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La crise du subprime provoque la plus grosse faillite bancaire en 24 ans
Etats-Unis
Publié dans Le Maghreb le 13 - 07 - 2008

La banque californienne Indymac, l'un des plus gros prêteurs hypothécaires américains, a été mise vendredi sous tutelle des autorités fédérales, devenant le plus important établissement bancaire à faire faillite auxEtats-Unisdepuis 24 ans. Les autorités de régulation des caisses d'épargne, l'OTS, ont placé Indymac, aux actifs évalués à 32 milliards de dollars, sous le contrôle de l'institution fédérale garantissant les dépôts bancaires, la FDIC. La banque rouvrira ses portes lundi sous le nom de Banque fédérale Indymac, dont la gestion sera assurée par la FDIC. La fermeture de la banque est la conséquence du retrait en une dizaine de jours de 1,3 milliard de dollars de dépôts par ses clients, qui ont cédé à la panique après des commentaires du sénateur démocrate Charles Schumer, qui s'était publiquement inquiété de la solvabilité du groupe. Ce dernier avait adressé une lettre ouverte aux autorités de régulation pour leur faire part de ses inquiétudes. "L'institution a fermé aujourd'hui en raison d'une crise de liquidités", a expliqué vendredi le directeur de l'OTS John Reich. "La cause immédiate de cette fermeture est un mouvement de retraits massifs dus à la panique qui a suivi une lettre ouverte du sénateur Schumer en date du 26 juin", a affirmé ce dirigeant. Le sénateur Schumer a pour sa part rétorqué, via la presse américaine, que "si l'OTS avait fait son travail de régulateur et n'avait pas laissé Indymac poursuivre ses pratiques de crédit douteuses, nous n'en serions pas là aujourd'hui". La banque de Pasadena, en Californie, rejoint les plus grosses faillites que le secteur bancaire américain ait essuyé ces dernières décennies. Avant elle, Continental Illinois National Bank avait fait faillite, en 1984, avec quelque 40 milliards de dollars d'actifs sous gestion. En 1988, la banque American Savings and Loan Association of Stockton, avait également fait banqueroute. Indymac devient le plus gros établissement à disparaître à la suite de la crise déclenchée il y a un an par l'effondrement conjoint du marché immobilier et de la valeur des crédits hypothécaires à risques ("subprime"). Cette crise a déjà conduit des établissements comme New Century, numéro deux américain des prêts hypothécaires, à se placer sous la protection de la loi sur les faillites, une législation qui permet à une entreprise de se restructurer sous la tutelle d'un juge. Countrywide Financial, le premier financier de l'immobilier du pays, a accepté en début d'année de se vendre au rabais à Bank of America afin d'éviter un destin similaire. La crise ne s'est pas arrêtée aux spécialistes du crédit immobilier: la banque d'investissement Bear Stearns s'est elle faite racheter cette année par sa concurrente JPMorgan Chase. Plus tôt dans la journée, les organismes de refinancement hypothécaire Freddie Mac et Fannie Mae ont connu une déroute boursière devant une montée des inquiétudes des marchés sur leur capacité à faire face à leurs engagements. Pour l'ensemble du secteur bancaire, la crise financière s'est soldée par plus de 300 milliards de dollars de pertes et dépréciations à ce jour. Indymac a vu le jour en 1985, sous l'égide de Countrywide Financial. D'abord complémentaires, les deux compagnies sont devenus des concurrentes directes à la fin des années 90. Après avoir prospéré au début des années 2000, profitant de l'engouement des investisseurs pour des produits adossés à des créances peu fiables - des crédits hypothécaires accordés à des ménages au profil financier fragile, mais dont le rendement était proportionnel au risque -, Indymac a subi de plein fouet le dégonflement de la bulle immobilière, à partir de 2006. Lundi, Indymac avait annoncé la fermeture de ses activités de crédit hypothécaire et le licenciement de 53% de ses effectifs, après avoir échoué à lever des capitaux. Le groupe est en pertes depuis l'été 2007.
