Au mois de septembre 2006, les travaux de l'autoroute Est- Ouest sont lancés. Quelques mois auparavant, le gouvernement algérien a choisi une société japonaise, Cojaal et un groupement chinois, Citic-Crcc, pour la réalisation d'un important tronçon de l'autoroute Est-Ouest d'une longueur total de 914 kilomètres. Cojaal était chargée de réaliser le lot Est d'une longueur de 399 km tandis que Citic-Crcc a arraché le lot centre d'une longueur de 169 km et le lot ouest d'une longueur de 359 km. Le coût total de ce linéaire a été estimé à 805 milliards de dinars, soit l'équivalent de 11 milliards de dollars ou 7,45 milliards d'euros (pour un taux de change de 107 dinars pour un euro). D'entrée, le gouvernement algérien fera un choix «stratégique» en optant pour des entreprises asiatiques et non européennes ou américaines. Second fait, la réalisation de cette autoroute d'une longueur dépassant les 1200 km ne sera pas le fait des seules entreprises asiatiques. Un ancien programme d'une longueur avoisinant les deux cents kilomètres était déjà à la charge d'un groupement d'entreprises algéro- italien. En réalité, cette autoroute d'une longueur totale de 1216 kilomètres coûtera bien plus que 11 milliards de dollars. Mais avec l'approche de la fin des délais accordés aux entreprises étrangères pour livrer ce projet, certains parlent déjà d'une réévaluation des coûts de réalisation. Une réévaluation, selon certaines sources qui reste à confirmer, demandée par le groupement chinois Citic-Crcc. Et pas moins de deux milliards de dollars seraient exigés par ce groupement pour achever les travaux. Rien que ça, disent les analystes. Cette réévaluation, au cas où elle viendrait à se préciser serait-elle justifiée ? Les experts répondent par la négative. Le coût de réalisation d'un kilomètre d'autoroute en Algérie est déjà très élevé. Les sociétés japonaises et chinoises ont ainsi bénéficié d'un coût moyen de réalisation d'un kilomètre d'autoroute à 8,15 millions d'euros, au moment où le coût de réalisation d'un kilomètre d'autoroute au Maroc et en Tunisie serait au moins deux fois inférieur à celui de l'Algérie. Le tronçon d'autoroute le plus cher au Maroc, parce que traversant un terrain très accidenté, a été celui qui dessert le port de Tanger sur une longueur de 52 kilomètres. Le coût de réalisation au kilomètre de ce tronçon au Maroc a été en moyenne de 7,1 millions d'euros. En Europe, la réalisation d'un kilomètre d'autoroute n'est que de 6 millions d'euros. Ce coût pourrait être multiplié par deux en zones montagneuses. Contrairement à l'Europe, les entreprises asiatiques chargées de la réalisation de l'autoroute Est-Ouest en Algérie bénéficient d'une main d'œuvre bon marché et de prix bas des carburants, de l'énergie électrique et des matériaux de construction. Coojal et le groupement chinois Citic-Crcc ont ainsi fait appel à des milliers de travailleurs chinois, égyptiens, philippins, indonésiens, malaisiens, etc. pour réaliser dans les délais les 914 kilomètres de l'autoroute Est- Ouest. Plusieurs sociétés étrangères et algériennes ont été sollicitées par les entreprises chinoise et japonaise pour sous-traiter la réalisation de ce gigantesque projet. Selon les négociateurs du contrat, l'Algérie aurait accepté de payer un prix fort pour réaliser cette autoroute dans un délai très court. Les entreprises japonaise et chinoise se sont engagées à livrer cette infrastructure au mois de janvier 2010. Soit quarante mois après le début des travaux au mois de septembre 2006. Mais à première vue les engagements contractuels n'ont pas été tenus malgré le fait que le gouvernement algérien ait décidé de payer un prix qui dépasse l'acceptable de ce qui est connu de par le monde dans le financement de ce genre de projets. Ainsi, les Japonais ne pourront livrer la partie Est de l'autoroute qu'à la fin 2010, peut-être même durant le premier semestre 2011, tandis que le groupement chinois n'achèvera le tronçon ouest, dans le meilleur des cas, qu'à la fin du premier semestre de l'année en cours, peut-être même d'ici la fin de l'année 2010. Mais en attendant la réception de ce qui a été qualifié par certains de «projet du siècle » nous pouvons aisément dire que l'Algérie a battu le record du prix le plus élevé au monde pour un kilomètre d'autoroute.