Un texte de sept pages, daté d'hier, servira désormais de base aux discussions et sera encore âprement négocié entre ministres puis chefs d'Etat. Le premier projet officiel d'accord mondial sur le climat, présenté hier à Copenhague au moment où l'UE a annoncé une aide de 7,2 milliards d'euros sur trois ans aux plus pauvres, prévoit de limiter la hausse de la température de la planète à 1,5°C ou 2°C sans trancher entre ces deux options. Ce texte de sept pages, daté d'hier, servira désormais de base aux discussions et sera encore âprement négocié entre ministres puis chefs d'Etat. «Les parties doivent coopérer pour éviter un changement climatique dangereux (...) en reconnaissant que la hausse de le température moyenne globale par rapport aux niveaux pré-industriels ne doit pas dépasser (2°C) (1,5°C)», indique ce document qui émane du groupe de travail placé sous l'égide de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques et dirigé par le Maltais Michael Zammit Cutajar. «C'est un grand pas en avant, nous avons maintenant un texte sur lequel nous pouvons tous nous concentrer», a réagi Kaisa Kosonen de Greenpeace, tout en soulignant que de nombreux arbitrages restaient à faire. «Le texte a de nombreuses lacunes, met en lumière les désaccords mais montre aussi clairement qu'un accord est possible», a estimé Kim Carstensen, du WWF. Le texte appelle les pays industrialisés à ouvrir une deuxième période d'engagement du protocole de Kyoto, de 2013 à 2020, répondant ainsi à une exigence forte des pays en développement. La formulation est plus vague pour les Etats-Unis, non partie à Kyoto, dont les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre seraient listés en annexe de l'accord. De même, le texte ne fixe pas de date à laquelle les émissions mondiales devraient cesser d'augmenter et se contente de souhaiter ce pic «le plus tôt possible». Le G8 et les principales économies de la planète s'étaient accordés en juillet à L'Aquila (Italie) pour limiter le réchauffement à 2°C au-dessus des niveaux pré-industriels. Mais à l'initiative des petits Etats insulaires, particulièrement menacés par la hausse du niveau des océans, une centaine de pays en développement militent pour une limite à 1,5°C, ce qui supposerait de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 85% d'ici 2050 par rapport à 1990. «Il nous sera absolument impossible d'accepter un accord qui nous conduirait vers un réchauffement supérieur à 1,5°C», assure Collin Beck, chef de la délégation des Iles Salomon (Pacifique). «Ce que nous négocions ici c'est notre survie. Certains d'entre nous assistent déjà à l'exode de leur population», ajoute Antonio Lima, son homologue du Cap Vert. L'Alliance des petits Etats insulaires (Aosis, 43 membres) a d'ailleurs présenté dans la nuit son propre texte, articulé autour de cette ambition forte. Enfin, sur la question des financements, celle qui génère les plus grandes frustrations, le document ne s'avance pas à ce stade sur les montants et architecture. Il inscrit en revanche un mécanisme immédiat (fast start) d'aide aux plus pauvres pour 2010-2012. Sur ce point, les pays de l'UE, réunis en sommet à Bruxelles, ont décidé hier de verser une aide de 7,2 milliards d'euros sur trois ans. Le président français Nicolas Sarkozy a par ailleurs, confirmé que l'UE pourrait «mettre sur la table» une réduction de 30% de ses émissions de CO2 en 2020 (par rapport à 1990) si les autres grands pays font des offres comparables. A l'extérieur du Bella Center où s'agitent déjà plus de 15.000 délégués, ONG et médias, la police de Copenhague est sur les dents, à la veille de la mégamanifestation organisée par plus de 500 organisations internationales. Les manifestants sont attendus en bus et trains spéciaux venant de grandes villes allemandes (Berlin, Kiel, Brême), anglaises (Londres, Leeds), d'Amsterdam, Milan et autres. Le contrôle aux frontières a été ré-instauré et les «individus suspects» refoulés, a indiqué Flemming Steen Munch, porte-parole de la police de Copenhague.