Des projets structurants inscrits ou lancés durant l'année qui s'achève ont marqué la ville de Constantine qui entend s'élever au rang de véritable métropole régionale et se mettre au diapason de son statut de capitale de l'Est algérien. Ces mégas projets vont, selon nombre de citoyens, résorber, à la fois, les nombreuses dégradations accumulées depuis des décennies et la projeter dans des perspectives prometteuses qui l'autorisent à prétendre, à terme, à une place de choix parmi les grandes cités méditerranéennes. De telles perspectives sont apparentes au vu du rythme effréné imprimé aux multiples chantiers qui ont poussé dans plusieurs points du «Grand Constantine» qui comprend déjà les nouvelles villes de Ali Mendjeli et de Massinissa avant d'englober, plus tard, le troisième pôle urbain projeté à Aïn Abid. Au regard du poids de son Histoire, en particulier les péripéties de l'époque contemporaine, vécues comme une «déchéance», Constantine a souffert d'avoir perdu, avec l'indépendance retrouvée, son statut de capitale florissante, celle du Beylik et ensuite celle de l'un des quatre «départements» de l'époque coloniale. Soumise pendant plusieurs décennies aux vagues successives de l'exode rural, à une extension urbaine incontrôlée et à la dégradation continue de son patrimoine, la ville du Vieux Rocher est longtemps restée «emmurée» dans les passions de la nostalgie. Les choses ont changé car aujourd'hui, la nouvelle ville universitaire, le futur boulevard des banques, le tramway, les trois nouvelles lignes du téléphérique, le Trans-Rhumel (un pont de 1 200 mètres de portée) la rénovation de la vieille ville, le renouveau du quartier du Bardo qui sera suivi par les quartiers du Chalet des pins et de Bentellis, la gare multimodale, la dépollution du Rhumel, la réhabilitation des gorges avec leur chemin des touristes, le sauvetage du pont de Sidi Rached, menacé par des infiltrations et des nombreuses autres infrastructures, sont déjà ou seront bientôt en chantier. Evoquant l'ex-Bardo, au centre-ville, en cours d'évacuation, le wali de Constantine, M. Abdelmalek Boudiaf, souligne que ce quartier dont la démolition équivaut à une opération d'assainissement qui «a mis fin à une source de maux sociaux multiples», a permis du coup, de récupérer un patrimoine foncier «parfaitement constructible» où seront érigés des édifices modernes, aux abords de la Médina ancienne, elle-même en cours de rénovation. Aménager ce site et en faire le cœur palpitant de Constantine «ne veut pas dire que (nous) construirons sur un lit d'oued, il faudrait que l'on soit fous», s'exclame le wali. Il s'agit, dit-il, de bâtir des immeubles futuristes le long de ses berges pour, au contraire, tout en créant un pôle urbain digne d'une capitale, mettre en valeur le Rhumel». Il est loisible de constater, en tout état de cause, que les grands projets spécialement «pensés» pour Constantine, et dont la majorité est «née» en 2008, «ne sont ni une chimère, ni une vue de l'esprit, ni encore moins une utopie», tient à souligner un architecte de l'université de Constantine qui a participé à l'élaboration des différentes ébauches. En effet, le Trans-Rhumel, ses accès, ses bretelles et ses dépendances ont été confiés à une entreprise brésilienne, celle-là même dont une filiale a réalisé les études techniques. La future ville universitaire est un chantier «bouillonnant» où s'activent des centaines d'ouvriers chinois et le tramway, dont l'emprise a été entièrement libérée, est en réalisation dans sa phase de la cité Zouaghi et l'immense gare multimodale est déjà en chantier dans la zone de Aïn el Bey où le groupe italien chargé de sa réalisation s'est installé dans une base de vie. Au centre de Constantine, l'ex-Bardo, site choisi pour l'érection de buildings ultramodernes dans le cadre de l'investissement public et privé, est en phase ultime d'évacuation, le téléphérique fait depuis plusieurs mois déjà la navette entre le centre-ville et les hauteurs de la cité et, enfin, la réhabilitation du vieux bâti est un chantier qui fonctionne sans interruption. Parallèlement à ces gigantesques (et coûteux) projets (le Trans-Thumel, par exemple, sera financé, à lui seul, à hauteur de 15 milliards de dinars), la ville de Constantine a également «bougé», en 2008, dans de nombreux autres domaines. Au plan sportif, le stade Chahid Hamlaoui, modernisé et doté d'une nouvelle pelouse en gazon naturel, a rouvert ses portes après avoir confiné, plus de sept ans durant, les sportifs constantinois dans la vieille et minuscule enceinte Ramdane Benabdelmalek. La culture, bon an mal an, retrouve de sa vitalité avec le festival du Malouf et, surtout, grâce à la fête annuelle du jazz, «Dimajazz», qui accueille chaque année les plus grands artistes internationaux du genre. Certes, des insuffisances persistent encore dans la ville chère au Cheikh Abdelhamid Benbadis, et aucun responsable, le wali en premier, ne s'en cache : la circulation automobile (et souvent piétonne) reste problématique, le centre-ville continue de concentrer l'essentiel des services publics, les potentialités touristiques ne sont pas suffisamment exploitées, les structures d'accueil sont insignifiantes, les jeunes ne disposent pas d'infrastructures en nombre suffisant. Cependant, comme l'explique le premier responsable de la wilaya, l'Etat s'attelle à combattre l'immobilisme, à mettre en place les mécanismes d'une évolution salutaire et à doter la cité d'infrastructures, de services et d'équipements dont elle a besoin et qu'elle mérite. Le volume des investissements publics consentis pour cette wilaya au titre de l'exercice 2008, estimé, hors secteur de l'Habitat, à plus de 28 milliards de dinars, est, en tout état de cause, illustratif de la volonté des pouvoirs publics de mettre Constantine à sa vraie place.