Le mieux pour nous est de garder les pieds sur terre, s'accrocher au réalisme. C'est d'ailleurs, la philosophie propre à Rabah Sâadane, lequel estime que cette équipe nationale – celle qui devrait être dans sa plénitude – est encore loin à se dessiner. Lors de son récent pèlerinage à Batna, Saâdane a rappelé qu'il vit avec l'EN et qu'il sait tout. Ils ont dit de lui qu'il était défaitiste ? Pas du tout, sauf qu'il a son propre diagnostic sur l'EN qu'il dirige en entraîneur chevronné. Pour lui, l'équipe nationale est encore en gestation. Ce «onze» national n'est pas né avec des moustaches. Ses réussites lors des éliminatoires sont dues à la volonté collective du groupe, à la qualité de certains joueurs, au profil de l'entraîneur et au rôle positif de la FAF de Raouraoua. L'EN est toujours en première phase de construction. L'âge d'un bébé qui apprend à marcher. La réussite grâce au travail et à la volonté lui a été favorable. Elle a écarté de son chemin, des adversaires grâce à la fameuse Egypte pharaonique. L'essentiel de l'objectif n'était-il pas d'arracher seulement une qualification pour la CAN-2010 ? Voilà que l'Algérie se voit comblée par un doublet : la CAN et la coupe du monde 2010. Avouons que c'est énorme comme plan de charge pour cette équipe nationale. Sâadane avait fait part ouvertement de ce qu'il ressentait : la fatigue et l'épuisement. C'est dire que sa responsabilité à la tête de l'EN est colossale et contraignante sur plusieurs plans. Ils focalisent plus son intérêt et sa préférence sur l'Afrique du Sud. Convenance personnelle ou poids de pressions diverses, devenues psychologiquement insupportables ? L'entraîneur national est convaincu malgré le parcours et les résultats positifs que cette EN est encore en deçà des normes et paramètres internationaux requis pour être hautement compétitif et durable. Il reste à travailler la maturité individuelle et la mise en place progressive du fond de jeu collectif (cohésion technico-tactique du groupe) et des variantes tactiques, mais cette œuvre de longue haleine est bousculée par ces échéances de la CAN et de la coupe du monde. Sâadane ne cessait avant la CAN et dans des déclarations faites à Batna, de recommander au public de ne pas s'accrocher aux rêves et aux illusions, affirmant que la fête de la qualification est terminée. Place au travail comme unique recette de réussite, mais le défaut des Algériens – les supporters – est de vouloir des résultats immédiats, ce qui détériore l'environnement de l'EN dont la sérénité et l'adhésion au programme établi. Le grabuge suscité inutilement au sujet de l'intégration du professionnel Lahcène Mehdi n'atteste-t-il pas d'une mentalité de résistance au changement, signe avant coureur d'un prè-clanisme à l'intérieur même de l'EN ? Des déclarations repoussantes, dignes du fameux droit acquis et de la légitimité historique faisant de l'équipe nationale un arbre cachant la forêt quand on sait que le football algérien se débat dans une crise où l'amateurisme est assimilé à toute honte bue à du professionnalisme. Saâdane avait évoqué à Batna, l'existence d'un plan de redressement du sport national, destiné à résoudre ses maux et ses tares, afin de faire intégrer tous les sports dont le football dans la voie du vrai professionnalisme et arracher ce dernier aux appétits affairistes sauvages le caractérisant actuellement. Ce plan de redressement est entre les mains de Ahmed Ouyahia et de son gouvernement, on ignore ce qu'il en sortira et quel serait son impact réel en ces temps où la Fifa compte imposer le professionnalisme partout dans le monde pour une évidente question de capitalisme et de marchés commerciaux ? Autant de questions taraudant l'esprit du public sportif national et auxquelles des réponses sont attendues de la part des pouvoirs publics. Sâadane, cet ancien footballeur cadet, qui s'était vu directement injecté en seniors du MSP Batna, vu ses qualités, a déclaré au siège de l'APC de Batna : «Je roule pour l'Algérie et j'appartiens à tous les Algériens. Quant à ceux qui me critiquent dans la presse, ils sont libres de le faire. En fait, j'en suis conscient mais je les ignore. Pour moi, il y a une ligne rouge à ne pas franchir, je sais qu'ils attaquent Raouraoua en s'en prenant à moi». Ali Benbelgacem A voir n Al jazeera sport + 9 : Tunisie-Cameroun à 17h