Partant du constat effectué durant ses multiples visites à travers les différentes daïras et communes de la wilaya, le wali de Boumerdès, M. Brahim Merad, a établi «un état de faits des plus alarmants.» De la prolifération des constructions illicites avec l'occupation des espaces publics et des terrains domaniaux en toute impunité, en passant par la défiguration des paysages urbains et naturels avec la création ou l'absence pure et simple de décharges ou encore la mauvaise gestion caractérisée de la collecte des ordures ménagères ainsi que le manque de travaux d'assainissement des divers réseaux, du pillage du sable des oueds et des plages, voire les occupations illégales de certaines plages et, enfin, en parvenant aux marchés informels et autres points de vente et commerces illicites , le chef de l'exécutif a déduit une simple question : pourquoi l'absence de réactions des autorités locales et des pouvoirs publics ? Dans l'esprit du premier responsable de la wilaya, une action s'imposait : «Remédier à cette situation et éradiquer totalement ses aspects négatifs, et ce, par l'application de la norme de droit et la restauration de l'autorité de l'Etat. Un programme immense et très ambitieux au vu des freins et des «bâtons dans les roues» susceptibles de corrompre la volonté du wali. La réunion qu'il a présidée pour rappeler les textes règlementaires ainsi que les actions censées être menées avec un minimum de coordination de ses différentes directions lui en ont déjà donné un aperçu : laxisme, voire corruption, quand il ne s'agit pas tout simplement d'incompétence. A la recherche d'hommes de terrains, le chef de l'exécutif n'a trouvé que «des ronds-de-cuir». Il a qualifié la situation de «catastrophique» alors qu'un élu lançait : «C'est scandaleux !» Bien que le contexte précisait son inscription dans le recouvrement insignifiant de la taxe d'enlèvement des déchets : 40 millions de centimes pour toute une wilaya. Le wali a tout de suite dénoncé le fait que des inspecteurs des Impôts soient maintenus à leur poste depuis huit ans, voire même plus. Selon lui, le talon d'Achille dans l'absence du sentiment de sécurité chez le citoyen, c'est le non-respect des textes règlementaires, dénommés à juste titre «mère des crises». Le wali a même relevé «des intérêts autres en opposition avec ceux de l'Etat et du simple citoyen». Le mot est lâché : corruption ! Un P/Apc rétorque : «Quand je saisis la force publique pour une démolition d'une construction illicite, on me répond que la situation sécuritaire est prioritaire.» Le commissaire principal et représentant du chef de sûreté lui donne raison : «Sur 49 saisines de démolition, seules 9 ont été menées jusqu'au bout». Plus loin, le directeur de l'urbanisme avancera le chiffre de 13% sur plus de 2 000 cas de démolition à avoir été exécutées. Au wali de s'exclamer : «Il est temps de faire respecter la loi quelles que soient les conditions !» Et de marteler qu'il n'y a pas de situations spéciales. M. B. Merad menace : «En cas de défaillance d'un P/Apc, je n'hésiterai pas à le dénoncer aux hautes instances pour qu'il soit relevé de ses fonctions. Il est garant des lois de la République et de la quiétude des citoyens.» Le Drag enfoncera un peu plus le clou en faisant remarquer que les Apc ne suivent pas les affaires devant la justice contre des citoyens indélicats qui s'étaient rendus coupables de construction illicite; soit par méconnaissance de la procédure judiciaire soit par complicité avec les contrevenants. Quant à la police de l'urbanisme, dans la plupart des Apc, elle n'a pas encore vu le jour. Les listes des agents candidats à ce poste n'ont même pas été faites. Encore moins celles des contribuables devant s'acquitter de leurs impôts. Le procureur général lui a exprimé la disponibilité de la justice en cas de saisine par la mise en place d'une organisation spécifique pour prendre en charge les infractions à l'urbanisme, à l'hygiène et au commerce. En un mot, et après avoir fait le mea culpa de l'exécutif, le wali a relevé le manque de coordination entre les services de ses différentes. Il a instruit ses collaborateurs pour le suivi de tel ou tel aspect et a recommnadé une réunion-bilan chaque dernier mardi du mois. Mais une question a circulé durant toute cette réunion marathon : le wali aura-t-il les coudées franches pour mener à bien cette réorganisation totale avec comme leitmotiv le scrupuleux respect des lois de la République surtout face à des groupes de pressions où souvent les intérêts sont au-dessus de tout ?