La guerre des chiffres déclenchée entre les syndicats autonomes, initiateurs d'une série de grèves, et les ministères de tutelles ne cesse de s'élargir. Après le taux de 4% avancé par le ministre de l'Education nationale, M. Boubekeur Benbouzid, au premier jour de la grève en disant que la grève est une guerre de leadership entre les syndicats, c'est au tour du ministère de la Santé d'annoncer un chiffre de 4,48% qui selon lequel est le taux suivi par les travailleurs des centres hospitalo-universitaires. Les syndicats autonomes, en revanche, ne sont pas du même avis. Ils avancent, quant à eux, un taux de suivi qui varie entre 90% dans le secteur de la santé enregistré à travers le territoire national et entre 60 à 65% pour le secteur de l'éducation. De son côté, le représentant du Syndicat national des praticiens de la santé publique, M. Merrabet, a qualifié le chiffre annoncé par le département de la Santé de «ridicule». «Le ministre de la Santé est libre d'avancer le chiffre qu'il veut, quand on est réaliste et objectif, on devient à leurs yeux indésirables», a martelé M. Merrabet qui a qualifié de ridicule, voire déplorable une telle annonce au moment même où le mouvement de grève a paralysé les établissements de la santé sur le territoire national, atteignant un taux de 90%. Il a, toutefois, ajouté que les problèmes ne se règlent pas en se jetant dans une telle bataille des chiffres, bien au contraire, il faut trouver une solution dans les plus brefs délais, en commençant par améliorer la situation socioprofessionnelle des travailleurs du secteur, sinon la situation risque de s'aggraver. L'ouverture immédiate du dossier du régime indemnitaire demeure le point commun que revendiquent les syndicats des deux secteurs de l'éducation et de la santé. «Je n'arrive pas à comprendre pour quelle raison, ils nous demandent d'attendre l'année 2009 pour avoir un nouveau régime indemnitaire», s'interroge M. Merrabet qui ajoute que la balle est maintenant dans le camp des pouvoirs publics pour solutionner le problème. «Il faut d'abord reconnaître les syndicats autonomes comme un partenaire social afin de négocier les problèmes qui existent entre les deux parties», tient-t-il à préciser. Au Centre hospitalo-universitaire (CHU) MustaphaPacha d'Alger comme à l'hôpital de Bab El-Oued (ex-Maillot) et celui de Parnet à Hussein Dey, seulement les urgences assurent le service minimum. Lors de notre virée hier à l'hôpital Mustapha-Pacha, nous avions constaté que tous les services étaient en grève y compris les blocs opératoires. Les maîtres-assistants, les professeurs ont répondu favorablement à l'appel de la grève lancée par les syndicats de la santé. Le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) a, quant à lui, estimé qu'à travers ce mouvement de grève, les médecins spécialistes espèrent voir leur situation socioprofessionnelle s'améliorer ainsi qu'avoir une reconnaissance, par les pouvoirs publics, des syndicats autonomes de la Fonction publique comme partenaires à part entière. Cela dit, «la revalorisation du point indiciaire afin d'améliorer le pouvoir d'achat des fonctionnaires» et l'ouverture des négociations sur le régime indemnitaire sont les deux essentiels des grévistes. Les syndicats autonomes représentant le secteur de la santé menacent de recourir à des actions plus radicales dans le cas où leurs revendications ne sont pas satisfaites.