Lors du 13e Salon international du livre -qui ferme ses portes aujourd'hui-, un livre s'est littéralement fait arracher par les lecteurs algériens : les Rêves de mon père, document autobiographique signé Barack Obama, paru chez Nouveaux Horizons. Publié une première fois, il y a maintenant une dizaine d'années, le livre a été réédité cette année, en pleine campagne présidentielle. Bien évidemment, les conseillers en communication de son adversaire, John McCain ont décortiqué le livre pour tenter d'y déceler une faille mais cela était peine perdue. Origines africaines Sans fioritures ni langue de bois, Barack Obama a choisi, à travers ce récit autobiographique, d'ouvrir pour le lecteur la boîte à souvenirs, celle-là, qu'on cache précieusement au fond de l'armoire et que l'on n'ouvre que, quelques fois, quand la nostalgie devient intenable. Alors qu'il en était sceptique, Obama a réussi à se raconter et à raconter sa fulgurante ascension, sans jamais nous ennuyer avec un style pompeux ou académique. Le récit en question est gorgé de sensibilité. Né le 4 août 1961, à Honolulu, d'un père kényan et d'une mère blanche américaine, Barack Hussein Obama II a grandi avec un double héritage culturel et identitaire. Loin d'être facile à porter par un enfant, dans une société américaine des années 1960, sa couleur de peau sera, très vite son atout gagnant. Même si les Blancs ont richesse et pouvoir, cela n'empêchera pas le jeune métis d'assumer pleinement ses origines africaines. Une intelligence filiale Le grand-père de Barack Onyango était doté d'une grande intelligence. Conscient de la supériorité des Blancs dans, quasiment, tous les domaines, il ne cessera d'imposer à sa famille leur façon de vivre. Sa maison sera toujours impeccable, tandis que ses enfants, vêtus à l'occidentale. Quant aux études, il en fera son principal cheval de bataille. Ainsi, le père de Barack Obama sera diplômé de Harvard et occupera un poste important au gouvernement kenyan. «En 1959, à l'âge de vingt-trois ans, il arriva à l'université de Hawaï. C'était le premier étudiant africain accueilli dans cette institution. Il y étudia l'économétrie, et obtint son diplôme en trois ans, à la tête de sa classe(…). Il obtint une nouvelle bourse, cette fois pour poursuivre son Ph.D., son doctorat à Harvard…», écrit Obama, à propos de son père en page 27. Barack Obama, lui-même, suivra des études de droit à la faculté de droit de Harvard (Harvard Law School) dont il sera diplômé avec la mention «magna cum laude» (équivalent de Très bien). Premiers pas dans la vie politique «En 1983, je décidais de devenir organisateur de communautés. Il n'existait pas beaucoup d'informations concrètes sur ce concept ; personne de ma connaissance n'exerçait ce métier. Quand mes amis, à l'université, me demandaient quel était le rôle d'un organisateur de communautés, je n'étais pas capable de leur répondre directement : Je discourais sur la nécessité du changement. Du changement à la Maison-Blanche, où Reagan et ses sous-fifres se livraient à leur sale besogne. Du changement au Congrès, qui était complaisant et corrompu. Du changement dans l'état d'esprit du pays, obsessionnel et centré sur lui-même. Le changement ne viendra pas d'en haut, disais-je. Le changement ne viendra que de la base, c'est pourquoi il faut la mobiliser. Voilà ce que je vais faire. Je vais travailler à organiser les Noirs. La base. Pour le changement (…).Finalement, une société de conseil financier pour multinationales accepta de m'embaucher comme assistant de recherche (…).J'étais le seul homme noir de la société. Ike, l'agent de sécurité noir bourru qui officiait dans le hall, n'y alla pas par quatre chemins et me dit tout net que je commettais une erreur. «Organisateur ? C'est un genre de politique, c'est ça ? Pourquoi vous voulez faire un truc comme ça ?» J'essayai de lui expliquer mes idées politiques, combien il était important de mobiliser les pauvres et de redistribuer les richesses à la communauté» (p. 151 à 153). Le sénateur de l'Illinois candidat à la présidentielle Soutenu par sa femme, Michelle, brillante avocate, et figure influente du Parti démocrate local, Barack Obama, est élu en 1996 au Sénat de l'Etat de l'Illinois. «Ce fut une course difficile, au milieu d'une foule de candidats bien dotés financièrement, doués et célèbres. Sans soutien d'une quelconque organisation, sans fortune personnelle, Noir et portant un nom bizarre, j'étais considéré comme un outsider» (P. 8). Ainsi, tant à l'échelle locale, nationale qu'internationale, Barack Obama se fera remarquer par l'opinion, et ses certaines de ses prises de positions, lui serviront de référence lors de sa campagne pour l'investiture de l'élection présidentielle américaine de 2008. Ce récit passionnant dans lequel Obama parle de sa sœur Auma, de ses proches, de l'absence du père, retourné en Afrique et de beaucoup d'autres pans de sa vie, dévoile aussi les interrogations, les blessures, les victoires et les défaites d'un homme de couleur qui n'a jamais cessé d'œuvrer pour la cohabitations de toutes les communautés qui constituent l'Amérique d'aujourd'hui. A lire. Hassina A. Barack Obama, les Rêves de mon père (Document), éd. Nouveaux Horizons, Paris 2008, 454 pages, 900 DA.