Au mois de février dernier, le photographe français Mathieu Geoffroy a exposé une série de photos artistiques de très haute facture, qui n'ont pas manqué de séduire les visiteurs et autres habitués du centre culturel français, où s'est tenue la manifestation. Une vingtaine d'instantanés ont été accrochés aux cimaises de la salle d'exposition, des prises de vue traduisant l'envoûtement et la nostalgie des villes méditerranéennes. De Marseille à Alger, de Gènes à Valence, en passant par Tripoli ou Beyrouth, le photographe a immortalisé des scènes de vie pour montrer combien ces villes divergent par leur caractère architectural mais combien, elles respirent la Méditerranée. Toutes ces cités affichent un énigmatique amalgame entre la rudesse et la froideur du béton et le velouté végétal, faisant ainsi naître une atmosphère époustouflante. D'où le titre de cette exposition «Dos à la mer», un positionnement qui permet à l'artiste photographe de regarder vers l'intérieur des terres pour dévoiler ces apparences postiches peaufinées par la grande bleue. A travers son objectif, il décortique dans le moindre détail les paysages : tassement de pierres, avalanche d'une gigantesque montagne, ou stigmates d'un effondrement d'immeubles suite à un séisme dévastateur et on oublie encore. Des photos qui nous donnent cette impression de lassitude, de mélancolie voire même de monotonie mais qui, en même temps, secouent les consciences concernant cette urbanisation archaïque, polluant la vue et ne tenant nullement compte du bien-être des habitants. En fixant sur papier glacé, ces inévitables blocs en béton, tantôt en forme cubique, tantôt ovale, ces piliers qui poussent comme des champignons ou encore ces chantiers inépuisables et interminables, Mathieu Geoffroy laisse dans l'esprit du visiteur un sentiment de révolte et une envie de mutation pour lutter contre ces piètres conceptions et laisser place à une création révolutionnaire. De ce fait, un élan. Une lueur lumineuse jaillit du ciel, escamote un peu cette tristesse et laisse transparaître une douceur et une harmonie entre les couleurs terres et le blanc des bâtisses ainsi que le reflet, savamment marié au bleu de la mer. Tout ceci ouvre une dimension à la joie, à la vie, à la fertilité végétale. Un rayon d'espoir, en somme.