Dans des termes inhabituellement directs, le rapport laisse entendre pour la première fois que l'Iran cherche activement à acquérir la capacité de fabriquer des armes nucléaires alors que dans les précédents rapports, l'AIEA ne pointait que des activités passées. L'agence confirme, en outre, qu'une petite quantité d'uranium iranien a été enrichi pour la première fois à 20% et souligne que Téhéran, tenu d'en informer l'agence au préalable, ne l'a pas fait. La Maison-Blanche a réagi en disant que le rapport montre que l'Iran n'honore pas ses obligations internationales et qu'il doit en assumer les conséquences. L'AIEA semble vouloir rendre publics des soupçons découlant d'éléments confidentiels qui avaient partiellement filtré l'an dernier, selon lesquels l'Iran se serait déjà doté d'une compétence en matière d'explosifs nécessaire à la fabrication d'armes atomiques. Les deux éléments révélés par l'AIEA accentueront la pression sur l'Iran, invité à prouver qu'il ne cherche pas à enrichir l'uranium à des fins militaires en accordant aux inspecteurs de l'AIEA un accès sans entrave à ses installations. Téhéran s'y refuse pour protester contre les sanctions imposées par les Nations unies. Les Etats-Unis font déjà pression sur le Conseil de sécurité de l'ONU pour qu'il impose un quatrième train de sanctions à l'Iran et ils ont reçu des déclarations de soutien de la Russie qui s'était montrée jusqu'ici réticente à un alourdissement des sanctions. Téhéran assure que son programme nucléaire a pour seul but de produire de l'électricité et des radio-isotopes pour l'agriculture et la médecine. Il a tiré du rapport des conclusions diamétralement opposées à celles de l'AIEA. «Le nouveau rapport de l'AIEA confirme les activités nucléaires pacifiques de l'Iran et l'absence de dérive du pays vers des objectifs militaires», a déclaré à l'agence iranienne Irna Ali Ashgar Soltanieh, représentant de Téhéran auprès de l'AIEA. «Activités secrètes» P .J. Crowley, porte-parole du département d'Etat, a affirmé que les Etats-Unis ne comprenaient pas pourquoi l'Iran avait refusé de «venir à la table» de négociation et d'ouvrir des discussions constructives sur son programme nucléaire. «Il faut en tirer des conclusions», a-t-il dit. L'AIEA enquête depuis plusieurs années sur des informations des services de renseignement occidentaux selon lesquelles l'Iran coordonnerait ses efforts pour traiter l'uranium, procéder à des essais d'explosifs en altitude et transformer une tête de missile balistique pour pouvoir y adapter une ogive nucléaire. En 2007, les Etats-Unis ont publié une évaluation disant que l'Iran avait arrêté ce type de recherches en 2003 et ne les avait probablement pas reprises. Mais des alliés occidentaux croient que l'Iran a poursuivi le programme et, pour la première fois, un rapport de l'AIEA va dans ce sens. «Les informations auxquelles l'agence a pu accéder sont considérables (...) largement cohérentes et crédibles en ce qui concerne les détails techniques, les délais dans lesquels les activités ont été menées et les personnes et organisations impliquées», dit le rapport. «Cela soulève des inquiétudes sur l'existence possible en Iran d'activités secrètes passées ou en cours liées au développement d'une charge nucléaire pour un missile», dit le rapport. Le nouveau directeur général de l'AIEA, Yukiya Amano, qui a succédé le 1er décembre à Mohamed El-Baradei, est considéré comme plus enclin à affronter l'Iran que son prédécesseur. «Nous voyons maintenant (sur la base des renseignements disponibles) que certaines activités se sont poursuivies après 2004», a déclaré un haut responsable proche de l'AIEA. L'Iran a déclaré que les conclusions d'enquête citées par l'AIEA étaient des faux, mais il n'a pas avancé ses propres arguments. Il boycotte depuis 18 mois les contacts à ce sujet avec l'AIEA. Le rapport, qui sera soumis au conseil des gouverneurs de l'AIEA lors de sa réunion, du 1er au 5 mars, dit qu'il est vital pour l'Iran de coopérer «sans nouveau délai» avec les enquêteurs de l'AIEA.