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Des paramètres culturels–linguistiques interdépendants inhérents à l'algérianité mosaicale-plurielle (VII)
Algérie
Publié dans La Nouvelle République le 25 - 01 - 2010

Lors d'une interview, à ce sujet, Ahmed Amine Dellai, chercheur en poésie populaire du Melhoun, dira particulièrement à ce propos :
«(…) Qu'est-ce que la littérature algérienne? C'était, et cela me reste, des écrivains algériens écrivant dans la langue de Molière eu de Jahidh, mais pas dans celle du pays: la langue commune à tous les Algériens, à savoir l'Algérien. En cherchant, j'ai découvert que les Algériens et, de façon plus générale, les Maghrébins, avaient depuis longtemps créé une langue, non pas seulement de la simple conversation (daridja), mais une langue de création littéraire (une fosha, le poète étant appelé, chez nous, el fqih), une sorte d'arabe démotique à l'usage des poètes, car nos écrivains sont des poètes. J'ai compris, alors, que je tenais là ma littérature algérienne (…). L'arabe est bien la langue officielle, vous n'avez qu'à écouter le Président, qui y excelle, mais, en aucun cas, la langue nationale, qui est, elle, l'algérien. Notre cas est bien curieux : voilà un pays où la langue officielle n'est pas la langue nationale, et ou la langue nationale n'est pas encore officialisée. Cette confusion, à laquelle très peu d'Arabes, en général, échappent, vient de deux facteurs principaux : la proximité des deux langues, qui est naturelle, puisque l'une dérive de l'autre, comme le français dérive du latin, et le statut de langue sacrée de l'Arabe», et le chercheur de clarifier,
«Entendons-nous bien. Parler de langue algérienne ne signifie pas, pour moi, que j'exclus la langue arabe ou la langue française. Absolument pas. Seulement, je «considère que notre langue et notre littérature algériennes n'ont pas la place qu'elles méritent, et le fait de les ranger dans les tiroirs-commodes de la «Darija «et de la culture «orale», ou «populaire», les dévalorise et, par-là même, nous dévalorise nous-mêmes dans notre identité nationale», et à propos de l'idée répandue en Algérie et au Maghreb, en général, de culture de transmission orale essentiellement, le chercheur universitaire affirmera, à titre d'exemple, que, «dans le melhoun, il y a plus d'écrit que d'oral», indiquant, «Nous croulons, quasiment, sous les manuscrits», parlant de ses travaux, en concert avec son collègue marocain, Azzedine Kharchafi, faisant état d'archives ancestrale, relevant aussi bien du patrimoine littéraire, spirituel et culturel, en général, que des legs de généalogies familiales, attestations, témoignages etc., tenant lieu de conventions juridiques, accords et traités divers, etc. Ce qui est sûr, c'est que la société algérienne, et maghrébine, ancienne, contrairement à une idée répandue, n'était pas totalement dépourvue d'écriture.
Ecoutons Ahmed Amine Dellai : «(…) La notion de littérature orale a été appliquée aux sociétés dites sans écriture, ce qui n'est pas le cas pour notre région. Les Maghrébins ont toujours écrit, gravé, ou dessiné, partout et sur tous les supports. La poésie du Maghreb circulait sous forme de cahiers et de registres manuscrits. Pour cela, il faut rendre hommage aux maîtres du calame, nos vénérables tolbas. J'ai vu des diwans de melhoun, calligraphiés, qui étaient de véritables œuvres d'art. Ainsi, les zajals de cheikh Benguouzman, l'Andalou, nous sont parvenus par écrit et non oralement. Cette notion de culture de l'oral est pernicieuse, comme beaucoup de notions importées.(…)», et à l'adresse de ceux qui estiment, notamment parmi les universitaires de langue arabe, qu'une langue populaire ne peut prétendre à la dimension universelle, il déclarera «Je les invite, tout simplement, à lire, entre autres, un article de René Etiemble intitulé «Mestafa Ben Brahim et Turoldus, César et Roaland» ( 1963), où ce spécialiste en littérature comparée compare, justement, la poésie épique de notre poète des Béni Amer avec les grands textes épiques universels. Cela dit, beaucoup d'universitaires arabisants ont dépassé cette vision réductrice, et sont devenus de fervents amateurs de cette littérature. C'est un pas important. Un jour, l'université s'ouvrira, sans complexe, à notre littérature. Ou, alors, elle sera tout, sauf algérienne. Car renier le melhoun, notre littérature nationale, c'est comme refuser d'écouter ces voix familières qui viennent, du fond des âges, nous rappeler qui nous sommes. C'est renier les siens et c'est se renier soi-même» (in interview recueillie par Bouziane Ben Achour, El Watan du jeudi 08 février 2007).
