Les négociations climatiques de Copenhague sont entrées dans une place décisive. Depuis vendredi dernier, un projet d'accord global est sur la table du sommet de Copenhague. Un texte qui a fait vivement réagir les Etats-Unis qui exigent une nouvelle géographie du monde ; ils réclament un engagement substantiel de tous les Etats. Ils ont réaffirmé qu'il n'était pas question pour eux d'entériner la logique du Protocole de Kyoto, soit un régime sans engagement pour les pays émergents. Le problème n'est pas nouveau. La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques qui est à la base de la conférence de Copenhague, a distingué d'emblée les pays industrialisés des pays en développement. Pour elle, les premiers portent une plus lourde responsabilité que les seconds dans le réchauffements, tout en possédant plus de moyens techniques et financiers pour «responsabilité commune mais différencié». Le texte a eu pour grand avantage d'accélérer la lutte contre le changement climatique en donnant des obligations à des états qui s'étaient montrés disposés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Mais il a eu pour gros inconvénient de diviser de manière simpliste la communauté internationale en deux. L'Afrique crie sa colère Alors que les Américains demandent de laisser de côté le Protocole de Kyoto, l'Afrique sort du bois et crie sa colère en quittant brièvement lundi le groupe de travail pour protester justement contre le manque d'attention porté à ce fameux protocole. «La position des Etats Unis risquerait d'affaiblir», a déclaré un diplomate africain à la Nouvelle République. Les pays industrialisés de longue date continuent à constituer une catégorie à part comme le définit si bien le Protocole deKyoto. Plusieurs capitales européennes se sont insurgées également contre les objectifs américains. On est loin cependant de l'accord final. Le brouillon en circulation compte une multitude d'articles incomplets et de chiffres contradictoires et tous ses passages même les plus précis vont passer à la moulinette des intérêts divergents. Il a été lancé en pâture aux négociations non pour leur imposer une solution mais pour dynamiser le débat en l'élargissant, en ajoutant aux discussions techniques des premiers jours un propos général sur les principaux équilibres à trouver. Ainsi le veut ce genre d'exercice. Elles requièrent également de s'étendre sur l'ensemble pour pouvoir s'accorder sur les détails, or le moment est bien choisi pour installer cette seconde dynamique. Quelque 115 chefs d'Etat et de gouvernement ont commencé à arriver dès ce samedi, soit des premiers acteurs habilités à faire preuve d'autre stratégies. S'il faut sortir des sentiers battus, eux- seuls sont capables d'en décider. Comment gérer les inégalités de traitement réservés aux uns et autres, Européens, Américains, Chinois, Indiens et Africains ? Toutes ces questions sont aujourd'hui ouvertes et le projet d'accord diffusé vendredi ne tranche pas mais en posant clairement les termes du problème, il facilite le travail de ceux qui cette semaine le feront. Pendant ce temps, une mobilisation internationale se poursuit pour presser les gouvernements à agir et trouver un accord ambitieux et contraignant sur la lutte contre le réchauffement climatique au sommet de Copenhague. H. Eldrup Lire sur Internet