Citigroup, la deuxième banque américaine, a poursuivi sa dégringolade boursière vendredi malgré les efforts de son directeur général pour tenter d'endiguer la rumeur selon laquelle le groupe serait obligé pour survivre de vendre des pans entiers de son activité. Vikram Pandit a déclaré au personnel vendredi que Citigroup n'avait pas l'intention de modifier son organisation et comptait bien conserver sa filiale de courtage Smith Barney, selon deux personnes qui l'ont écouté. Il a également dit que la situation financière du groupe était solide et que les employés ne devaient pas se focaliser sur la chute du cours de Bourse, parce que ce n'est pas ce dont se préoccupent les agences de notation et autorités de régulation. Le conseil d'administration de Citigroup s'est réuni vendredi, a-t-on appris de source proche du dossier. En Bourse, Citigroup, en baisse pour la cinquième séance d'affilée, a fini en repli de 20% à 3,77 dollars, après avoir touché 3,05 dollars. L'action valait encore 9,52 dollars il y a une semaine. La capitalisation boursière de Citigroup est tombée à 20,5 milliards vendredi. C'est moins que la somme de 25 milliards de dollars reçue par Citigroup dans le cadre du plan de sauvetage de 700 milliards de dollars du gouvernement et bien moins que les quelque 75 milliards de dollars que le groupe a levé depuis le début de la crise l'an dernier. Fin 2006, Citigroup valait 270 milliards de dollars en Bourse «A ce stade, c'est de la peur panique», commente Gerard Cassidy, analyste bancaire chez RBC Capital Markets à Portland, Maine. «Les investisseurs ont déjà assisté à ce genre de film cette année et la fin est très désagréable». Le coût de protection contre un défaut de Citigroup sur sa dette était aussi en hausse, ce qui montre que les investisseurs obligataires estiment que le risque s'accroît. Une personne au fait de la question a indiqué jeudi que Citigroup envisageait plusieurs solutions, dont la vente de certaines activités ou encore une fusion avec un autre groupe. Les analystes se demandent si la banque ne va pas vendre Banamex, deuxième banque mexicaine. Une telle cession pourrait faire entrer 15 milliards de dollars dans les caisses de Citigroup. Certains craignent que les mauvaises nouvelles au sujet de Citigroup n'incitent certains clients ou certains partenaires commerciaux à fuir. «Nous craignons que la défiance des investisseurs ne débouche sur la défiance des clients», écrit l'analyste de Barclays Capital, Jason Goldberg. «On a l'impression que le marché anticipe une intervention des autorités de régulation d'une manière ou d'une autre.» Au cours des trois derniers mois, de grands groupes bancaires comme Wachovia et Washington Mutual ont souffert de retraits de dépôts, alors que les pertes montaient sur les crédits immobiliers et l'autre dette. Wachovia a dû se faire racheter par Wells Fargo, tandis que Washington Mutual déposait son bilan et que ses actifs étaient repris par JP Morgan Chase & Co. En début de semaine, Pandit a annoncé son intention de supprimer 52 000 emplois d'ici 2009 sur les 352 000 du groupe. Citigroup a aussi demandé à la Securities and Exchange Commission de rétablir l'interdiction temporaire des ventes à découvert sur les valeurs financières, a-t-on dit de source proche du dossier. Jeudi, le prince saoudien Alwalid bin Talal a cherché lui aussi à rassurer les marchés en annonçant son intention de porter sa participation dans Citigroup à 5% en soulignant que l'action Citigroup était «complètement sous-évaluée».