Cette manifestation, à laquelle prennent part de nombreuses troupes et associations locales versées dans la musique et le chant de la région de Djanet, vise, selon les organisateurs, la préservation du riche patrimoine immatériel de cette région du Tasiili Ajjers. Coïncidant avec le lancement de la nouvelle saison touristique dans le Grand- Sud, ce festival de quatre jours a également regroupé des visiteurs nationaux et des touristes étrangers, venus célébrer les fêtes de fin d'année dans le Tassili. Outre la cérémonie d'ouverture présidée par les autorités locales, et qui a été marquée par un défilé de troupes folkloriques locales, sous le rythme de la musique touarègue de alliouane, le programme de cette manifestation prévoit une exposition sur la Sebeiba à la bibliothèque communale, l'animation d'une journée d'étude maghrébine sur le patrimoine culturel et immatériel prévue à l'institut national de la formation professionnelle de Ifri (Djanet). Des visites guidées à travers les ksour d'El Mihan, Azelouaz et Adjahil, par l'Office du parc national du Tassili (OPNT), figurent au menu de cette manifestation qui prévoit également l'animation par des troupes locales, de soirées musicales et artistiques. Selon le président de l'association Sebeiba à Djanet, Gacem Tabagou, la Sebeiba est une rencontre qui permet, selon l'histoire, de célébrer un pacte de paix entre les tribus de la région. Les habitants de la ville de Djanet, célèbrent la Sebeiba, une fête annuelle puisant son origine dans l'histoire ancienne des Touareg du Tassili Ajjers, qui se tient depuis le premier jour de l'an de l'hégire (Moharrem) pour durer jusqu'à l'Achoura, à l'initiative de l'Office du parc national du Tassili (OPNT) et la commune de Djanet, a indiqué la même source. Tout comme à Tamanrasset, où toutes les tribus du Hoggar sont réunies autour de leur aménokal, chef spirituel, pour célébrer la traditionnelle ziara, visite au mausolée de Moulay Abderrahmane, la Sebeiba de Djanet permet aux deux tribus locales de se retrouver le jour de l'Achoura de chaque année pour célébrer un pacte de paix conclu par leurs aïeux depuis des millénaires. Ce traité de paix entre les Oraren et les Tar'Orfit signifiait la fin de l'une des guerres fratricides les plus longues dans l'histoire des tribus Ajjers, a souligné M. Tabagou. Cette manifestation, qui regroupe les deux ksour qui dominent la ville de Djanet, se traduit par des joutes amicales entre les habitants et des danses exécutées sur un rythme émouvant des tambourins, tandis que des guerriers, en grand apparat, exhibent les étoffes sacrées qui rappellent leur origine tribale et leur unité face à l'ennemi. Dans chaque camp, on s'entraîne, on lustre et aiguise les armes d'apparat, on prépare les costumes de guerre aux couleurs bigarrées, on espionne aussi l'adversaire. Le jour de la Sebeiba, on rejoue le dernier acte : les guerriers se retrouvent face à face et, sur fond de youyous lancés par les femmes, ils se toisent, se défient et se provoquent sous les sons des bendirs... Au moment où la tension atteint son paroxysme, les sages interviennent pour arrêter les parades guerrières des deux tribus et finissent, après de longues négociations, par reconduire le pacte de paix signé par leurs ancêtres.