Durant cette rencontre, il a été notamment annoncé la publication des actes du colloque tenu en 2008 à Tizi-Ouzou en hommage à Feraoun et la traduction dans 25 langues de l'ouvrage phare de l'auteur le Fils du pauvre. Selon le secrétaire général du Haut-commissariat à l'amazighité, M.Youcef Merahi, rencontré lors de cette rencontre à la maison de la culture, l'ouvrage en question a été traduit même vers la langue amazighe par M.Ould Moussa. Cet hommage a été rendu à l'occasion de la date anniversaire de la mort de Mouloud Feraoun, le 15 mars 1962, quatre jours de la signature des accords d'Evian. Loin d'être un acte isolé, cet attentat qui a visé six hommes réputés pour leur engagement pour des valeurs telles que la tolérance, la fraternité et l'égalité a jeté l'émoi parmi la population. Un énième seuil de violence venait d'être franchi, un de trop. Aujourd'hui, 45 ans après ce jour funeste, on se souvient de ce que fut le dévouement des trois Algériens : Mouloud Feraoun, Ali Hamoutène, Salah Ould Aoudia et des trois Français, amis de l'Algérie : Max Marchand, Robert Aymard et Etienne Basset, tués abjectement par l'Organisation armée secrète (OAS). Engagés dans un projet dont la portée humaine, sociale et éducative dérangeait au plus haut point, les six hommes étaient très vite devenus des hommes à abattre. Lorsque le commando fait irruption dans les locaux de la direction des centres socio-éducatifs de Château-Royal, le sort des six inspecteurs est scellé. Ils sont appelés un à un à l'extérieur. Là, ligotés et alignés le long du mur d'enceinte, ils sont froidement exécutés à la mitraillette. Une fin atroce et injuste. Ce dimanche, à Tizi-Ouzou, la mémoire a repris ses droits pour se souvenir de tous ces hommes mais surtout d'un homme : Mouloud Feraoun. Ecrivain de la première génération, il a vu le jour à Tizi Hibel, dans la commune de Larbaâ Nath Irathen. Rentré à l'école à l'âge de 7 ans, Mouloud Feraoun poursuivra ses études à Tizi-Ouzou. En 1932, il intègre l'école normale de Bouzaréah. Là, il fait la connaissance d'Emmanuel Roblès. Trois ans plus tard, il retourne dans son village natal pour y enseigner et se marie avec sa cousine Dehbia qui lui donnera sept enfants. En 1946, il occupe le poste de directeur à Taourirt Moussa et en 1957, il revient à Alger pour diriger l'école de Nador au Clos-Salembier. En 1960, il est nommé inspecteur des centres sociaux à Château-Royal (entre Châteauneuf et Ben Aknoun) et c'est là qu'il est tué le 15 mars 1962. Parallèlement à sa carrière d'enseignant, Feraoun a mené une carrière littéraire à succès. Le Fils du pauvre est publié en 1939, suivi 10 ans plus tard de la Terre et le sang puis les Chemins qui montent, édité chez Le Seuil. Si, certains de ses écrits revêtent un aspect autobiographique, le Journal qu'il commence à rédiger dès 1955 et qui est publié à titre posthume finit par dévoiler la personnalité à la fois attachante et humaniste de son auteur.