Si hausse des carburants il devait y avoir, elle ne devra pas s'effectuer au détriment des automobilistes. “Les marges des distributeurs de carburants vont forcément augmenter parce qu'il y a l'inflation.” M. Nordine Cherouati, président de l'Agence de régulation des hydrocarbures (ARH) estime qu'à ce titre, il va falloir rattraper chaque année, les surcoûts qui viendraient se greffer sur ces marges de distribution. Cette révision à la hausse de ces marges devrait se faire, néanmoins, sur demande des opérateurs. Et c'est l'ARH qui, après dialogue puis consensus, approuvera leurs propositions sous l'égide du gouvernement. Les niveaux fixés depuis deux ans par l'exécutif à 1,25 DA/litre d'essence ou 1,50 DA/litre de gasoil vendus dans les stations semblent ne pas faire l'unanimité au sein des gérants “nous considérons qu'elles sont suffisantes, mais d'autres ont une opinion différente”, estime M. Cherouati. Aujourd'hui, l'autorité de régulation, affirme-t-il, a cette latitude de pouvoir discuter avec les opérateurs afin de trouver des solutions qui agréent les uns et les autres tout en étant juste. “Quand il y a augmentation, c'est toujours le client qui subit. Or, notre tâche, c'est de veiller d'abord à la protection du consommateur”, nuance le président de l'ARH. En termes plus clairs, si hausse des marges il devait y avoir, elle ne devra pas s'effectuer au détriment des automobilistes. Quelle parade trouveront les autorités concernées pour atteindre cet objectif ? Pour la tarification des produits pétroliers, notamment les carburants, le nouveau texte de loi sur les hydrocarbures, prévoit chaque année, a déclaré récemment le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, un ajustement des marges. “On ne parle pas des prix. Les tarifs, pour nous, sont une conséquence d'une addition des coûts de production, de transport, de stockage, des marges ainsi que des taxes. L'ARH détermine donc ces marges, telles que celles de Naftal ou des opérateurs privés, sur la base de ces coûts. Par conséquent, une fois ces marges introduites dans les prix, la tarification est systématiquement revue à la hausse”, explique Chakib Khelil. Et d'ajouter : “On augmente ces marges une fois que le gouvernement aura statué à ce propos.” Généralement, a souligné le ministre, l'exécutif procède à des changements dans les taxes pour qu'il n'y ait pas d'augmentation des tarifs. Plus grand marché de la région avec 10 millions de tonnes de produits pétroliers Par ailleurs, la faiblesse de ces marges constitue une des difficultés qui poussent les investisseurs étrangers à éviter ce créneau. M. Cherouati, qui est intervenu hier sur les ondes de la radio Chaîne III, le reconnaît. Mais il indique que d'autres contraintes liées à l'accès au foncier pour construire des stations-service, freinent ces opérateurs. Toutefois, les étrangers s'intéressent sérieusement au marché qui demeure, selon M. Cherouati, le plus grand de la région “avec 10 millions de tonnes de produits pétroliers et 6 millions de tonnes de carburants pour automobile”. L'Algérie représente 20% à 30% de certains pays européens. Pour que le prix du carburant soit le même partout sur le territoire national, il est procédé par la compensation des surcoûts de distribution par le biais d'une caisse créée dans ce sens. En effet, confirme Nordine Cherouati, il faut rémunérer la chaîne de stockage de Naftal et compenser ceux qui vont s'installer loin des centres de consommation et des grandes zones urbaines. La plus importante compensation concerne surtout la distribution du GPL, c'est-à-dire le gaz butane et propane en conditionné. “Le montant pourrait atteindre 500 millions de DA”, précise ce responsable. Sur un autre registre, ce dernier témoigne de l'existence de quelques tensions entre Naftal et les gérants de son réseau de stations. Il s'agit, relève-t-il, d'une affaire commerciale et contractuelle entre les deux parties et que l'ARH n'a pas à s'en mêler. Badreddine KHRIS