Une origine mythologique Alexandre le Grand est le fils de Philippe II, roi de Macédoine (382-336) et d'une princesse de la province d'Epire (située aux confins de l'Albanie actuelle) appelée Olympias. C'est ainsi que le futur grand conquérant est né, en juillet 356 avant J.-C, à Pella, la capitale du royaume de Macédoine. La légende le fait descendre du prince grec Achille, qui, selon Homère — le fameux poète grec du VIIIe siècle avant l'ère chrétienne et auteur de l'Illiade et de l'Odyssée — a participé dans la guerre contre la grande cité antique, Troie, qui fut détruite par les armées grecques coalisées, à l'issue de l'enlèvement de leur reine Hélène. Comme le veut la tradition, le jeune Alexandre a eu pour précepteur le grand philosophe grec, Aristote (384-322 av. J.-C.), qui l'a éduqué et lui a transmis les connaissances grecques connues alors. Très jeune, il se distingua déjà par sa force physique et son intelligence au point d'être, à l'âge de 18 ans, parmi les principaux officiers de l'armée macédonienne qui a pu conquérir les territoires de la Grèce. Il rêvait de ressembler aux héros antiques qu'il a découverts dans les poèmes épiques, notamment ceux du poète Homère. Décelant des qualités exceptionnelles en lui, son père Philippe, très tôt, le plaçait à ses côtés pour l'initier au commandement et au pouvoir. Il lui arrivait, souvent, de le nommer à la tête de la cavalerie royale lors des batailles contre ses ennemis comme à Chéronée (338 avant J.-C.), qui lui ouvrit les portes de la Grèce et lui permit d'entrer dans leur capitale, Athènes. Alexandre s'illustra particulièrement au cours de cette mémorable bataille en venant à bout des bataillons envoyés par la cité-Etat, Thèbes (située au nord d'Athènes), pour venir en aide à sa citée rivale. Après avoir dominé tout le pays et assuré son unité, Philippe de Macédoine se préparait à guerroyer contre le grand empire perse lorsqu'il fut assassiné, dit-on, à l'instigation de sa femme (336 av. J.-C.). Son fils monta immédiatement sur le trône pour lui succéder et devenir, quelque dix années plus tard, le plus grand monarque de l'Antiquité. Monarque incontesté à 20 ans Alexandre venait juste d'atteindre l'âge de vingt ans et, d'emblée, il fit part de son intention de poursuivre l'œuvre de son père. Malgré l'opposition de quelques membres de la noblesse locale et la révolte de la province grecque, Thèbes, le nouveau roi réussit à rétablir la situation à son profit et imposer son autorité sur tous. Il se débarrassa de ses ennemis les plus acharnés puis se retourna contre les insurgés grecs en rasant leur ville. En 334, il se mit en route en direction de l'Asie Mineure à la tête d'une armée qui comptait environ 35 000 fantassins et 5 000 cavaliers. Alexandre choisit de débarquer justement là où eut lieu la guerre entre Troie et les Grecs selon la légende transmise par Homère (qui pourrait lui-même être un natif de la région). L'armée perse, comptant sur des forces largement supérieures, essaya de lui barrer le chemin dès que ses soldats eurent mis le pied sur le sol asiatique, en vain, tant la stratègie du grand conquérant qu'était Alexandre était particulièrement efficace. Le roi Perse, Darius III Codoman, qui a régné de -336 à -330, fut vaincu et s'enfuit vers ses terres dans l'arrière pays. Alexandre conçut d'occuper les côtes de toute la région, dominée par ses ennemis perses, afin de les empêcher de s'attaquer plus tard aux territoires grecs pour asseoir leur domination, car la rivalité était très grande entre ce peuple du Proche-Orient et les cités grecques. C'est ainsi qu'il occupa de nombreuses villes qui n'opposèrent aucune résistance à ce grand conquérant. Le roi macédonien s'empara, également, des autres villes qui se tentaient de se défendre comme Halicarnasse, la patrie du célèbre historien grec, Hérodote (484-420 av.J.-C.). Alexandre imposa sa domination entièrement sur toute la région bien avant la fin de l'année -333 et s'apprêtait s'enfoncer dans les autres territoires pour se les approprier en les enlevant aux Perses. Un conquérant insatiable Il convient de noter que les historiens grecs exagéraient très souvent les chiffres se rapportant à l'armée perse pour glorifier davantage Alexandre le Grand, en disant, par exemple, que celle-ci regroupait jusqu'à 600 000 combattants. S'il est vrai que les anciens rois de cet immense empire pouvaient facilement aligner un nombre considérable de soldats – comme ce fut le cas lors de la conquête musulmanes au milieu du 7e siècle – en comptant sur des potentialités humaines immenses, il faut reconnaître, également, que ce grand stratège militaire et formidable meneur d'hommes s'appuyait aussi sur les peuples des terres conquises qui se mettaient à ses côtés pour une raison ou une autre. Alexandre eut raison du Roi des Rois, Darius III, qui se réfugiéa vers l'intérieur de la Mésopotamie en abandonnant — paraît-il — sa mère, sa femme, ses filles et un important butin, car l'empire perse était réputé pour ses richesses. Au lieu de se mettre à la poursuite de son ennemi, en débandade totale, Alexandre mit un plan pour occuper toute Syrie qui se présentait devant ses troupes victorieuses. C'est ainsi qu'il entra dans la ville maritime de Tyr malgré une résistance acharnée qui a duré sept mois, ce qui est un exploit connaissant le génie militaire propre au grand général macédonien. Environ 8 000 mille habitants furent massacrés sur le champ et 30 000 autres furent vendus comme esclaves, en signe de