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De la misère à la renommée (III)
Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski (1821-1881)
Publié dans La Nouvelle République le 04 - 01 - 2010

Avant de se révéler comme un écrivain génial, Fédor Dostoïevski, qui avait goûté à toutes les misères possibles et inimaginables, qui avait souffert de son exil en Sibérie, fut un lecteur passionné. Dès l'adolescence, il entreprenait la lecture de tous les ouvrages qui lui tombaient sous la main. Bien évidemment, ces longues lectures lui donnèrent une culture générale solide et des connaissances prodigieuses tout en formant son esprit, le préparant, ainsi, à offrir une production littéraire à tous points de vue remarquable.
Une œuvre prodigieuse
Fédor Dostoïevski avait une excellente connaissance de la littérature européenne de son temps. Les écrivains tels que Byron, Balzac, Dickens, Victor Hugo, figuraient parmi ses auteurs favoris. Dans ses premières années, il fut également volontiers un grand lecteur de romans populaires, notamment du feuilletoniste français Eugène Sue.
Le pléthorique écrivain Honoré de Balzac a eu, toutefois, une influence déterminante sur l'écrivain russe qui traduisit dès 1844, Eugénie Grandet, œuvre dont il s'inspira pour écrire son premier roman à succès : les Pauvres gens. Un grand critique, verra, d'ailleurs, en Balzac une source d'inspiration de Dostoïevski, tant dans la forme (on retrouve dans les Pauvres gens des expressions du père de la Comédie humaine) que dans le fond.
C'était aussi chez ses prédécesseurs russes Pouchkine et Gogol qu'il puisera une part de son inspiration littéraire, notamment le mélange de styles réalistes, grotesques et épiques caractéristique de cette tradition russe.
Il faut également souligner l'importance de son intérêt pour le théâtre (Racine, Shakespeare, Schiller, Molière en particulier). De fait, ses romans se présentaient fréquemment comme des suites de scènes dramatiques presque entièrement dialoguées. On rencontre encore des dispositifs classiques du théâtre tels que le quiproquo ou le témoin caché.
A cette passion pour la lecture, s'ajoute celle pour la critique littéraire et le débat d'idées en général. Dans les Souvenirs de la maison des morts, le narrateur relatait l'émotion intense qu'il ressentait lorsqu'il parvenait à se procurer pour la première fois depuis de nombreuses années une revue littéraire. Les allusions à la littérature contemporaine parsèment l'œuvre de Dostoïevski, sous forme de parodie, d'attaque directe ou implicite, notamment contre le romantisme. C'est une dimension importante de l'œuvre de Dostoïevski qui n'apparaît pas immédiatement au lecteur d'aujourd'hui.
Le style romanesque chez Dostoïevski
Une des caractéristiques les plus frappantes des romans dostoïevskiens est l'outrance des personnages et des situations. On rencontre, ainsi, des débauchés nihilistes, des femmes fatales, des mères prostituant leurs enfants, des alcooliques invétérés, de nombreux personnages à la limite de la folie (mégalomanie, délire de persécution, sadisme...), mais aussi des «saints» incarnant l'idéal chrétien, tel le starets Zossima ou le prince Muychkine. Les meurtres, les ruines soudaines, les mariages annulés, les maladies mortelles, les suicides se succédaient, parfois, à la limite de la vraisemblance. L'intensité de ces scènes est encore relevée par l'utilisation de la narration à la première personne (le Joueur, l'Adolescent, Humiliés et Offensés entre autres) ou par l'utilisation du dialogue.
Les personnages de Dostoïevski ont, en outre, la particularité d'évoluer au cours du roman, et, souvent, radicalement, tel le Raskolnikov de Crime et Châtiment. Ce trait marquait une profonde rupture avec la tradition littéraire qui privilégiait l'unité et la cohérence des personnages, et ouvrait vers la modernité littéraire.
Un autre aspect frappant est la place considérable dévolue aux dialogues. C'est ainsi que le critique russe Mikhaïl Bakhtine avait été amené à définir le concept de dialogisme pour caractériser le style romanesque de Dostoïevski. Le roman dostoïevskien se présentait comme une confrontation de points de vue «existentiels» entre les différents personnages, points de vue qui s'exprimaient dans des styles différents. Le burlesque pouvait, ainsi, côtoyer le tragique, ou le sentimentalisme le cynisme. Dostoïevski apportait un soin particulier au réalisme des dialogues, en utilisant des expressions populaires, des digressions, des interruptions.
Chacun des personnages se définissait par rapport aux autres, par imitation ou par opposition. De nombreux romans (souvent burlesques) étaient bâtis sur les relations d'amour et de haine entre deux personnages très semblables ou complémentaires : le Double, mais aussi le Bourg de Stépantchikovo et sa population ou l'Eternel mari. On peut trouver, également, de longues scènes impliquant des discussions houleuses avec de nombreux personnages (l'Idiot ou les Démons). Mais Dostoïevski fut également l'un des premiers à présenter des romans sous forme de monologue (les Carnets du sous-sol, la Douce, l'Adolescent). Même dans ces monologues le principe dialogique était à l'œuvre : le narrateur s'adressait à un public imaginaire, répondait à ses objections, et cherchait à le séduire ou à le défier.
Le style romanesque de Dostoïevski découlait de ces caractéristiques. La confrontation de personnages incarnant des positions différentes entraînait une grande variété des styles, d'une œuvre à l'autre mais aussi au sein d'un même texte. Des épisodes grotesques ou bouffons étaient intercalés au milieu de scènes dramatiques (le Bourg de Stépantchikovo et sa population), comme dans les pièces de Shakespeare. Enfin, on peut notre aussi, dans les romans de Dostoïevski, les caractéristiques propres à la publication sous forme de feuilleton : foisonnement des intrigues, digressions, mais aussi des incohérences, caractéristiques que l'on peut retrouver dans d'autres œuvres contemporaines telles que la Maison d'âpre vent de Dickens ou la Foire aux vanités de Thackeray.
(Suite et fin)


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