Les pays arabes modérés se sont ouverts aux Etats-Unis et à l'Union européenne de leurs inquiétudes concernant l'influence croissante de l'Iran au Moyen-Orient. Cet échange a eu lieu à Charm El-Cheikh, en marge d'une réunion du «quartet» des médiateurs internationaux pour le Proche-Orient visant à faire le point du processus de paix israélo-palestinien un an après la conférence d'Annapolis. Ont participé à la discussion sur l'Iran, les ministres des Affaires étrangères d'Egypte, des Emirats arabes unis, de Bahreïn, du Maroc et de Jordanie ainsi que la secrétaire d'Etat américaine Condoleeza Rice, l'émissaire diplomatique européen Javier Solana et Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères, dont le pays préside l'UE. Solana a déclaré aux participants que les négociations des grandes puissances avec l'Iran sur son programme nucléaire étaient «dans une impasse» et qu'il attendait une réponse de son interlocuteur iranien Saeed Jalili à sa proposition de le rencontrer à nouveau, pour la première fois depuis juillet. Selon un participant à cet échange de vues qui souhaite garder l'anonymat, le chef de la diplomatie jordanienne a surpris par sa vigueur en soulignant que, si le dossier du nucléaire iranien était devenu un problème pour les Occidentaux, «la quête hégémonique de l'Iran» dans la région constituait depuis longtemps aux yeux des Arabes la véritable «crise». Il a notamment dénoncé l'accroissement de l'influence du régime théocratique de Téhéran en Irak, au Liban, en Syrie et auprès de groupes radicaux palestiniens comme le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza. Selon le même participant, Solana et Kouchner ont semblé surpris de la franchise et de la véhémence des ministres arabes dans la formulation de leurs griefs. Un responsable américain a pour sa part déclaré que Rice avait pris note de la crainte de la part des pays arabes modérés que l'Occident, et particulièrement les Européens, négligent leurs préoccupations face aux appétits régionaux prêtés à l'Iran chiite. Selon Solana, cette réunion avec les ministres arabes s'est tenue à leur propre demande à la faveur de la présence dans la station balnéaire égyptienne de la mer Rouge des membres occidentaux du «quartet» de médiateurs pour le Proche-Orient. Celui-ci est composé des Etats-Unis, de l'Union européenne, de la Russie et des Nations unies. Mais le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, qui participé à la réunion du «quartet» n'a pas pris part à celle avec les ministres arabes. Face à Téhéran, Solana représente six puissances – France, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne, Chine et Russie – qui pressent l'Iran de cesser ses activités nucléaires sensibles sous peine de nouvelles sanctions, auxquelles Pékin et Moscou se montrent toutefois réticents. Lors de sa première conférence de presse depuis son élection à la présidence américaine, Barack Obama a jugé vendredi «inacceptable» la mise au point éventuelle par l'Iran de l'arme nucléaire et exhorté la communauté internationale à l'empêcher. Le président du parlement iranien, Ali Larijani, lui a répondu en l'invitant à «un changement changement fondamental» d'attitude, soulignant que «réitérer les objections au programme nucléaire iranien serait accomplir un pas dans la mauvaise direction». Lors de sa campagne électorale, Obama n'a pas exclu de discuter directement avec les dirigeants iraniens, y compris du dossier nucléaire.