, «La toxicomanie est un problème de santé publique touchant de plus en plus les adolescents. C'est l'une des causes d'interruption du cycle de développement intellectuel et du processus d'apprentissage social chez le consommateur et constitue un élément déterminant de la désorganisation de la société et de la déchéance de la cellule familiale», a indiqué avant-hier jeudi le Dr A Messaoudi, de l'Etablissement hospitalier spécialisé (EHS) de psychiatrie de Oued Aïssi (Tizi Ouzou). Intervenant lors d'une rencontre nationale organisée par l'Amicale algérienne de lutte contre les fléaux sociaux (AALFS) à Tizi Ouzou, consacrée au rôle de la société civile dans la lutte contre la toxicomanie, le psychiatre a mis en avant les conséquences de ce fléau sur le jeune consommateur dont celles (retombées, ndlr) ayant trait à sa scolarité, son insertion socioprofessionnelle et, de manière générale, sur l'avenir socioéconomique du pays. «72 % des consommateurs de drogue en Algérie sont des jeunes», a-t-il dit. S'appuyant sur les résultats d'une étude menée par l'Office national de lutte contre la toxicomanie (ONLCT) en 2008, dans le secteur de l'Education nationale, le conférencier a révélé qu'au cours de cette période quelque 45 % des lycéens sur le territoire national, ont touché à la drogue dont 8 % sont des filles et que 32,5 % ont déclaré avoir consommé la drogue de manière occasionnelle contrairement aux autres lycéens, 12,5 % qui, eux se sont dits habitués, des dépendants, selon l'intervenant. «En dix ans, 25 000 jeunes consommateurs de drogue ont fait appel ou se sont présentés aux différents centres de prise en charge pour une cure de désintoxication», selon le président de l'Association algérienne de lutte contre la toxicomanie, cité par le même intervenant dans sa communication comme pour souligner l'ampleur de ce fléau. «La substance la plus utilisée chez les jeunes est le cannabis avec un taux de 71%, la colle, les psychotropes et les solvants avec respectivement 10, 06 et 05 %», selon le Dr A Messaoudi de l'EHS de psychiatrie Fernane Hanafi de Oued Aïssi (Tizi Ouzou). Les méthodes utilisées pour la consommation des drogues sont la prise nasale (sniffer), la fumée, l'intraveineuse et la voie orale (psychotropes), a-t-il dit indiquant qu'il y a deux types de consommateurs, ceux dits occasionnels qui s'intègrent généralement dans le cadre des conduites d'affirmation de soi, de besoin d'identification, la recherche du plaisir, et les réguliers, les usagers chroniques. L'adolescence est une période particulière d'exploration et d'expérimentation de soi-même et du monde extérieur, c'est aussi une période de recherche de sa propre identité, a-t-il poursuivi, estimant que «l'âge moyen des consommateurs de drogue a baissé en Algérie» ces dernières années et que «la poly toxicomanie est devenue courante avec l'usage de substances dites drogues lourdes». En Algérie, dans le cadre de la lutte contre la commercialisation de ces types de produits (drogues, ndlr), les services de sécurité, tous corps confondus, ont intercepté plus de 60 tonnes de drogues l'année dernière contre 34 en 2008 et 04 en 2007, d'où le risque de voir l'Algérie franchir un pas de plus pour passer d'un pays de transit à celui de consommateur voire même de producteur de drogue. Et de rappeler, enfin, le rôle des autorités judiciaires et des services de sécurité dont notamment la sensibilisation aux dangers de la toxicomanie en orientant les mineurs usagers vers une prise en charge pluridisciplinaire, la priorité à l'éducation qu'aux sanctions pénales afin de permettre une meilleure réinsertion aux adolescents ainsi que la nécessité de prendre des mesures coercitives contre les vendeurs. Tout comme il a attiré l'attention du mouvement associatif sur la nécessité de multiplier les campagnes de sensibilisation sur les dangers de la toxicomanie. «L'Etat doit offrir des exécutoires aux jeunes pour évacuer leurs problèmes et ne pas se réfugier dans la drogue pour tenter d'oublier les difficultés du quotidien», a-t-il dit. D'où, a-t-il poursuivi, l'importance de la formation, de l'emploi ainsi que la création de moyens de loisirs et de détente pour l'affirmation de soi.