Les défis et les enjeux que portent la problématique des changements climatiques se posent avec acuité sur le continent africain en particulier. Ceci du fait que l'Afrique subit de plein fouet les conséquences alarmantes de ces mutations climatiques au vu de sa vulnérabilité et ses carences objectifs pour y faire face toute seule. C'est du moins autour de ceci et de ce qui en découlera que M. Kara a porté sa conférence tenue hier, au forum d'El Moudjahid. Directeur général de l'Agence nationale des changements climatiques et expert international, M. Kara n'a pas manqué d'indiquer que «l'Afrique doit aller en bloc à la table des négociations». Des négociations qui, pour rappel, visent la clarification des outils et des règles permettant aux pays industrialisés d'atteindre les objectifs de réduction de gaz à effet de serre au-delà de 2012 dont le protocole de Kyoto arrive à échéance. Pour notre interlocuteur, l'impératif est de maintenir «l'objectif minimum d'un réchauffement climatique à 2°C» et qu'«au-delà de ce seuil, c'est le désastre» pour le futur de ce monde. Le rapport de 2007 du groupe interparlementaire sur les changements climatiques a mis en exergue «les pires craintes sur le réchauffement de la planète», selon M. Kara. Evoquant la sécheresse, la famine, les maladies et les exodes dont l'Afrique en subira encore plus les effets. Par ailleurs, même si M. Kara a qualifié la mondialisation d'«inhumaine» dont le leadership américain a été le moteur de cette mondialisation, l'expert international croit fortement à un changement de cap dans la politique de Washington après l'élection de Barack Obama à la présidence américaine. Ce qui semble pour notre interlocuteur constituer des perspectives prometteuses pour les négociations prévues en décembre 2009 à Copenhague sur les changements climatiques. Des espoirs portés sur la venue d'Obama à la tête de l'Administration américaine et ce, «même si la crise financière frappe les pays industrialisés dont les USA», selon notre interlocuteur. A cela vient s'ajouter la position de l'Union européenne dans les négociations sur les changements climatiques qui, pour M. Kara, est «satisfaisante» pour les pays subissant de plein fouet les émissions de gaz à effet de serre des pays industrialisés. Ceci étant, il est utile de rappeler que la position européenne est loin d'être aussi unanime au sein des membres de l'UE, pour ne citer que les réticences de Londres et les divergences entre Paris et Berlin. L'Union européenne aspirant à être le chef de fil de ces négociations est appelée à dépasser ses divergences sur le paquet «énergie-climat» proposé par la Commission européenne. Au vu de l'intérêt affiché des uns et des autres pour préserver et prémunir les équilibres de la planète et par conséquent assurer sa survie, ceci devrait permettre de dépasser les divergences existantes. Ces dernières s'articulent autour de l'approches des pays industrialisés et ceux subissant les effets des changements climatiques dont l'Afrique est la plus touchée et dont les priorités diffèrent entre ces deux acteurs. A ce propos, notre interlocuteur met l'accent sur le rôle que doit assurer les négociateurs africains à travers les mécanismes de l'Union africaine en vue de dégager «une feuille de route» pour les futures rounds de négociations sur ces questions. A ce propos, M. Kara mettra l'accent sur la nécessité de rehausser «l'expertise diplomatique africaine» sur cette question de l'heure, ce qui semble être un appel en direction des participants, experts et responsables africains à la rencontre des ministres africains de l'Environnement qu'abritera Alger prochainement. Une rencontre qui, pour rappel, portera sur le changement climatique en vue de consolider l'approche africaine et dégager les mécanismes à même de répondre aux conséquences des émissions de gaz à effet sur le continent africain qui seront portées à leurs interlocuteurs des pays industrialisés.