Le mouvement de traduire vers cette langue est encore très timide, affirment les représentants du Haut commissariat à l'amazighité (HCA) dans un colloque de deux jours sur «la traduction comme moyen de rencontre des civilisations et de développement des langues émergentes», qu'ils organisent depuis hier à l'Université de Mostaganem. «Nous ambitionnons, pour commencer, de traduire les œuvres dans les différents dialectes berbères. Faire en sorte que les Kabyles, Chaouis, Mozabites, Chenouas et Targuis se comprennent», explique, dans son allocution d'ouverture, Youcef Merahi, Secrétaire général du HCA en ajoutant que cet organisme a fait, toutefois, l'effort de traduire une dizaine d'œuvres, le Coran notamment mais également des œuvres universelles, telles le Petit Prince de Saint Exupéry et celles de George Auwel. Des ouvrages traduits, édités par le HCA que le bibliothécaire du HCA, Karim Chebbah, exhibe aux étudiants curieux, dans une exposition organisée en marge du colloque. Cela dit, l'objectif du HCA n'est pas de traduire uniquement la littérature universelle vers l'amazigh mais aussi les sciènes, le savoir et la littérature algérienne. Pour cela, le SG du HCA appelle les institutions concernées, telles le ministère de la Culture, de l'Enseignement supérieur, de la Formation professionnelle, de l'Education ainsi que l'Institut national de la traduction, à permettre la création d'un comité spécialisé, pour la traduction du savoir et la littérature algériens et universels vers l'amazigh. «Nous avons déjà à notre actif trois instituts de la langue amazighe, à Bouira, Bejaia et Tizi-Ouzou, qui produisent chaque année 400 licenciés. Il sera temps d'exploiter leur savoir-faire», assure Youcef Merahi. «Nous espérons également que l'enseignement de la langue amazighe gagne plus de terrain, qu'elle ne soit pas uniquement enseignée dans les dix wilayas dites berbères mais sur tout le territoire national. Il ne faut pas oublier qu'à l'origine, toute l'Afrique du Nord était berbère», souligne-t-il. Mostaganem, dira pour sa part le doyen de l'université de Mostaganem, Farid Ben Ramdan, est bel et bien berbère, même si ses habitants ne pas pas la langue amazighe. «Nous n'avons qu'à interroger les massifs, les montagnes, les sources, les anciennes tribus qui remontent à l'époque des Zénates, peuple berbère. Les concepts linguistiques, berbères, que nous continuons d'utiliser aujourd'hui à Mosta témoignent de la présence de l'amazighité dans l'histoire de la région. La matrice de Mosta est incontestablement berbère», conclut-il.