Le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, est arrivé hier à Baghdad pour affirmer son soutien au gouvernement irakien et surtout relancer la coopération économique qui fut très importante avant l'embargo imposé à l'Irak en 1990. Il s'agit de la première visite d'un ministre allemand des Affaires étrangères en Irak en plus de vingt ans, a-t-on indiqué de source officielle irakienne. Il a été reçu par son homologue Hoshyar Zebari et devait rencontrer le président Jalal Talabani ainsi que le Premier ministre Nouri al-Maliki, a-t-on précisé de même source. Selon la presse kurde, il doit aussi inaugurer un consulat d'Allemagne à Erbil, capitale du Kurdistan irakien, dans le nord du pays. Juste avant son départ, M. Steinmeier avait déclaré à Berlin: «Ces mois derniers, le gouvernement irakien a connu d'importants succès en matière de stabilisation politique. (...) Nous voulons soutenir ce nouvel Irak sur la voie de la consolidation démocratique et de l'équilibre pacifique entre les religions et les ethnies.» Evoquant cette visite, le Premier ministre irakien a affirmé, dans une interview publiée hier par le quotidien allemand Bild, que son pays ne tenait pas rigueur à l'Allemagne de ne pas avoir participé à l'intervention de 2003 qui a renversé le dictateur Saddam Hussein. «Qui a participé à la guerre, ce n'est pas notre étalon de mesure», explique-t-il, appelant les entreprises allemandes à investir en Irak. Selon le service de presse du bureau du Premier ministre, M. Maliki a indiqué à un autre journal allemand: «C'est le bon moment pour les investissements étrangers en Irak. L'Irak souhaite avoir de bonnes relations avec l'Europe et l'Allemangne et nous espérons une coopération économique et politique avec ce pays qui a participé à l'entraînement des forces de sécurité irakiennes». Cependant, en décembre 2005, le ministre irakien de l'Intérieur de l'époque, Baqer Jabr Soulagh, avait mis fin à cet entraînement par des experts allemands aux Emirats arabes unis, le jugeant «peu sérieux». L'été dernier, l'ancien ministre allemand de l'Economie Michael Glos avait effectué une visite en Irak et Daimler AG avait évoqué la possibilité de construire une usine de montage de poids lourds dans ce pays. M. Maliki s'était rendu en juillet en Allemagne et les deux pays avaient signé un accord sur la protection des investissements. Cette fois, M. Steinmeier est accompagné d'une délégation d'hommes d'affaires au moment où l'Irak se tourne vers sa reconstruction. Le 21 décembre, l'Irak a signé avec la société allemande Siemens un accord pour la fourniture de 16 unités de production d'électricité d'une capacité totale de 3 200 mégawatts, pour deux milliards de dollars. Elles seront installées dans cinq endroits différents et l'ensemble sera prêt au printemps 2010. En novembre, le quotidien allemand Handelsblatt, annonçant le projet de voyage du ministre, avait précisé qu'il s'agissait de faire un geste envers le président élu américain Barack Obama et de «normaliser enfin les relations avec le gouvernement irakien». C'est le second haut responsable d'un pays européen hostile à l'invasion à se rendre en Irak. Le 10 février, le président français Nicolas Sarkozy avait exhorté les entreprises françaises à y investir lors d'une visite surprise de quelques heures à Bagdad.