Les Etats-Unis ont profité d'une conférence internationale sur la sécurité en Irak, dimanche à Damas, pour accuser la Syrie de servir de «sanctuaire aux terroristes». Lors de cette réunion à huis clos, la chargée d'affaires Maura Connelly, le diplomate américain de plus haut rang en Syrie, a demandé aux autorités syriennes de ne plus tolérer que des «réseaux terroristes» se servent de leur pays comme d'une base de départ pour des opérations en Irak, ont rapporté des délégués. Cette critique sans détour contraste avec la position officielle des alliés occidentaux de Washington, notamment la Grande-Bretagne, qui ont récemment félicité Damas pour sa coopération dans la lutte contre les islamistes cherchant à s'infiltrer en Irak. «Le discours de la diplomate américaine a été aussi court que direct. Les Etats-Unis ont été les seuls à critiquer ouvertement la Syrie lors de cette conférence», a dit l'un des délégués présents. «Les autres ont surtout répété ce qu'on entend depuis des années sur l'importance de l'Irak pour la stabilité de toute la région et sur la nécessité d'une meilleure coopération», a-t-il ajouté. Les pays occidentaux, la Russie, l'Iran, l'Irak et les plupart des pays voisins de ce dernier pays ont participé à cette conférence de Damas. L'Arabie Saoudite, en désaccord avec la Syrie sur les dossiers libanais et iranien, n'était pas représentée. La Syrie «victime du terrorisme» Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Ahmad Arnous, a présenté son pays comme «une victime du terrorisme» qui ne tolérerait aucune attaque étrangère contre son territoire, allusion à l'attentat à la voiture piégée qui a fait 17 morts en septembre devant un centre des services de renseignement militaires à Damas. Les autorités syriennes ont imputé cet attentat au Fatah al Islam, un groupe actif au Liban. «Arnous a choisi de ne pas répondre directement aux accusations américaines mais a souligné que la Syrie avait tout intérêt à avoir à côté d'elle un Irak stable et pacifié», a rapporté un autre délégué. Le ministre syrien de l'Intérieur, Bassam Abdel Madjid, qui a fait une brève apparition à la conférence, a affirmé que la Syrie disposait de suffisamment de troupes à la frontière irakienne pour empêcher les infiltrations des groupes activistes dans un sens comme dans l'autre. Le gouvernement syrien avait menacé d'annuler cette conférence internationale en raison d'un raid héliporté américain mené le 26 octobre en territoire syrien. Huit civils avaient été tués dans ce raid, selon Damas. D'après Washington, la cible de l'opération, le chef d'un réseau d'infiltration de combattants étrangers en Irak a trouvé la mort lors de l'attaque. La conférence annuelle sur la sécurité de l'Irak a eu lieu pour la première fois il y a deux ans sous la pression des Etats-Unis, qui voulaient ainsi contraindre les pays arabes à s'engager davantage envers ce pays. La Syrie a accepté de l'accueillir chaque année afin de réduire les tensions avec le gouvernement de Bagdad.