Une décision qui a été annoncée, hier, par M. Cherouati, président de l'Autorité de régulation des hydrocarbures, lors de son intervention à la Chaîne III de la Radio nationale. Dans ce sens, il a affirmé qu'un projet inhérent à cette augmentation sera soumis bientôt au gouvernement. Désormais, le litre de gasoil coûtera plus de 15 dinars. Les raisons de la hausse du prix de ce carburant sont dictées, selon M. Cherouati, par le souci de maîtriser la consommation de gasoil qui est en train de connaître une forte demande, ces dernières années, alors que les capacités nationales de raffinage sont limitées et n'arrivent pas à suivre cette tendance haussière de la demande. Ce qui induit à une importation du gasoil dont la facture en 2009 a augmenté à 300 millions de dollars. Une dépense considérée supplémentaire qui grève des recettes qui auraient pu être injectées dans des opérations de rénovation des raffineries, à l'instar de celles de Skikda et Arzew. Aussi, en sus des raisons avancées par M. Cherouati, M. Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, a toujours plaidé pour une rationalisation de l'utilisation du gasoil. Selon lui, le prix pratiqué pour le gasoil en Algérie est plafonné et ne représente nullement la réalité de son coût. C'est pour cela qu'il préconise une augmentation de son prix pour éviter d'avoir recours à la subvention du gasoil importé. Aussi, cela permettra, selon sa nouvelle politique énergétique, de lancer des investissements dans d'autres secteurs ayant une plus-value économique. De même, l'autre axe de développement du secteur des carburants en Algérie est d'orienter la consommation par une révision progressive du prix du gasoil en Algérie, tout en incitant la reconversion des moteurs Diesel en GPL, la mise en place des installations de production et de distribution pour une meilleure disponibilité de produits propres, la vulgarisation de l'utilisation des énergies renouvelables, le développement de la recherche pour la production de biocarburants et l'encouragement de la production locale d'équipements de conversion, ainsi que l'aide à l'acquisition et la réalisation de stations GPL et GNC, la généralisation du carburant sans plomb à partir de 2013 et l'introduction d'un nouveau gasoil à basse teneur en souffre. Aussi, avant d'annoncer cette hausse du prix de gasoil, M. Khelil a instruit son administration et toutes les sociétés dépendant de son secteur de ne plus recourir à l'achat de véhicules diesel, une décision qui annonce que la lutte contre ce carburant est annoncée. En outre, récemment, le Premier ministre, M. Ouyahia, a emboîté le pas à son ministre de l'Energie et des Mines en donnant instruction à toutes les institutions publiques à ne pas se doter de véhicules consommant le gasoil. C'est dire que si le projet d'augmentation du prix de ce carburant a toujours connu le rejet des députés, cette fois-ci, il risquerait de connaître un «meilleur» sort dans la mesure où le gouvernement va à coup sûr, l'entériner. Même si M. Khelil pense qu'une telle augmentation aurait des conséquences négatives sur le revenu des ménages, il n'en demeure pas, selon lui, qu'il s'agit d'une décision incontournable pour absorber le déficit en la matière qui verra le jour en 2013. Un dérèglement de l'approvisionnement qui ne sera atténué qu'après l'entrée en phase de production, en 2014, de la raffinerie de Tiaret et la réhabilitation des autres raffineries. Par ailleurs, cette nouvelle politique tarifaire des carburants, aura comme retombées, selon ses architectes, l'économie de plus de 3 millions de tonnes de carburant sur la demande qui s'attend à connaître un boom d'ici 2019 si aucune mesure n'est prise pour le freiner. Dans le même cadre c'est, aussi, le parc automobile algérien qui connaîtra une métamorphose et qui sera appelé à se départir de son étiquette d' «ultra-gasoiliste». A titre de rappel, l'Algérie débourse annuellement 297 millions de dollars pour l'importation du gasoil et la consommation annuelle de ce carburant est évaluée à 500 000 tonnes. Ce qui est un peu osé pour un pays producteur de pétrole. Mohamed-Cherif Drifi Lire sur Internet