Bien avant l'arrivée du candidat indépendant, une foule nombreuse s'est agglutinée sur les trottoirs de l'avenue Houari Boumediene sous l'œil vigilant des services de sécurité, déployés en renforts pour la circonstance. Banderoles, tee-shirts, casquettes et autres posters du président-candidat ornaient l'itinéraire de l'hôte de la ville des Genêts. Des troupes folkloriques de la région, auxquelles se sont jointes celles de la ville de Khenchela, se relayaient sans discontinuer sous des tonnerres d'applaudissements de la population venue en masse «affirmer et exprimer» son soutien au président-candidat. Des slogans, «Bouteflika, Président», «Assa azzeka, Bouteflika yella yella» ou encore «Bouteflika, avec vous pour un troisième mandat», sont autant de slogans repris en chœur par la foule des grands jours à laquelle s'y sont mêlées de nombreuses femmes. Une ambiance de fête régnait sur les lieux. Un grand jour, «historique», pour reprendre le candidat Abdelaziz Bouteflika qui, à son arrivée à Tizi Ouzou ville, a eu droit à un bain de foule exceptionnel. Il a été chaleureusement accueilli par les notables et les personnalités de la région dont l'ancien champion d'Afrique de boxe, Loucif Hamani, et sa mère, Mohand Cherif Hanachi et les joueurs de la JSK et par la population. De la rue Mohand Said Ouzzefoun, où le président-candidat a quitté son véhicule, jusqu'à la grande salle de la maison de la culture Mouloud-Mammeri, où il a prononcé son discours, en sillonnant à pied l'avenue Houari-Boumediene, sur près de 400 m, Abdelaziz Bouteflika n'a eu de cesse de saluer la foule pour l'accueil «chaleureux» qui lui était réservé. Par-ci, par- là, l'hôte de la ville des Genêts observait de brèves haltes pour se rapprocher davantage de la foule. Un geste qu'il a reproduit même dans l'enceinte de la grande salle de la maison de la culture Mouloud-Mammeri, trop exigüe par ailleurs, avant et après son discours. Un discours au cours duquel le président-candidat, par l'accueil qui lui était réservé, s'est dit «aujourd'hui, je peux mourir tranquille». Et d'avouer que du poste «où j'étais (président de la République, ndlr), je ne sais qui d'un côté comme de l'autre a provoqué cette tragédie, les douloureux événements d'avril 2001» qui ont, pour rappel, fait 126 victimes et des milliers de blessés devant lesquelles (victimes, ndlr) le président candidat s'est dit interpellé. Le candidat libre Bouteflika a, encore une fois, expliqué qu'il n'était pas venu proposer un programme, mais «pour vous voir», a-t-il dit, invitant la population à choisir d'entre tous les programmes proposés par les autres candidats et faisant remarquer la spécificité du sien qui se démarque par la continuité et qui est intimement lié à la paix et la stabilité du pays». «C'est une question vitale pour nous», a expliqué le candidat à la présidentielle qui a soutenu toute l'importance de l'établissement d'une paix pérenne. Convaincu de la détermination du peuple à refuser la résignation, il dira que «le peuple, qui ne s'est pas rendu à l'armée coloniale, ne peut se rendre aux groupes terroristes». Aussi, s'est-il engagé solennellement à défendre «de là ou je me trouve la réconciliation nationale et la paix», a-t-il dit. Un engagement qui émane d'une conviction profonde qui ne découle pas du poste qu'il occupe, «car, ce sont les convictions qui mènent aux postes et non le contraire», a-t-il nuancé. Sous les applaudissements, il a invité la population à exprimer son choix le 9 avril. «Si vous êtes décidés à poursuivre le chemin avec moi, alors, faites-le savoir en vous rendant aux urnes», a-t-il conclu.