitics (RCP), qui réalise une moyenne des sondages publiés, accordait un avantage de plus de 6 points au candidat démocrate. Cependant plusieurs facteurs viennent tempérer les pronostics des sondages. Il y a d'abord la complexité du mode de scrutin américain. L'élection présidentielle se joue moins au niveau national que dans chacun des 50 Etats. Un candidat peut gagner le vote populaire et perdre la Maison Blanche. Cette mésaventure est arrivée en 2000 au démocrate Al Gore qui a perdu la présidentielle face à George W. Bush alors qu'il avait rassemblé plus de suffrages que son adversaire. Si un candidat gagne, même d'un cheveu, dans une poignée d'Etats clefs, il peut faire la différence en remportant tous les grands électeurs de ces Etats. C'est ce que vise le républicain John McCain en jetant toutes ses forces dans des Etats comme l'Ohio et la Pennsylvanie qui comptent à eux seuls 41 grands électeurs. Il y a au total 538 grands électeurs et il en faut au moins 270 pour être élu président. Une autre inconnue se réfère au célèbre «effet Bradley», du nom de Tom Bradley, l'ancien maire noir de Los Angeles qui perdit à la surprise générale l'élection au poste de gouverneur de Californie en 1982 en raison de la couleur de sa peau. Une partie des sondés n'oseraient pas avouer qu'en aucune circonstance ils ne voteraient pas pour un Noir et tromperaient ainsi les instituts de sondages. Beaucoup d'e perts doutent cependant de l'existence même de l'»effet Bradley» et soulignent que l'opinion a évolué depuis le début des années 80. La méthodologie des sondeurs est également parfois mise en cause. Les sondeurs surestimeraient la participation des Noirs et des jeunes. Selon le camp républicain, la participation à l'élection devrait bien être importante mais ce sont toutes les catégories d'électeurs qui vont se mobiliser et cela devrait atténuer l'importance du «vote noir». Enfin, il est arrivé, par le passé, que les instituts de sondage se trompent. Ainsi, en janvier dernier, durant les primaires démocrates, M. Obama était donné favori dans le New Hampshire mais c'est sa rivale Hillary Clinton qui a remporté l'élection. «A ceux qui sont trop sûrs de soi, j'aurai deux mots: New Hampshire», répète à l'envi M. Obama à ses partisans. Chacun se souvient qu'en 1948, les sondeurs avaient prédit la victoire du républicain Thomas Dewey, en tête durant toute la campagne, et n'avaient pas pressenti le sursaut tardif du démocrate Harry Truman, finalement élu à la Maison Blanche. «Tous les signaux indiquent que nous nous dirigeons vers une élection qui pourrait être trop serrée pour désigner un vainqueur d'ici mardi», a affirmé Bill McInturff, responsable des études d'opinion dans le camp républicain. Mais, depuis 1948, il n'est jamais advenu qu'un candidat annoncé battu par plus de 5 points à une semaine du scrutin présidentiel inverse la tendance. Selon Allan Lichtman, un historien spécialiste des élections présidentielles à l'American University de Washington, «les retournements de situation de dernière minute n'existent pas». «Chaque candidat qui est à la traîne veut vous raconter l'histoire de Harry Truman. Mais il n'y a pas eu de Harry Truman depuis 60 ans», dit-il.