Il est aujourd'hui évident qu'il existe une masse, importante, de textes manuscrits légués par les anciens, surtout ceux recueillis dans le Sud, et actuellement en cours d'études. Et on a pu constater qu'ils sont, dans leur plupart, une transcription simple de l'arabe dialectal oral algérien, ou maghrébin, populaire, en général. Et ce qui expliquerait l'absence de leur impression, ou restitution, sous forme d'imprimé, renvoie, bien entendu, aux circonstances et conditionnements socio-historiques complexes qui ont fait que l'Algérie passe à coté de la révolution industrielle et la mutation scientifico- culturelle conséquente, impulsée notamment par l'apport révolutionnaire de l'imprimerie : la page imprimée, du livre ou de presse, qui, par son pouvoir d'extension et de propagation démocratique des savoirs, cultures et traductions du monde entier, à large échelle nationale, a permis aux nations favorisées d'hier d'amorcer, résolument, un processus de modernisation et d'émancipation sociale, collective et individuelle, dès cette époque pré-industrielle.
L'impression, par le passé, de ces divers manuscrits, supports de l'oralité transcrite, pourrait-elle contribuer à instaurer une langue nationale algérienne souveraine et éviter, ainsi, la confusion historique avec l'Arabe fusha, ou scolaire institutionnel ?
Peut-être bien, mais toujours est-il, qu'actuellement, la Daridja, langue nationale populaire des Algériens, n'est pas du tout officialisée alors que la langue arabe littérale, ou fosha, classique, est elle langue officielle et nationale …Alors qu'elle est supranationale, en vérité, propre à tous les pays de la communauté arabe qui ont, pourtant, chacun sa langue populaire dialectale, qui lui tient lieu de langue nationale authentique, spécifique ! (ce qui n'annule, nullement, l'appartenance à la communauté linguistique arabe, comme les Américains s'apparentent à la communauté Anglo-saxonne, mais avec cette différence qu'ils ont, parallèlement, leur idiome national spécifique, aux normes syntaxiques et lexicales appropriées). Et, comme le signale le linguiste Abdou Elimam, «l'histoire n'a encore pas enregistré d'arabophone de naissance ; c'est-à-dire des humains ayant l'arabe classique (la fosha) pour langue maternelle. Les enfants des pays arabes matérialisent leur MLN sous les espèces du Syrien, de l'Egyptien, du Libanais, du Maghrébi, du Palestinien, etc. Et cela depuis toujours. Le générique «langue arabe», lorsqu'il qualifie les parlers des pays arabes, ne peut donc être que métonymique.
Cela étant dit, reconnaissons que l'histoire de la civilisation arabo-musulmane a, bel et bien, donné ses lettres de noblesse à une «langue franche»appelée, certes de manière consensuelle, l'arabe. Mais la nature est ainsi faite que les langues se perpétuent, précisément, par les locuteurs natifs, qui les reproduisent instinctivement. Et la langue arabe, qui se maintient en tant que langue franche, n'aura, nulle part, réussi à se substituer aux langues natives. Elle se maintient dans un statut de langue de superstructure dont la seule réalité se manifeste à l'écrit ; contrairement aux langues natives et naturelles qui se matérialisent, d'abord et avant tout, à l'oral. Langue de l'écrit, l'arabe ne parvient pas à s'installer comme langue de l'échange oral vrai. (…)» (in L' exception linguistique en didactique, p.127, Abdou Elimam, Editions Dar El Gharb, Oran, Algérie 2006).
(A suivre)


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