Le gouvernement canadien a annoncé mardi un plan de relance de 40 milliards de dollars (32,6 milliards USD) sur 2 ans pour sortir l'économie canadienne de la récession, mais aussi un plongeon dans les déficits après 11 années d'excédents budgétaires. «Face à la récession mondiale (...) le gouvernement du Canada dépensera les sommes nécessaires pour stimuler notre économie et il investira ce qu'il faut pour protéger notre prospérité future», a déclaré le ministre des Finances Jim Flaherty en présentant son projet de budget 2009-2010. Le plan de relance comprend notamment des allègements fiscaux pour les Canadiens à revenus faibles et moyens ainsi que quelque 12 milliards de dollars de dépenses d'infrastrutures sur deux ans. Il équivaut à une stimulation du produit intérieur brut canadien (PIB) de 1,5% en 2009 et de 1,1% en 2010, a affirmé le ministre. Le Canada est le dernier pays du G7 à mettre en place un plan de stimulation de l'économie et M. Flaherty a indiqué que son gouvernement était prêt «à en faire plus» si la situation de l'économie mondiale se détériorait davantage. Le gouvernement minoritaire de Stephen Harper joue son sort sur ce budget, qui doit recevoir l'appui d'au moins un des trois partis d'opposition pour être adopté. Un rejet entraînerait la chute des conservateurs réélus en octobre dernier. Deux partis, le Nouveau parti démocratique (NPD, gauche) et le Bloc Québécois, ont annoncé mardi qu'ils voteraient contre le budget. La survie du gouvernement dépend donc de la principale formation d'opposition, le parti libéral et son chef Michael Ignatieff. Ce dernier a déclaré voir des aspects «positifs», mais aussi «négatifs» dans ce projet, et renvoyé sa décision à mercredi. De nombreux commentateurs s'attendaient à ce qu'il appuie le projet gouvernemental. Pour financer son plan d'action, le gouvernement conservateur a fait «le choix délibéré de créer un déficit substantiel à court terme», a souligné le ministre Flaherty. Son budget prévoit 63,5 milliards dollars (51,8 mds USD) de déficit sur les deux prochains exercices et quelque 85 milliards sur quatre ans avec un retour aux excédents en 2013-2014. Mauvaise surprise, il a aussi reconnu que le Canada allait enregistrer au terme de l'année fiscale en cours un déficit de 1,1 milliard de dollars canadiens (897 millions de dollars), le premier en onze ans. Le gouvernement prévoyait jusqu'ici un léger excédent pour l'exercice 2008-2009 se terminant le 31 mars. Le Canada, entré en récession fin 2008, repasse ainsi dans le rouge pour la première fois depuis 1996-1997, renouant avec les déficits, un mot devenu tabou dans la vie politique canadienne. M. Flaherty a cependant affirmé qu'il n'y aurait pas «de déficit permanent ou à long terme». Du fait de la récession mondiale, il a dit s'attendre à ce que l'économie canadienne se contracte de 0,8% cette année. Accusé par l'opposition de n'avoir rien fait pour protéger le Canada face à la crise mondiale, Stephen Harper avait failli être renversé à la fin de l'an dernier et remplacé par une coalition de l'opposition. Il n'avait échappé à ce sort qu'en faisant suspendre les travaux du parlement. Les conservateurs ont mis à profit ce sursis pour changer leur fusil d'épaule, adopter un ton plus conciliant et mettre au point le plan de relance annoncé mardi. Plusieurs votes de confiance auront lieu sur le budget, le premier étant prévu jeudi soir. Si le gouvernement était renversé, il reviendrait à la gouverneure générale - représentante de la reine Elizabeth II, chef d'Etat du Canada - de décider de convoquer de nouvelles élections ou de confier le pouvoir à une coalition de l'opposition.