Sylla était issu d'une de ces familles patriciennes qui composent les premières maisons de Rome. On dit que Rufinus, un de ses ancêtres, parvint au consulat, mais qu'il fut moins connu par cette élévation que par la flétrissure qu'il reçut. On trouva chez lui plus de dix livres de vaisselle d'argent et cette contravention à la loi le fit chasser du sénat. Ses descendants vécurent depuis dans l'obscurité, et Sylla lui-même fut élevé dans un état de fortune très médiocre. La jeunesse de Sylla Sylla était né en 138 av. J.-C., et il mourut dans la ville de Cumes en 78 av. J.-C. De famille patricienne, en 101 av. J.-C., en mourant des proches parents lui laissèrent un million de sesterces nécessaire pour entrer au Sénat. L'année suivante, il épousa une patricienne romaine, Julilla, avec qui il aura deux enfants : Cornelia Sylla et Lucius Cornelius Sylla le Jeune. Une carrière bien remplie La carrière de Sylla devait commencer en -105 en Afrique du Nord. En qualité de légat, il mène alors les négociations secrètes qui conduiront son général, Marius, à la victoire sur Jugurtha de Numidie. En particulier, il persuade le roi Bocchus de Maurétanie de trahir Jugurtha qui s'était refugié en Maurétanie pour se mettre à l'abri. C'était une opération délicate, le roi Bocchus pesant les avantages de livrer Jugurtha à Sylla ou Sylla à Jugurtha. Par la suite, Sylla va affirmer sa position en remportant plusieurs succès lors de la guerre des Cimbres, fit prisonnier Copillus (général des Gaulois Tectosages), attira les Marses (nation italique nombreuse et guerrière) dans l'alliance des Romains et pendant la guerre sociale (de -91 à -89). Devenu une figure importante de la politique romaine, il devient le rival de Marius qui soutient le mouvement des populares, Sylla rejoignant le camp de l'aristocratie sénatoriale et conservatrice des optimates. Il affronte Marius et l'oblige à l'exil suite à la Première guerre civile de la République romaine. Consul en -88 avec Quintus Pompeius Rufus, Sylla mène une campagne victorieuse contre Mithridate VI, roi du pays du Pont, pour le contrôle des cités grecques d'Asie Mineure, province romaine depuis -129 (campagne marquée par de nombreuses déprédations). Mais cet aspect est souvent une caractéristique de Rome. Rivalité avec Marius Un conflit a eu lieu entre lui et Marius pour déterminer lequel mènerait la première guerre contre Mithridate, Sylla allant jusqu'à marcher sur Rome avec ses troupes pour empêcher la désignation de Marius soutenu par la plèbe, mais pas par le Sénat. Après avoir vaincu les armées ennemies en Grèce, il tombe gravement malade et doit y rester une année pour se faire soigner. Il y perd toutes ses dents, ses cheveux (il doit se faire faire une perruque), et sa peau s'affaisse profondément. Son visage se couvre de croûtes qui ne font que le démanger, et le seul moyen pour lui de ne pas se gratter est de se saouler (jusqu'à la découverte d'un baume pour son visage pendant qu'il luttera en Péninsule italienne). De retour en Italie après la paix de Dardanos en -85 et la réorganisation de la province d'Asie, Sylla doit affronter les partisans de Marius qui ont pris le pouvoir pendant son absence. Prise du pouvoir à Rome Après la deuxième guerre civile en 81 av. J.-C., qui s'achève par la victoire des Syllaniens, Sylla fut nommé dictateur perpétuel. Il prit alors le surnom de Felix (fortuné), et effectua une purge politique par de nombreuses proscriptions. Il restaura le pouvoir du Sénat romain (79 av. J.-C.), dans l'espoir de sauver la République «aristocratique» et limita le pouvoir des tribuns de la plèbe, vecteurs de l'opposition populiste. Beaucoup de personnes sont obligées de se cacher ou de fuir dont Jules César. En 81 av. J.C., il fonde la colonie romaine d'Aléria, en Corse. Durant cette même année, son neveu, Sextus Nonius Sufenas, institua les «ludi Victoriæ Sullanæ» afin de commémorer la victoire de son oncle à la porte Colline. En 80 av. J.-C., il transforme Pompéi en colonie romaine, du nom de Colonia Veneria Cornelia Pompeii : les colons romains remplacent alors les habitants chassés de leurs demeures. La mort de Sylla A l'issue de ces réformes, Sylla se retire, en -79, de la vie politique, avant de mourir deux ans plus tard. L'historien Plutarque s'étend sur les horreurs d'une maladie pédiculaire dont Sylla aurait souffert dans ses derniers jours et y voit la cause indirecte de sa mort. Les historiens modernes attachent plus d'importance à une circonstance des derniers instants de Sylla : un vomissement de sang concomitant à un accès de colère. Sylla avait à peine expiré, que plusieurs citoyens se liguèrent avec le consul Lépide pour empêcher qu'on ne lui fît les obsèques qui convenaient à un homme de son rang. Mais Pompée, utilisant son grand prestige, les obligea tous à renoncer à leur projet et fit rendre à Sylla tous les honneurs convenables. Les statues qui restent de lui permettent de juger de l'air de sa figure : ses yeux étaient ardents et rudes. La couleur de son visage rendait encore son regard plus terrible, elle était d'un rouge foncé, parsemé de taches blanches. On croit même que c'est de là qu'il a tiré finalement son nom. Un plaisant d'Athènes fit ce vers satirique sur son teint : «Sylla n'est qu'une mûre empreinte de farine.»