Panique sur Fannie Mae et Freddie Mac
Dans un mouvement de panique boursière, Fannie Mae et Freddie Mac, les deux géant américains du refinancement hypothécaire et piliers du marché immobilier, se sont effondrés en Bourse vendredi, obligeant les autorités fédérales à afficher leur soutien. La Réserve fédérale américaine (Fed) pourrait laisser les deux institutions accéder à ses liquidités via sa fenêtre d'escompte, un système de refinancement d'urgence, a affirmé l'influent sénateur démocrate Chris Dodd. "Ils envisagent plusieurs solutions, dont la fenêtre d'escompte", a-t-il dit, en évoquant ses conversations avec le président de la Fed Ben Bernanke et le secrétaire au Trésor Henry Paulson.Mais la panique des marchés n'est pas fondée, a-t-il assuré, car "ces institutions sont solides et ont une capitalisation adéquate". Vendredi matin, dans une brutale accélération du mouvement de vente dont les deux groupes sont la cible depuis lundi, le titre Fannie Mae a perdu jusqu'à 50% sur son cours de clôture de la veille et Freddie Mac 51%, avant de se reprendre en fin de journée. En clôture, Fannie affichait encore une perte de 22,35% à 10,25 dollars, et Freddie Mac de 3,13% à 7,75 dollars. La veille, Fannie Mae avait déjà abandonné 12% jeudi et son plus petit rival 22%. Depuis le début de la crise du "subprime", les deux titres ont perdu quelque 80% de leur valeur en Bourse. Ces deux organismes ont pour mission de racheter aux établissements de crédit leurs créances hypothécaires, ce qui permet aux banques d'accorder de nouveaux prêts et de soutenir le marché immobilier dont une stabilisation est vitale pour relancer l'économie. A eux deux, Fannie et Freddie détiennent ou garantissent 5.200 milliards de dollars de crédits immobiliers, soit 40% de l'encours de prêts immobiliers consentis dans le pays. Les marchés étaient convaincus vendredi que le gouvernement devait effectuer un sauvetage d'urgence pour stopper la panique, comme il l'avait fait en mars pour la banque d'affaires Bear Stearns. La presse américaine a même affirmé que le gouvernement réfléchissait à une mise sous tutelle des deux groupes. Sous la pression, le secrétaire au Trésor Henry Paulson est finalement intervenu vendredi, déclarant brièvement que son "objectif principal est de soutenir Fannie Mae et Freddie Mac dans leur forme actuelle", écartant ainsi l'idée d'une nationalisation. Cette prise de position prudente a à peine freiné la dégringolade en Bourse des deux groupes, qui n'a marqué un coup d'arrêt que devant l'hypothèse d'un refinancement par la Fed, pourtant non confirmé. La Fed a même démenti en avoir parlé avec les deux groupes. Après la quasi-faillite de Bear Stearns, la Fed avait déjà pris la décision sans précédent de donner aux banques d'affaires l'accès à ses financements -- normalement réservés aux seules banques acceptant les dépôts du public -- grâce au mécanisme de la fenêtre d'escompte. "Il faut trouver un moyen de recapitaliser les deux groupes, ce qui devra être initié par l'Etat car il leur sera très difficile de trouver des capitaux privés", avait averti dans la journée Gregori Volokhine, de Meeschaert Asset Market. "Il faut trouver très, très rapidement une solution, non seulement pour les deux groupes mais pour l'économie américaine, car Freddie et Fannie sont un des fondements du financement hypothécaire", avait-il dit.La craintes des marchés relèvent davantage d'un sentiment général sur l'état du marché financier que d'une logique comptable: la maison de courtage Fox-Pitt Kelton jugeait ainsi quasiment impossible une faillite pure et simple, au vu de leur capitalisation.


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