Les autorités russes ont rejeté les propositions avancées par les Etats-Unis au sujet du bouclier antimissile qu'ils entendent déployer en Pologne et en République tchèque, rapporte l'agence Itar-Tass. «La Russie est prête à coopérer avec les Etats-Unis sur la sécurité européenne mais elle juge insuffisantes les propositions (sur le bouclier antimissile) qui lui ont été adressées», poursuit Tass, citant une source non identifiée au Kremlin. «Nous ne donnerons pas notre accord à ces propositions et nous nous adresserons à la nouvelle administration», précise la source, également citée par les deux autres grandes agences de presse russes, ce qui laisse supposer qu'elle est en accord avec la position officielle. L'administration Bush «cherche à pousser le nouveau président des Etats-Unis dans une situation désespérée, pour qu'il assume la responsabilité de ce qu'on a concocté sans lui», ajoute-t-on. Le président russe Dmitri Medvedev a menacé la semaine dernière de déployer des missiles dans l'enclave de Kaliningrad, à la frontière de la Pologne et de la Lituanie, si Washington mène à bien son projet de bouclier. Celui-ci prévoit l'installation d'ici 2012 de dix missiles intercepteurs en Pologne et d'une station radar en République tchèque. Moscou y voit une atteinte à l'équilibre stratégique hérité de la guerre froide, doublée d'une incursion dans sa sphère d'influence. Barack Obama, qui succédera le 20 janvier à George Bush, s'est dit favorable au projet, à condition que son efficacité ait été démontrée. Le chef de l'Etat polonais, Lech Kaczynski, a assuré samedi que le futur président des Etats-Unis lui avait promis de le reprendre à son compte et de le mener à bien, mais un conseiller diplomatique d'Obama a déclaré qu'il ne s'était pas montré aussi catégorique. «Le président Kaczynski a soulevé la défense antimissile, mais le président élu Obama n'a pas pris d'engagement sur ce point», a déclaré à Reuters Dennis McDonough. «Sa position est ce qu'elle a été durant toute la campagne, à savoir qu'il soutient le déploiement d'un système de défense antimissile si la technologie s'avère efficace», a-t-il ajouté. Les Etats-Unis ont avancé récemment une série de propositions pour apaiser les craintes russes. Des membres de l'administration Bush ont dit cette semaine que des discussions américano-russes sur le sujet auraient lieu prochainement. Le rejet des propositions américaines coïncide avec une visite à Moscou de William Burns, numéro trois du département d'Etat et diplomate américain le plus chevronné reçu en Russie depuis le conflit armé en Géorgie, au mois d'août.