Les marchés boursiers sont repassés dans le rouge mardi, l'optimisme suscité par le plan de relance en Chine s'effaçant au profit des craintes pour la santé des entreprises, en particulier pour le géant automobile américain General Motors au bord du dépôt de bilan. Après les marchés asiatiques, les places européennes ont décroché à l'ouverture : Paris perdait 1,49%, Londres 0,98% et Francfort 0,82%, après des hausses modérées la veille. Les Bourses du Golfe ont également ouvert en baisse, Dubaï cédant 6% et le Kuwait Stock Exchange 1,3%, en attendant l'ouverture du marché saoudien. La Bourse de Tokyo, qui avait flambé lundi après l'annonce par Pékin d'un plan de relance de l'économie de 4 000 milliards de yuans (455 milliards d'euros) jusqu'à la fin 2010, a terminé en recul de 3%. Shanghai a clôturé en baisse de 1,66%, alors que Hong Kong lâchait 0,59% à la mi-séance après avoir oscillé toute la matinée entre le rouge et le vert. Le plan de relance chinois «a eu un effet à court terme. Les marchés qui ont bondi avec la nouvelle vont se corriger par la suite», a commenté un courtier à la Bourse de Singapour, cité par Dow Jones Newswires. L'optimisme faisait également long feu sur le marché pétrolier, où le cours du baril est reparti à la baisse mardi dans les échanges électroniques en Asie. Dans les échanges matinaux, le prix du baril de «Light sweet crude» pour livraison en décembre reculait de 1,48 dollar à 60,93 dollars le baril. Samedi, les chefs d'Etat et de gouvernement du G20, qui rassemble les pays les plus industrialisés et les grandes économies émergentes, se réuniront à Washington pour un sommet visant à amorcer la réforme du système financier international. Au Japon, le ministère des Finances a annoncé une fuite sans précédent des investisseurs non-résidents hors des marchés d'actions et d'obligations en octobre, pour un total de 3 981,3 milliards de yens (31,1 milliards d'euros), alors que les gros fonds spéculatifs étrangers réduisaient massivement leur exposition sur fond de panique boursière généralisée. A la Bourse de New York, l'indice Dow Jones a perdu lundi 0,82% et le Nasdaq 1,86%, sur un marché plombé par le titre General Motors (GM) qui a dévissé de 23% pour retomber à son niveau de juste après la Seconde Guerre mondiale. Les investisseurs craignent que les actionnaires de GM se retrouvent sur le carreau en cas de dépôt de bilan. Les analystes de la Deutsche Bank ont même estimé lundi que le cours de l'action pourrait chuter à zéro dollar. Le colosse de Detroit, qui emploie un quart de million de personnes et dont l'effondrement aurait des conséquences graves pour l'économie mondiale, avait reconnu vendredi être menacé d'une crise imminente de liquidités, qui l'a conduit à abandonner son projet de rachat de Chrysler et à lancer un appel à l'aide «indispensable» au gouvernement fédéral américain. Washington a, par ailleurs, décidé lundi de porter à un montant sans précédent - plus de 150 milliards de dollars - l'aide à l'assureur AIG, en situation précaire malgré un précédent plan de sauvetage. AIG et le groupe de refinancement hypothécaire Fannie Mae, placé sous la tutelle de l'Etat fédéral américain depuis septembre, ont annoncé des pertes abyssales au troisième trimestre, respectivement 24,5 milliards et 29 milliards de dollars. Toujours aux Etats-Unis, la crise économique a aussi fait sa première victime de marque dans la distribution, avec la faillite, à la veille des fêtes, du vendeur d'électronique grand public américain Circuit City. En Europe, l'Etat suédois a pris le contrôle de la banque d'investissement Carnegie pour «assurer la stabilité financière». Le Premier ministre britannique Gordon Brown a laissé entrevoir des baisses d'impôts pour stimuler l'économie, en plus de l'augmentation des dépenses publiques déjà promises. Alors que les chiffres de la croissance au troisième trimestre en Allemagne seront connus jeudi, l'entrée en récession de l'Italie ne fait plus de doute, après l'annonce d'une baisse mensuelle de 2,1% de la production industrielle en septembre, le pire recul en dix ans. Aux Etats-Unis, en Europe et en Asie, la santé du secteur automobile constitue un des grands facteurs d'inquiétude. Le président de l'Eurogroupe et Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, s'est dit, lundi, favorable à des mesures d'aide. «Il en va de l'automobile comme du secteur de la construction. Si ces deux secteurs tombent en panne, l'économie générale risque de ne pas relever de sitôt la tête», a-t-il estimé. Le constructeur allemand Opel, filiale de General Motors, a réclamé de nouvelles aides au secteur. En Corée du Sud, Daewoo, autre filiale de GM, a annoncé mardi qu'elle pourrait fermer temporairement ses usines. L'Allemand Audi, après Volkswagen, BMW, Daimler et Porsche, a annoncé des réductions de production, de même que le constructeur roumain Dacia (groupe Renault). La semaine dernière, le géant japonais Toyota avait drastiquement sabré ses prévisions annuelles.