colère et de vengeance. C'était aussi un avertissement à l'adresse des autres peuples en cas de velléité de résistance. Plus au sud, Gaza tomba entre ses mains, et les troupes grecques s'enfoncèrent à travers le Sinaï en direction de la prospère Égypte qui leur tendait les bras tant les occupants – les Perses, en l'occurrence – étaient haïs à l'extrême. Alexandre fut accueilli presque en libérateur à son entrée dans la capitale millénaire, Memphis, d'où fut chassé le gouverneur perse qui s'y trouvait. Pour perpétuer le souvenir de ce triomphe, le vainqueur ordonna l'édification de la grande ville qui porte son nom (comme plusieurs autres sites également) : Alexandrie, qui devint très vite une très grande cité sur le Delta du Nil en face des eaux de la mer Méditerranée. Cette ville se transformera rapidement en un centre rayonnant de la culture hellénistique. Quelques mois après, Alexandre se dirigea vers l'ouest en traversant le désert égyptien et parviendra jusqu'à l'oasis de Siwah, à des centaines de kilomètres des rives du Nil, et centre religieux des anciens Egyptiens. Là, les prêtres locaux lui décernèrent le titre de «fils d'Amon», autrefois porté par les Pharaons du pays. A la conquête de l'empire perse Cela fait, après avoir passé l'hiver dans la vallée égyptienne, Alexandre se prépara à partir vers le pays des deux Fleuves (le Tigre et l'Euphrate) où il apprit que son ennemi, Darius III, s'y trouvait après sa déroute précédente. C'est là, en effet, que le Grand Roi (ainsi s'appelaient les souverains perses de l'époque) a reconstruit son armée pour continuer la guerre contre les envahisseurs. Mal lui en prit, car une nouvelle défaite l'attendait à Gaugamèles. Alors, laissant derrière lui tout ce qu'il avait, il prit la clé des champs en abandonnant un large trésor à son vainqueur qui entra triomphalement dans la grande et historique ville de Babylone où il prit le titre de roi de toute l'Asie, du moins celle connue à cette époque.` Continuant son avancée dans les territoires de l'empire achéménide, Alexandre contraint à la soumission toutes les villes et les provinces qui ne purent opposer qu'une résistance vaine mais désespérée : Suse, Persépolis et Pasargades, la dernière capitale perse. Elles furent toutes soumises au pillage systématique et une partie des habitants convertis à l'esclavage comme c'était la coutume en ces temps-là. La mort de Darius Durant l'été 330 avant J.-C., Alexandre se lança à la poursuite de son ennemi qu'il voulait faire prisonnier afin de s'emparer définitivement et «légalement» du titre de roi de Perse. Ce dernier s'était réfugié dans les hautes montagnes du pays où il avait encore des partisans. Mais quelques satrapes (gouverneurs), par crainte d'Alexandre, emprisonnèrent l'infortuné roi et le tuèrent pour faire plaisir au vainqueur tout proche et qui s'empressa de s'autoproclamer son héritier. Infatigable, il poursuivit la conquête des contrées avoisinantes qu'il soumet ainsi que les prétendants au trône autoproclamés rois comme cet Artaxerxès IV, un ancien gouverneur et l'un des assassins de Darius III. Tout l'Afghanistan et les vastes terres situées au nord, à l'est comme au sud furent facilement occupées. De 330 à 328 av. J.-C., Alexandre et ses soldats connurent une dure et pénible période durant laquelle ils affrontèrent la résistance perse. Ses soldats souhaitaient retourner dans leur pays après les terribles combats contre les tribus locales. Alexandre épousa une veuve d'un prince autochtone, et la résistance perse s'effaça et l'Iran fut ainsi pacifié. Alors, il se tourna alors vers l'est pour concrétiser un rêve nourri depuis longtemps : arriver aux rives du fleuve, l'Indus (l'Inde). Au pays des éléphants Au printemps 327 av. J.-C., Alexandre se dirigea à la tête de 120 000 combattants pour les vallées de ce grand fleuve asiatique, inconnues des Grecs à cette date. Il arriva à la limite de cette vaste contrée, en -326. Le roi local voulut empêcher les Macédoniens de franchir le fleuve. Ses troupes, renforcées par des éléphants, affrontèrent violemment celles d'Alexandre mais finirent par s'incliner. Alexandre prit possession de tout le Pendjab et apporta la culture grecque à la région. Arrivé aux bords du Gange, et devant le refus de ses soldats de le suivre, il fait dresser douze autels autour d'une colonne portant l'inscription suivante : «Ici s'est arrêté Alexandre.» Le retour d'Alexandre Le retour se fit par terre et par mer. Alexandre et une partie des soldats franchissent avec d'énormes difficultés le désert et atteignent le Golfe Persique puis la route de Suse. Là, il organise des noces massives, ses soldats épousent des femmes perses et, lui, prend pour femme une fille de Darius. Le roi décide plusieurs mesures politiques, comme l'intégration de jeunes nobles perses dans la garde royale (jusqu'alors réservée aux nobles macédoniens). La fin d'un rêve Alexandre se rend, en -323, à Babylone pour se lancer dans un vaste programme de travaux réfléchissant à d'autres projets d'expédition. Mais il fut frappé par une forte fièvre qui l'emporta en une dizaine de jours. Le grand maître de la Grèce, de l'Egypte et de l'Asie, s'est éteint, finalement, au mois de juin 323 av. J.-C., à l'âge de 33 ans. Le gigantesque Empire qu' Alexandre a conquis en une décennie seulement ne lui survivra jamais. Dès sa mort, il sera partagé entre ses généraux, mais le mythe de ce formidable conquérant sera entretenu par les historiographes tant de l'Occident que de l'Orient.