Après les Instituts français de Tripoli (Libye, mai 2009) et de Valence (Espagne, automne 2009), c'est au tour du Centre culturel français d'Alger d'accueillir l'exposition “Dos à la mer”, du photographe français Geoffroy Mathieu, du 4 au 28 février. “Dos à la mer”, une exposition qui sort de l'ordinaire, du moule, du conventionnel. Sa spécificité réside dans le fait qu'hormis trois photos géantes sur trois panneaux de la salle d'exposition du CCF, le reste de l'exposition est projeté en diaporama sur un mur. Au total, ce sont 120 photos qui passent en boucle durant une quinzaine de minutes. Ce diaporama est accompagné d'un fond sonore. Un enregistrement des bruits de la ville remixé : voiture, muezzin... Une manière de restituer fidèlement ces bruits qui font la ville, de permettre au visiteur de s'imprégner de cette atmosphère urbaine. Ce sont six villes, Gênes, Valence, Marseille, Alger, Tripoli et Beyrouth. Pourquoi ces villes précisément ? “Pour une égalité Nord-Sud”, dit le jeune photographe. Toutefois, pour Alger et Beyrouth, c'est une tout autre histoire. “Alger et Beyrouth sont des fantasmes !” confie Geoffroy Mathieu. Fantasmes, dans le sens où ces deux capitales attiraient le photographe par leur histoire, leur beauté, surtout par leur ensemble et agencement urbanistique. “Dos à la mer”, c'est “retranscrire mes promenades urbaines”, dit-il. Le public est pris dans un flot d'images et de sons aussi. On a cette impression d'être le photographe, ou tout simplement un touriste qui traverse une ville. Plus loin encore, on est le voyeur qui essaye de capter un détail, de percer un des mille et un secrets de la ville. Ce qui donne cette impression, ce sont justement les différents plans : des larges, des serrés, des détails… Cet ensemble contraste terriblement avec la violence quotidienne de la ville moderne. Il vient adoucir cette agression urbaine qui nous colle à la peau au point de devenir une seconde peau pour ces habitants. En regardant les photos défiler, on a cette nette impression de se trouver dans un ou des lieux communs, connus, déjà vus. Une sorte de vécu jaillit. Toutes les photos sont imprégnées d'histoire et de vie. Un mixage du passé et du moderne. Dans certains cas, c'est réussi, alors que dans l'autre, ça écorche, ça égratigne. Un sentiment un peu spécial nous prend en regardant ce diaporama d'images : mélancolie, bonheur et attirance. “Dans les villes méditerranéennes, à Beyrouth, à Marseille, à Alger, à Valence ou à Tripoli, des poches de douceur résistent face à la standardisation des architectures, à la privatisation des lieux et aux réhabilitations brutales. À l'évidence, ces cinq villes méditerranéennes se caractérisent, moins par leur condition commune de cités du littoral, que par leur identité contemporaine.” Et pour mieux s'imprégner, “saisir cette essence”, Geoffroy Mathieu donne ou plutôt a un autre regard, celui de l'intérieur. “Le regard vers là où se dirigent les hommes et les marchandises qui y débarquent et de photographier "tout sauf la mer"”. “Dos à la mer”, exposition du photographe Geoffroy Mathieu, tous les jours jusqu'au 28 février, au Centre culturel français d'Alger.