Le commerce informel prend des proportions de plus en plus grandes à Bordj Menaïel (est de Boumerdès). Les commerçants, affiliés à l'UGCAA, s'indignent de ce fléau qui « menace (leurs) activités commerciales ». Afin de mettre un terme à cette situation, ceux-ci menacent de déclencher une grève générale. Après avoir sollicité les autorités compétentes à maintes reprises, les commerçants n'ont pas trouvé d'oreille attentive à leurs malheurs, selon eux. En effet, cette situation se traduit par la prolifération de baraques en tôle et d'étals de différents commerces : vêtements, produits cosmétiques, article ménagers, fruits et légumes dans presque toutes les artères et les ruelles de la ville. La rue Souihed, connue pour sa vocation commerciale pour être l'une de rues les plus fréquentées, renseigne très bien sur la gravité de ce problème. Des vendeurs ont squatté complètement les trottoirs qu'ils ont transformés en étals. Cela cause sans aucun doute beaucoup de désagréments aux usagers de cette ruelle. Quant à la rue Khetab Amar qui va du centre-ville à la station de bus, d'une longueur de plus de 500 m, elle vit depuis plus de trois ans sous le diktat quotidien des commerçants informels qui exposent leur marchandise en toute liberté sur toute la largeur des trottoirs. Comme à la rue du marché, où les vendeurs à la sauvette ont investi les trottoirs et autres espaces publics. En fait, toutes les ruelles et les artères de la ville en pâtissent. Durement frappés par le chômage, les jeunes désoeuvrés de cette localité ne cessent de réclamer des locaux commerciaux. « L'APC nous a promis des locaux à proximité de la grande mosquée, mais cela tarde à voir le jour », déclare un vendeur qui a élu domicile au niveau de cette rue depuis plus de 2 ans. « Face à l'indifférence des autorités locales, les produits exposés tout au long de cette route et la lenteur de la circulation nous causent beaucoup de désagréments », déplore un transporteur. « Cet état des lieux a dénaturé le visage de cette ville », indique-t-on. « Avant qu'il soit un problème de commerce, c'est un problème de sécurité des citoyens », fait remarquer un riverain. « La multiplication des braderies à durée illimitée est un autre fait qui suscite la colère des commerçants de cette daïra », dit Chabour Cherif, chargé de communication de la section locale de l'UGCAA. Le premier magistrat de la commune décline toute responsabilité. « Je vous informe que ce problème relève des services du commerce, et l'APC n'a aucune relation avec ces activités illicites », lit-on dans la lettre de réponse du P/APC aux plaignants. Cela étant, les commerçants se disent condamnés à subir les conséquences de cette « anarchie » sur leurs activités commerciales. Ils soulignent, à cet effet, le risque de la fermeture de quelques centres commerciaux qui sont confrontés au problème d'absence de locataires à l'image des centres commerciaux Mikiri, Oasis et Mohammadi. Le responsable du bureau local de l'UGCAA, Mohamed Foudil, qui est propriétaire du Bazar Foudil, qui regroupe 108 locaux, nous explique qu'« en raison de la prolifération des marchés informels à travers les rues et les artères de la commune, les locataires fuient le Bazar ». D'autre part, les responsables de l'UGCAA dénoncent la décision de la fermeture de la rue du stade. Les autorités locales avancent, comme motif, le problème de sécurité. Mais les propriétaires de locaux et les commerçants regrettent les conséquences de cette décision sur l'avenir de leur business. Dans de nombreux cas, ce sont les commerçants eux-mêmes qui squattent la partie des trottoirs situés devant leurs locaux qu'ils transforment, eux-aussi, en étals. La possession du registre de commerce n'autorise pourtant pas un commerçant à occuper les espaces publics mitoyens à son établissement. Le visiteur, de passage dans les rues de Bordj Menaïel, constatera, malheureusement, qu'il n'existe plus de trottoirs.