Que l'Iran puisse fabriquer l'arme atomique semble angoisser au plus haut point l'agence de sûreté nucléaire de l'ONU. L'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) s'est dite inquiète des informations sur les activités nucléaires de l'Iran, selon lesquelles Téhéran pourrait être en train de fabriquer l'arme atomique, selon un rapport confidentiel. «L'information dont dispose l'agence (...) soulève des inquiétudes sur l'existence potentielle d'activités secrètes passées ou présentes de l'Iran liées au développement d'une charge nucléaire pour un missile», a indiqué le directeur général de l'agence onusienne Yukiya Amano dans son premier rapport adressé au Conseil des gouverneurs de l'Aiea. L'agence a ainsi fait pour la première fois état de ses inquiétudes concernant des activités en cours de l'Iran alors que dans les précédents rapports il n'était question que d'activités passées. Par ailleurs, le rapport a confirmé que Téhéran a bien commencé à enrichir son uranium à un niveau élevé, soit 19,8% dans son usine de Natanz entre le 9 et le 11 février. Jusqu'ici Téhéran n'avait enrichi son uranium qu'à 3,5%, niveau suffisant pour servir de combustible à une centrale nucléaire. En revanche de l'uranium enrichi à 20% pourrait rapprocher l'Iran de la capacité nécessaire pour fabriquer une bombe nucléaire pour laquelle il faut toutefois de l'uranium enrichi à plus de 90%, selon les experts. Le régime islamique avait affirmé à de nombreuses reprises que cet uranium enrichi à 20% devait servir à produire du combustible pour le réacteur de recherche de Téhéran où sont fabriqués des d'isotopes médicaux dont l'Iran a besoin de façon urgente. Toutefois ce processus d'enrichissement a commencé sans attendre l'arrivée des inspecteurs de l'agence onusienne à l'usine de Natanz, a encore noté le rapport. «Le 10 février, lorsque les inspecteurs de l'Aiea sont arrivés sur le site pilote d'enrichissement (Pfep Pilot Fuel Enrichment Plant) ils ont été informés que l'Iran avait déjà commencé à alimenter une cascade (de centrifugeuses) avec du UF6 (hexafluorure d'uranium) la veille au soir», selon le rapport. L'Iran a aussi, selon la même source, transféré une grande partie de ses stocks d'uranium faiblement enrichi, soit 1950 kilos sur un total de 2065 kilos, vers le site d'enrichissement à un niveau plus élevé, malgré les sanctions et injonctions du Conseil de sécurité de l'Onu. Les inspecteurs de l'Aiea ont également vérifié sur place qu'aucun des matériaux nucléaires déclarés par l'Iran n'ait été utilisé à d'autres fins que celles indiquées, a précisé le document de M.Amano. Cependant «l'Iran n'a pas fait preuve de la coopération nécessaire qui permettrait à l'agence de confirmer que tout le matériel nucléaire en Iran est utilisé pour des activités pacifiques», selon le rapport. Réagissant à ce rapport, le représentant iranien auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique a qualifié hier de «sans fondement» le rapport dans lequel l'Aiea estime que l'Iran pourrait être en train de fabriquer l'arme atomique, a rapporté l'agence Fars. Ali Asghar Soltanieh a déclaré que les informations contenues dans le rapport de l'Aiea étaient «sans fondement, montées de toute pièces». «J'ai déclaré à de nombreuses reprises que lorsqu'ils nous ont montré ces documents, aucun d'entre eux n'étaient confidentiel ou ne portait de sceau secret», a déclaré M.Soltanieh, en référence à des documents utilisés par l'Aiea pour étayer ses soupçons. «Il est donc prouvé que tous les documents ont été montés de toute pièces, sont sans fondement et n'ont aucune validité», a-t-il déclaré. «L'information dont dispose l'agence (...) soulève des inquiétudes sur l'existence potentielle d'activités secrètes passées ou présentes de l'Iran liées au développement d'une charge nucléaire pour un missile», a déclaré le directeur général de l'agence onusienne Yukiya Amano dans son premier rapport adressé au Conseil des gouverneurs de l'Aiea.